BLACK SWAN - Aronofsky ou le cinéma de genre

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DPoldonski
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BLACK SWAN - Aronofsky ou le cinéma de genre

Message par DPoldonski » jeu. févr. 10, 2011 7:04 am

Vu hier soir.
Ce nouveau film de Darren Aronofsky (The Foutain, Requiem for a dream...) navigue dans un ambiance fantastique au travers de la schizophrénie latente de son héroïne.

Comme il l'avait fait pour la SF dans The Foutain, le réalisateur utilise certains des codes du genre mais pour les inscrire dans un oeuvre qui se veut avant tout dramatique et en aucune façon "prisonnière" ou "dédiée" à un genre. Un peu comme Hitchcock avec Sueurs froides et Les oiseaux.

J'ai complètement adhéré à la première moitié du film, vécu de façon très "vicérale" (caméra proche de l'héroïne et de son corps de danseuse).
La seconde (où j'étais sans doute trop concentré à vouloir dénouer un scénario finalement pas trop tortueux) m'a un tout petit peu moins emporté.
Et, me semble-t-il, deux fausses notes finales :
- sortir de la vision du personnage avant la toute fin (alors qu'on l'accompagnait jusque là depuis le début du film)
- une "fausse modestie" en incluant directement les acclamations du public du ballet au générique de fin du film (alors qu'il aurait simplement fallu attendre un léger temps avant d'envoyer le générique final)

Sinon un film fort, dans la lignée de The Wrestler (avec Mickey Rourke) avec une volonté peut-être plus ambitieuse d'inscrire une oeuvre dramatique. En tout cas magistralement interprétée.

Darren Aronofsky est, avec Alejandro Aménabar (Ouvre les yeux, Les autres) et Richard Kelly (Donnie Darko, The box), l'un des 3 "jeune" maestro du cinéma mondial d'aujourd'hui qui pourraient nous offrir des chefs d'oeuvre de SF ou de Fantastique.

Attendons un peu...

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Lisore
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Message par Lisore » jeu. févr. 10, 2011 8:11 am

J'ai entendu hier une critique assez violente du film, par Yannick Dahan, qui accusait Aronosfsky d'avoir pompé de manière éhontée le Perfect Blue de Satoshi Kon. Est-ce que c'est justifié ?

Tu as oublié un "n" à Fountain...
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Lensman
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Message par Lensman » jeu. févr. 10, 2011 8:52 am

J'en ai lu une autre, quelque part, par un danseur professionnel, qui râlait en disant que les films avec des danseurs devraient être joués par des danseurs de haut niveau (il donnait une quelques titres de films). Prise de position pour le moins contestable sur le principe même (heureusement que tous les tueurs fous du cinéma ne sont pas joués par des tueurs fous!), Mais enfin, je vois ce qu'il veut dire.
Oncle Joe

DPoldonski
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Message par DPoldonski » jeu. févr. 10, 2011 9:41 am

Lisore a écrit :J'ai entendu hier une critique assez violente du film, par Yannick Dahan, qui accusait Aronosfsky d'avoir pompé de manière éhontée le Perfect Blue de Satoshi Kon. Est-ce que c'est justifié ?
Effectivement il y a un peu de ça dans l'histoire (j'ai vu Perfect Blue il y au moins 10 ans).
Mais éhonté ? Je ne le crois pas (mais je n'ai pas comparé, il faudrait que je revois Perfect Blue...). Sans doute que l'histoire développée par Aronofsky se prête à ce parallélisme.
Mais il faut reconnaître que dans "Requiem for a dream", il y avait déjà des cadrages repris de Perfect Blue. J'ai lu quelque chose là dessus à l'époque. Notamment une scène du bain.
Aronofsky ne se cache pas de sa fascination pour le réalisateur et le film. Donc plus hommage qu'autre chose.
Pourquoi ne pas utiliser un cadrage qui fonctionne, même si un autre l'a déjà fait ?... Tout n'est que bonne "redite" adapté au sujet traité.

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Vladkergan
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Message par Vladkergan » jeu. févr. 10, 2011 12:54 pm

Vu que j'ai revu Perfect Blue il y a quelques semaines, et que je dois aller voir Black Swan sous peu, j'essaierais de faire attention à ça.

justi
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Message par justi » jeu. févr. 10, 2011 1:46 pm

Lisore a écrit :J'ai entendu hier une critique assez violente du film, par Yannick Dahan, qui accusait Aronosfsky d'avoir pompé de manière éhontée le Perfect Blue de Satoshi Kon. Est-ce que c'est justifié ?

Pompé de manière éhontée, c'est peut-être un peu exagéré, mais il y a des similitudes disons.. troublantes.

Celles-ci me paraîssent d'ailleurs plus flagrantes (principalement d'un point de vue stylistique) vis-à-vis du film live que de l'anime.

Maintenant, l'avis contraire me semble tout-à-fait valable aussi. Comme ce n'est pas le mien, voici une mini-critique tirée du site asiafilm.fr :

"De nombreux critiques considèrent le Black Swan d’Aronofsky comme un remake live du Perfect Blue de Satoshi Kon. Les deux films explorent la dualité de la psyché humaine, pour un résultat très différent.

Perfect Blue, c’est l’histoire d’une jeune femme qui s’échappe de sa réalité quotidienne, essayant de trouver un confort dans un imaginaire (produit d’une société japonaise consumériste). Un film sur des gens qui ne savent plus où exister, incapables de différencier réalité et fantaisie. Des êtres profondément perdus, au bord d’une schizophrénie (une sympathique analyse du film au passage).

De l’autre côté, Black Swan est l’histoire d’une jeune femme qui doit trouver le juste équilibre entre ses Anges & Démons intérieurs, afin de s’accomplir Parfaite. En gardant à l’esprit qu’Aronofsky est plutôt intéressé par certaines Traditions Anciennes (The Fountain baigne dans l’enseignement kabbalistique), qui sont censées permettre aux gens de trouver la Lumière/connaître de ce qu’ils sont – c’est l’essence de la fameuse quête du héros. Un sujet au coeur même de Black Swan. D’ailleurs le plan final est particulièrement éclairant : un fondu blanc lumineux."


Je ne suis pas entièrement convaincu, le film d'Aronofsky m'ayant nettement moins touché. La critique ci-dessus me semble minimiser fortement la folie qui se trouve au coeur de Perfect blue et l'exploration minutieuse, presque clinique, de la schizophrénie de ses principaux personnages,et retenir principalement une étude sociale (ce que Perfect Blue est aussi mais pas que...) tandis que Aronofsky me semble livrer une expérience plus new-age (au sens dépréciatif du terme), ce que le critique d'asiafilm.fr semble considérer de manière vachement plus positive que moi.

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Lisore
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Message par Lisore » jeu. févr. 10, 2011 2:52 pm

Merci pour vos avis.
ça me donne envie d'aller vérifier par moi-même, en fait ^^
DPoldonski a écrit :Mais il faut reconnaître que dans "Requiem for a dream", il y avait déjà des cadrages repris de Perfect Blue. J'ai lu quelque chose là dessus à l'époque. Notamment une scène du bain.
En fait, il avait carrément acheté à Kon le droit de reproduire cette scène.
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Omnibus
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Message par Omnibus » ven. févr. 11, 2011 4:35 am

Ce qui m'a le plus déçu avec ce film, c'est le manque de subtilité. Je n'y ai vu aucun non-dit, aucune ambiguïté (à une exception près peut-être).

On comprend à peu près tout le temps ce qui se passe et pourquoi. C'est un peu dommage.

(Dans un autre registre, la caméra à l'épaule me rend malade)

DPoldonski
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Message par DPoldonski » ven. févr. 11, 2011 7:22 am

Omnibus a écrit :Ce qui m'a le plus déçu avec ce film, c'est le manque de subtilité. Je n'y ai vu aucun non-dit, aucune ambiguïté (à une exception près peut-être).
Effectivement l'ambiguïté est le "mal" du cinéma actuel. Tellement utilisée que certaines spectateurs en redemandent, surtout pour les films de genre.
En fait, tout dépend du sujet traité.

Prenez Shutter Island. Je dis : "tout ça pour ça ?". Ce film est plein d'ambiguités... Mais pour quoi au final ?... Du vide, de la vanité... Déjà vu pleine de fois !
Sans doute le roman a-t-il plus d'intérêt ?

Black Swan est de loin moins bien ambigu que Répulsion (Polanski) qui jouait sur le montée en puissance de la folie.
Ici, le "double" apparaît assez rapidement (métro, couloir du métro...). Il n'y pas seulement un certaine montée en puissance, mais une convergence vers le final, où je regrette que nous "sortions" un poil trop tôt du point de vue du personnage (on voit le sang quand elle est en haut de la pyramide...) car j'aurai voulu plonger avec elle vers cette délivrance/atteinte. Le point de vue extérieur aurait pu se faire seulement en toute dernière image pour la montrer effectivement blessée, mourante aux yeux des autres.

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Message par DPoldonski » ven. févr. 11, 2011 7:25 am

Lensman a écrit :J'en ai lu une autre, quelque part, par un danseur professionnel, qui râlait en disant que les films avec des danseurs devraient être joués par des danseurs de haut niveau
J'ai lu pour ma part qu'Aronofsky avait eu du mal à approcher des directeurs de ballets car ceux-ci plaçaient leur art au dessus de tout et dénigraient en particulier le cinéma.
Deux mondes, deux univers...

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Message par DPoldonski » ven. févr. 11, 2011 7:52 am

Lensman a écrit :J'en ai lu une autre, quelque part, par un danseur professionnel, qui râlait en disant que les films avec des danseurs devraient être joués par des danseurs de haut niveau
Voir en particulier le début de cette interview :
http://www.excessif.com/cinema/actu-cin ... 9-760.html

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Lhisbei
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Message par Lhisbei » ven. févr. 11, 2011 8:22 am

je ne connais pas bien le réalisateur et ses films mais je trouve cette interview très bien faite : les questions ne sont pas "service de soupe" et les réponses sont franches. j'aime beaucoup la façon dont Aronofsky parle de son film, de sa construction et le regard qu'il poste sur sa façon de travailler.
Malheureusement, les progrès de la science sont souvent comme une hache dans les mains d’un criminel pathologique - Albert Einstein

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Message par Julien d'Hem » ven. févr. 11, 2011 10:51 am

DPoldonski a écrit : Prenez Shutter Island. Je dis : "tout ça pour ça ?". Ce film est plein d'ambiguités... Mais pour quoi au final ?... Du vide, de la vanité... Déjà vu pleine de fois !
Sans doute le roman a-t-il plus d'intérêt ?
Qu'entends-tu par ambiguité dans Shutter Island ? Ce film a été tourné pour être vu deux fois. La première avec un oeil vierge, côté Di Caprio, et la seconde avec un oeil complice de la mise en scène.
"C'est comme une des œuvres de petits et exquis de l'art comme je pense que vous aimerez à croire que je suis droit dans votre propre de voir pour savoir."
Yoyoangel, bot.

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Message par Hoêl » ven. févr. 11, 2011 11:14 am

Tout ceci est très intéressant mais ne répond pas à une question qui me taraude - j'ai bien saisi l'intervention de Tonton et un acteur n'a pas à "être" ce qu'il joue - mais sur le plan de la danse , y croit-on ? parce que , passionné de ballet que je suis , c'est avant tout pour ça que j'irai voir le film .
"Tout est relatif donc rien n'est relatif !"

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Message par Lensman » ven. févr. 11, 2011 11:18 am

Hoêl a écrit :Tout ceci est très intéressant mais ne répond pas à une question qui me taraude - j'ai bien saisi l'intervention de Tonton et un acteur n'a pas à "être" ce qu'il joue - mais sur le plan de la danse , y croit-on ? parce que , passionné de ballet que je suis , c'est avant tout pour ça que j'irai voir le film .
C'est un aspect de la question... il y a "télescopage" entre plusieurs exigences artistiques selon les spectateurs. Pas facile de satisfaire tout le monde...
Oncle Joe

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