Le labyrinthe de Pan

[Mélanie]

Je rentre à l'instant de l'avant-première du "Labyrinthe de Pan" de Guillermo Del Toro, que j'attendais avec impatience. J'avais beaucoup aimé "L'échine du diable" du même réalisateur, et ce film-là lui ressemble par pas mal d'aspects, notamment l'ambiance et le contexte historique, même si l'élément fantastique y est un peu plus présent. Certains éléments m'ont même fait penser à "Cronos", dont je garde pourtant un souvenir plus que flou, et que j'ai du coup très envie de revoir. Enfin je m'égare. Certains éléments m'ont paru un peu appuyés (je pense surtout au personnage du général Vidal), et la partie fantastique me laisse un peu perplexe. Mais visuellement et émotionnellement, c'est très fort. Je crois que c'est encore plus noir et plus triste que "L'échine du diable", qui était pourtant déjà gratiné.
Donc, un très beau film que je recommande chaudement.

[hermann]

Juste quelques mots pour dire que je viens de sortir du Labyrinthe et que c'est tout simplement exceptionnel! Poignant, vrai et désespérément beau, les superlatifs manquent pour désigner un film qui, à lui seul, prouve que l'on peut faire une belle oeuvre fantastique en Europe (oui, oui, j'entends déjà les hommes et femmes de peu de foi rappliquer en disant que Del Toro est un réalisateur hollywoodien... hum... et alors?). J'ai eu un peu peur que ça vire à la bluette pendant les vingt premières minutes, mais j'ai vite compris que j'avais affaire à une oeuvre de qualité: le mix réalité/onirisme est vraiment réussi, le scénario béton (pour les adeptes du milking, la scène entre Vidal et le bègue...mmmh), et les interprètes très chouettes... Sergi Lopez dans le rôle de Vidal, woouuuah! Il m'a mis une claque. En bref, j'ai passé toute la dernière heure à me tenir l'estomac, tellement les évènements varient et ne se ressemblent pas, et j'ai essuyé plus d'un début de larmichette. (j'étais avec ma copine donc j'ai joué au dur).
Allez le voir... C'est chouette.

[hermann]

Juste pour rajouter que décidément, en France, on repassera pour les taductions de titre puisqu'il n'est question de Pan à aucun moment, simplement d'un faune (d'où le titre; Le Labyrinthe du Faune" en espagnol). Je suppose que les mecs de la prod ont du penser que les français n'étaient pas prêts pour le mot"faune", trop compliqué, trop connoté documentaire animalier...

[Mélanie]

Oui, ça m'a surprise aussi. Mais il n'y a pas qu'en France : le film s'appelle "Pan's Labyrinth" en anglais.
Au passage, ne vous laissez pas influencer par la promo qui laisse croire (un peu trop à mon goût) à un conte de fées : c'est un film dur et très violent par moments, vraiment pas un film pour enfants comme l'affiche pourrait le laisser croire.

En tout cas, ravie qu'il soit enfin sorti, ça m'a beaucoup frustrée de ne pas pouvoir en parler jusqu'ici.

[Eric]

Pas vu encore, évidemment, mais L'Echine du Diable est réellement un petit chef d'œuvre. Del Toro, fait partie de cette génération de cinéastes espagnol qui, avec Amenabar et Balaguero, font vraiment avancer le schmilblick.

C'est d'ailleurs assez raccord avec l'ensemble d'un certain imaginaire hispanique. Je vous renvoie au travail des frères Slavich sur cette série argentine diffusée sur Jimmy en janvier dernier : Epitafios.

A suivre avec énormément d'attention...

[hermann]

Oui, film très dur... très violent.... et c'est étonnant que ce ne soit interdit qu'aux moins de douze ans... la personne qui m'accompagnait en a vingt cinq et elle en a bavé... Mais faut être réaliste, un film fantastique interdit aux moins de seize ans, et c'est une grosse partie des recettes qui volent en fumée...

[Laurent Kloetzer]

Je ne vous suis pas tout à fait sur ce film (vu hier soir).
J'aime assez l'histoire et son fonctionnement, la situation est intéressante mais j'ai pas mal de reproche à faire, dont notamment :
1) c'est moche. J'ai trouvé les lumières, les images, etc vraiment pas terribles. Dommage quand même...
2) les personnages sont de gentilles caricatures (on me dira: c'est vu par les yeux d'une enfant, mais quand même), ils n'ont pour rôle que le rôle qu'ils tiennent dans l'histoire. La maman joue le rôle... de la maman. Et le docteur-qui-en-fait-pense-que... joue le rôle du docteur-qui-en-fait-pense-que... . Aucune personne réelle, là derrière. Et Vidal est tellement bête et tellement méchant que... bon. Je sauve juste la petite, pas trop maltraitée.
3) la scène de fin dans la lumière dorée est... euh... kitsch? Ou alors Méga-kitsch?

Et puis plein d'autres bricoles agaçantes (une certaine complaisance dans la violence, par exemple).

A côté de tout ça, il y a de bonnes choses. L'idée de l'histoire, certaines scènes magiques (les grandes mains, la craie qui ouvre des portes), certaines situations, la relation avec le petit frère, tout ça...

Mais bon, globalement, encore un film d'imaginaire pas si terrible...

[hermann]

Heu... oui, en même temps, c'est un peu le principe du conte de fées, les archétypes, tout ça... Moi, je trouve ça très bien joué, justement: détourner les codes du conte de fée (le Mentor joué par le Faune, l'Ombre par Vidal, etc...) pour parvenir à un film sur l'apreté de la Guerre et, par dessus tout, de la mortalité... En fait, avec des symboliques universelles, transcender le genre... et donner un message assez puissant à mon goût...
Enfin, pour la lumière, je ne te suis pas... Tous les films fantastiques n'ont pas besoin d'être éclairés par Kaminsky ou Konhji pour ressembler à des films fantastiques... le côté rugueux de l'image m'a ému... et puis pour le doré, n'oublions pas que c'est un conte de fées (dark certes) et qu'il faut bien consoler le spectateur d'avoir vu mourir l'héroïne! Un peu de douceur, quoi, merde...

[Cronope]

Désolé de déterrer quelque peu un topic, mais il est nécessaire de préciser que Guillermo Del Toro n'est ni un réalisateur hollywoodien ni espagnol... il est mexicain. Le cinéma mexicain est en train de donner quelques bons réalisateurs au monde : le Babel d'Inarritu s'annonce assez exceptionnel.