En voici un extrait :
Pour de plus amples détails et l'intégralité du dossier, c'est iciCertes, nous autres, esprits français, nous adorons les dates et abhorrons le doute. Nous avons inventé l'autofiction, et regardons avec méfiance quiconque usurpe la vérité. Laïcs, républicains, attachés aux Lumières qui firent notre grandeur, nous craignons la spéculation fictive ou intellectuelle.
L'uchronie, méconnue, malfamée, rame en ces eaux troubles et ne jouit toujours pas, en France, de la reconnaissance qu'elle mérite. Elle a pourtant des arguments : le droit d'aînesse, d'abord, puisque Charles Renouvier, philosophe de son état, l'invente en 1857 (bien avant l'autofiction, donc). Un siècle plus tard, le genre a fait florès : Philip K. Dick lui offre son chef d'œuvre, « Le Maître du Haut-Château », et Philip Roth l'imitera avec son « Complot contre l'Amérique ».
La France, ennemie de la controverse historique, s'est longtemps faite discrète sur le sujet. A l'heure où nous publions ce dossier, tout porte à croire que les choses bougent. L'exposition « Science & Fiction : Aventures croisées », à la Cité des sciences et de l'industrie jusqu'au 3 juillet 2011, célèbre quelques unes des plus belles pépites de l'uchronie.