Pas de commentaire donc mais une question : comment trouve-t-on les titres quand ceux-ci ne sont pas une traduction directe ?La suite (et fin) inédite des Légions immortelles de Scott Westerfeld, "Le secret de l'Empire" (no comment sur le titre)
L'art des titres
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L'art des titres
Petite translation pour éviter de polluer le thread sur M. J. Harrison.
- Eric
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Je me souviens que la question avait été posée à Bénédicte Lombardo sur un site concurrent et néanmoins ami, à propos du dernier Banks. Against A Dark Background est pratiquement intraduisible (du moins pour un titre), et avec La Plage de verre, c'est plutôt bonne pioche.
Mais c'est vrai que je me suis posé la question à propos de L'Ombre du Shrander. Le titre original est Light, et je veux bien comprendre que Lumière fasse un peu "léger" (sans mauvais jeux de mots. Mais pourtant le prochain Baxter, Time, va manifestement sortir sous le titre de Temps. Du coup je suis un peu perplexe.
En outre, pour en revenir à L'Ombre du Shrander, pourquoi ce titre, puisque, au final et sans déflorer l'histoire, le Shrander est non pas un, mais une Shrander ?
Moi aussi parfois je me demande ce qui motive et préside à ces décisions ? Et je me demande qui trouve les titres français ? Les éditeurs ou les traducteurs ?
Mais c'est vrai que je me suis posé la question à propos de L'Ombre du Shrander. Le titre original est Light, et je veux bien comprendre que Lumière fasse un peu "léger" (sans mauvais jeux de mots. Mais pourtant le prochain Baxter, Time, va manifestement sortir sous le titre de Temps. Du coup je suis un peu perplexe.
En outre, pour en revenir à L'Ombre du Shrander, pourquoi ce titre, puisque, au final et sans déflorer l'histoire, le Shrander est non pas un, mais une Shrander ?
Moi aussi parfois je me demande ce qui motive et préside à ces décisions ? Et je me demande qui trouve les titres français ? Les éditeurs ou les traducteurs ?
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Ça peut être l'un ou l'autre selon les cas, en tout cas ça se décide souvent en concertation. Il faudrait demander à JDB qui a nettement plus d'expérience, mais jusqu'ici, presque tous les bouquins que j'ai traduits sont sortis sous un titre que j'avais choisi moi-même au départ. Avec quelques exceptions, par exemple je ramais pour trouver une bonne traduction de "The Facts of Life" de Joyce, et quand quelqu'un de chez Bragelonne a proposé "Lignes de vie", j'ai trouvé que ça collait très bien au contenu du livre, même si ça s'éloigne du titre original. Idem pour "Petite cuisine du diable" de Poppy Z. Brite, on cogitait à plusieurs en essayant de garder la notion de "diable" contenue dans le titre original "The Devil You Know", et c'est l'éditeur qui a trouvé ce titre qui faisait aussi allusion à la thématique gastronomique du recueil.Eric a écrit :Moi aussi parfois je me demande ce qui motive et préside à ces décisions ? Et je me demande qui trouve les titres français ? Les éditeurs ou les traducteurs ?
Quant à "ce qui motive et préside à ces décisions", je ne sais pas trop. Il y a des cas où tu t'aperçois que tu ne peux tout simplement pas coller au titre original sous peine d'obtenir quelque chose qui sonne bizarrement. Dans ce genre de cas, j'essaie de ne pas trop m'en éloigner, de garder au moins le champ lexical, ou l'idée derrière le titre. Mais ce n'est pas toujours évident.
- Eric
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Les deux cas que tu cites, en l'occurence, fonctionnent parfaitement, et je comprends tout à fait le besoin d'adaptation.
C'est dans des cas plus limites où je m'interroge. Par exemple comment passe-t-on de Dying Inside à L'Oreille Interne ? Ou de Consider Phlebas à Une Forme de guerre ?
C'est dans des cas plus limites où je m'interroge. Par exemple comment passe-t-on de Dying Inside à L'Oreille Interne ? Ou de Consider Phlebas à Une Forme de guerre ?
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Je n'ai lu aucun des deux, mais j'imagine que ce sont des cas où on n'a pas réussi à rester proche, et où on donc choisi quelque chose qui renvoie au contenu du livre. Pour "Consider Phlebas", je crois me rappeler que c'est une citation, donc un truc quasi intraduisible par essence.Eric a écrit :C'est dans des cas plus limites où je m'interroge. Par exemple comment passe-t-on de Dying Inside à L'Oreille Interne ? Ou de Consider Phlebas à Une Forme de guerre ?
Moi, celui qui m'intriguait, c'était "The Wasp Factory" traduit par "Le seigneur des guêpes". Le titre français ne sonne pas mal, mais je le trouve un peu à côté de la plaque, même s'il est effectivement question de guêpes dans le livre.
- Eric
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Oui, mais ce n'est pas donné à tout le monde.
Pour Wasp Factory, le titre français est un peu faiblard. Pour L'Oreille Interne, je ne vois toujours pas ce que ça a à voir avec l'histoire d'un télépathe qui perd ses pouvoirs.
Pour Wasp Factory, le titre français est un peu faiblard. Pour L'Oreille Interne, je ne vois toujours pas ce que ça a à voir avec l'histoire d'un télépathe qui perd ses pouvoirs.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Je ne peux pas te répondre, n'ayant pas lu le roman. Mais est-ce que cette expression d'"oreille interne" ne peut pas être une métaphore se rapportant à ce pouvoir de télépathie ? Hors contexte, c'est la première chose qui me vient à l'esprit. Mais si ça se trouve, ça n'a rien à voir.Eric a écrit :Pour L'Oreille Interne, je ne vois toujours pas ce que ça a à voir avec l'histoire d'un télépathe qui perd ses pouvoirs.
En régle générale, le traducteur est consulté, mais ce n'est pas lui qui a le dernier mot. C'est le plus souvent le directeur littéraire, et parfois même "les commerciaux".Mélanie a écrit :(...) Il faudrait demander à JDB qui a nettement plus d'expérience...
Quelques exemples personnels :
Pour Phases of Gravity de Dan Simmons, très beau titre qui exprime bien le propos du livre et sonne très bien en anglais (mais platement en français), j'avais proposé La Tristesse d'Icare, et Jacques Chambon a nuancé en adoptant Les Larmes d'Icare, parce que Baedecker pleure parfois de joie.
Pour Sinai Tapestry d'Edward Whittemore, Gérard Klein s'était décidé pour une traduction littérale, La Tapisserie du Sinaï, mais ce titre a été refusé par Laffont. Il m'a demandé de cogiter, et j'ai trouvé Le Codex du Sinaï, qui a le double avantage de coller parfaitement au texte et de rappeler le Da Vinci Code. Ca n'a pas fait du livre un best-seller, hélas.
Pour finir, mon plus grand regret : Nightlife, un petit roman d'horreur sympa de Brian Hodge, que J'ai lu a platement intitulé La Vie des ténèbres. Comme l'idée de ce livre était une drogue qui transformait ses usagers en créatures démoniaques, j'avais proposé Démons et camés (ou alors je l'ai trouvé trop tard, me souviens plus).
JDB
- Roland C. Wagner
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Je profite de ce thread pour remercier l'immense Raphaël Sorin d'avoir eu l'idée géniale (et je pèse mes mots) de donner à Greenhouse Summer le titre français Bleue comme une orange, qui non seulement n'a absolument rien à voir avec le livre, mais est tiré d'un texte dont Norman Spinrad ignorait l'existence.
Personnellement, j'avais suggéré Un été de serre.
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« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)
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- Eric
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Je sais que ce titre est un vieux sujet d'agacement pour toi, mais très franchement - de l'extérieur - il ne fonctionne pas si mal que ça.
Mélanie -> pour L'Oreille interne, effectivement ton explication colle pas mal, mais bon... c'est assez loin de l'esprit du titre originel.
Mélanie -> pour L'Oreille interne, effectivement ton explication colle pas mal, mais bon... c'est assez loin de l'esprit du titre originel.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Pas insurmontable: il me suffit de demander à ma grande soeur de me le lire à haute voix, comme quand on était tout petit, petit.Patrice a écrit :Je te mets au défi de lire un roman des Strougatski en VO!
N'est-ce pas mignon?
En même temps, ce qu'elle m'a raconté de Gogol ne m'a pas franchement donné envie de piocher dans la littérature russe, je tiens à garder le moral au beau fixe!