La réponse est facile, mais la question, c'est une toute autre paire de manches !Eric a écrit :Facile :
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Qu'est ce que vous recherchez dans la SF ?
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- dortmunder
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soupir, ça manque vraiment dans la production actuelle.jerome a écrit :Mais lire Andrevon, Ayerdhal, Ligny, Dick, Bisson, Brunner et compagnie, c'est aussi se poser des questions sur le monde qui nous entoure et notre place dedans. certes, ce questionnement sur le présent est un peu en berne dans les romans aujourd'hui (la politique fiction est en repli).
Quant au thème, oui, Eric, il y a dans la littérature "blanche" un nombrilisme qui me répugne et je ne lis que quelques auteurs triés sur le volet, j'ai perdu beaucoup de ma curiosité littéraire pour le blanc, c'est insipide quand ce n'est pas pire.
Et puis, la science-fiction, je suis tombée dedans petiote, et il m'en est resté le goût de l'ouverture. Une ouverture du langage, un mot inventé, ça ne me rebute pas, une planète avec ses espèces végétales et animales hybrides, totalement étrangères, c'est inconnu, c'est grisant. Bref, du nouveau, du neuf, pas de la naphtaline et des toiles d'araignées.
Quoique, trouver mention de l'URSS dans un vieux roman d'anticipation, ça a son charme.
L'espace, quoi de plus noir, de plus mystérieux ? Il fut une époque où croire à l'expansion des hommes vers les cieux était possible. En lisant de la science-fiction, je réalise se rêve.
Ce qui est sympa aussi, Mélanie l'a évoqué, c'est le dérapage d'un monde qui nous paraît familier vers quelque chose d'autre, dans lequel nous sommes perdus, déstabilisé. De ce déséquilibre, naît le plaisir du lecteur, on le trouve chez tout auteur de talent, tous genres rassemblés. Il est plus facile à ressentir dans les genres dits mineurs que sont la science-fiction et la fantasy, car ici, l'auteur écrit pour un lecteur qui s'attend à être transporté sur une autre planète, dans un autre temps, ...
voilà, ce que je peux esquisser comme raisons pour défendre mes lectures sf.
Mais Bouse Bleuâtre a parfaitement retranscript ma pensée "Je lis de la SF parce qu'elle le vaut bien."
J'en lis moins par manque de temps, mais certainement pas par manque d'intérêt. En fait, j'aime beaucoup la littérature qui a un côté introspectif (en littérature blanche, j'adore notamment les livres de Nancy Huston) à condition bien sûr que ça ne sombre pas dans le nombrilisme. Du coup, c'est vrai que je vais être attirée en SF par des livres qui s'aventurent un peu sur ce terrain-là : savoir non seulement ce que les personnages vivent, mais ce qu'il ressentent, et parfois ressentir en même temps qu'eux ce "basculement". Je parlais dans un autre sujet de "La fontaine pétrifiante" de Priest, c'est justement ce côté introspectif qui m'a marquée. Dans un autre style, j'avais adoré "Rivage des intouchables" de Francis Berthelot pour l'émotion du sujet et la proximité avec les personnages. Ce sont les deux premiers exemples qui me viennent, là, tout de suite, mais il y en a pleins d'autres.dortmunder a écrit :Quant au thème, oui, Eric, il y a dans la littérature "blanche" un nombrilisme qui me répugne et je ne lis que quelques auteurs triés sur le volet, j'ai perdu beaucoup de ma curiosité littéraire pour le blanc, c'est insipide quand ce n'est pas pire.
- Eric
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Je n'ai rien de particulier contre la Blanche, le problème est que celle qu'on voit est souvent ce qu'il y a de moins intéressant.
Néanmoins, quand j'en lis qui est réputée "aventureuse", je suis souvent frustré. La plupart du temps ça va tellement moins loin que la SF, et souvent sur des sujets qui pour nous sont déjà éculés.
Le propore des cultures marginales j'imagine.
Néanmoins, quand j'en lis qui est réputée "aventureuse", je suis souvent frustré. La plupart du temps ça va tellement moins loin que la SF, et souvent sur des sujets qui pour nous sont déjà éculés.
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"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
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Je sais pas, pour moi c'est vraiment un problème d'étiquette. La blanche est un domaine hyper vaste où on trouve tout et surtout n'importe quoi mais aussi de très bons auteurs (tiens, au passage je conseille CamilleEric a écrit :Je n'ai rien de particulier contre la Blanche, le problème est que celle qu'on voit est souvent ce qu'il y a de moins intéressant.
Néanmoins, quand j'en lis qui est réputée "aventureuse", je suis souvent frustré. La plupart du temps ça va tellement moins loin que la SF, et souvent sur des sujets qui pour nous sont déjà éculés.
Le propore des cultures marginales j'imagine.
Laurens pour le côté introspectif...).
Mais c'est vraiment difficile de s'y retrouver.
Après, lorsque des auteurs de blanche se mettent à la sF, pour nous, s'ils n'ont pas les codes que nous connaissons et le minimum de culture qu'ont les lecteurs de Sf, ben ils s'exposent au roman pas original pour deux sous. C'est le cas de Ruffin pour Globalia. Mais ne généralisons pas. Et puis après tout certains auteurs de SF ont aussi été publié dans des collections "blanche". Là comme ça je pense à Ligny pour Jihad, Ayerdhal pour Demain une oasis (d'accord, deux rééditions) ou même Chuck Palahniuk pour Berceuse ou Le Festival de la couille et autres histoires vraies, ou encore à Pelot ou Jeury...
Jérôme
'Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du Mal.' Robert Sheckley
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- Eric
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Oui dans son impayable lexique des ateliers d'écriture*, Sterlingjerome a écrit : Après, lorsque des auteurs de blanche se mettent à la sF, pour nous, s'ils n'ont pas les codes que nous connaissons et le minimum de culture qu'ont les lecteurs de Sf, ben ils s'exposent au roman pas original pour deux sous.
appelle ça "réinventer la roue".
Et en inédit Ballard, Colin, etc...jerome a écrit :Et puis après tout certains auteurs de SF ont aussi été publié dans des collections "blanche". Là comme ça je pense à Ligny pour Jihad, Ayerdhal pour Demain une oasis (d'accord, deux rééditions) ou même Chuck Palahniuk pour Berceuse ou Le Festival de la couille et autres histoires vraies, ou encore à Pelot ou Jeury...
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C'est pourquoi j'ai été très agréablement surprise par Never Let Me Go, d'Ishiguro. On sent qu'il manque à l'auteur certaines des références sur le sujet, mais le roman n'en est as moins original et magnifique.jerome a écrit : Après, lorsque des auteurs de blanche se mettent à la sF, pour nous, s'ils n'ont pas les codes que nous connaissons et le minimum de culture qu'ont les lecteurs de Sf, ben ils s'exposent au roman pas original pour deux sous.
- Eric
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L'inverse en revancche, j'entends par là des éditeurs voulant absolument faire passer de la SF pour le de la Blanche, sent souvent le ravaudage et la basse tactique commerciale :
"Qui ça ? Lui ? De la SF ? Mais non voyons, vous n'y pensez pas ! Nous sommes une maison respectable, on ne vous aurait pas envoyé de la science fiction."
Je pense notamment à la récente réédition de la Trilogie de béton (chronique à venir), dans une collection moche et inutile de chez Denoël.
"Qui ça ? Lui ? De la SF ? Mais non voyons, vous n'y pensez pas ! Nous sommes une maison respectable, on ne vous aurait pas envoyé de la science fiction."
Je pense notamment à la récente réédition de la Trilogie de béton (chronique à venir), dans une collection moche et inutile de chez Denoël.
"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
Sans doute avec la bénédiction de Ballard, le traitre qui affirmait en 2005 dans Lire : « La S-F n'est pas négligeable, elle est morte. La science-fiction est morte depuis que la réalité l'a rejointe. C'était en 1969, lorsque Neil Armstrong a posé le pied sur la Lune. Ce jour-là, tout ce que les romans de science-fiction rêvaient, l'homme l'accomplit. »Eric a écrit :Je pense notamment à la récente réédition de la Trilogie de béton (chronique à venir), dans une collection moche et inutile de chez Denoël.
- jlavadou
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Mince, les livres de SF ne parlent que d'hommes allant sur la Lune ? On m'aurait menti, je ne lirais pas de la SF ?DuncanI a écrit :Sans doute avec la bénédiction de Ballard, le traitre qui affirmait en 2005 dans Lire : « La S-F n'est pas négligeable, elle est morte. La science-fiction est morte depuis que la réalité l'a rejointe. C'était en 1969, lorsque Neil Armstrong a posé le pied sur la Lune. Ce jour-là, tout ce que les romans de science-fiction rêvaient, l'homme l'accomplit. »
C'est triste une telle étroitesse d'esprit chez un homme qui a écrit de la SF. D'ailleurs, il a écrit quoi de bien, Ballard ? Je n'en ai jamais lu.
- Eric
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C'est marrant comme des magazines comme Lire ne prennent que ce qui les intéresse.
En fait Ballard ne parle ainsi que de la SF de l'Âge d'Or. Ce qu'il veut dire par là c'est que, pour lui, elle doit se tourner vers d'autres horizons, ce qu'il appelle la "frontière intérieure".
Je vous renvoie aux textes rassemblés dans Millénaire mode d'emploi.
En fait Ballard ne parle ainsi que de la SF de l'Âge d'Or. Ce qu'il veut dire par là c'est que, pour lui, elle doit se tourner vers d'autres horizons, ce qu'il appelle la "frontière intérieure".
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"Ueeuuggthhhg", laissa échapper Caity. Ce qui aurait pu vouloir dire n’importe quoi.
- jlavadou
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Oups, désolé alors pour ma réponse un peu rapide... Ne connaissant ni Ballard ni Lire, j'avais conclus trop hâtivement que l'interviewer avait fait correctement son boulot de journaliste...
Cela dit je ne suis pas particulièrement d'accord. Bon, tout dépend ce que l'on entend par "SF de l'âge d'or", mais, pour ce que j'en ai lu, elle me paraît plus riche que la réduction à un fantasme de conquête de l'espace. Il me semble que ses thèmes, s'ils sont désormais passés dans les moeurs, ne sont pas pour autant épuisés et qu'on peu encore en faire des récits vivants. Pour exemple LGM, puisqu'on va en parler beaucoup dans les prochains jours, qui reprend le thème du martien mais sous un angle nouveau.
Maintenant, si on considère que la SF de l'âge d'or n'est que la SF d'une période, alors oui, elle est morte puisque la période est passée
Cela dit je ne suis pas particulièrement d'accord. Bon, tout dépend ce que l'on entend par "SF de l'âge d'or", mais, pour ce que j'en ai lu, elle me paraît plus riche que la réduction à un fantasme de conquête de l'espace. Il me semble que ses thèmes, s'ils sont désormais passés dans les moeurs, ne sont pas pour autant épuisés et qu'on peu encore en faire des récits vivants. Pour exemple LGM, puisqu'on va en parler beaucoup dans les prochains jours, qui reprend le thème du martien mais sous un angle nouveau.
Maintenant, si on considère que la SF de l'âge d'or n'est que la SF d'une période, alors oui, elle est morte puisque la période est passée
Je raccroche le convoi un peu tard...
Pourquoi lire de la S.F. ? (et du fantastique )
Ma prof de philo (ben oui j'en ai eu une seule, en terminale) a dit un truc qui m'est resté (comme quoi la philo ça sert à quelque chose) :
Il y a deux types de lecteurs : ceux qui lisent pour avoir d'autres points de vue sur le monde, et ceux qui veulent des points de vue sur d'autres mondes.
Je me classe dans la seconde catégories : la S.F. me permet de vivre mille vies (heu.. plus que ça en fait) au lieu de la seule que j'ai dans la réalité.
Pourquoi lire de la S.F. ? (et du fantastique )
Ma prof de philo (ben oui j'en ai eu une seule, en terminale) a dit un truc qui m'est resté (comme quoi la philo ça sert à quelque chose) :
Il y a deux types de lecteurs : ceux qui lisent pour avoir d'autres points de vue sur le monde, et ceux qui veulent des points de vue sur d'autres mondes.
Je me classe dans la seconde catégories : la S.F. me permet de vivre mille vies (heu.. plus que ça en fait) au lieu de la seule que j'ai dans la réalité.
C'est moins grave que si c'était pire ! (S.A.)