News 20: Ebola, enfin une faille dans son système de défense

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Bull
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News 20: Ebola, enfin une faille dans son système de défense

Message par Bull » lun. juil. 14, 2008 7:54 pm

Le Virus Ebola est un virus responsable d'une fièvre hémorragique dont la mortalité chez l'homme atteint les 90%.

Cette semaine à la une de Nature, un article assez extraordinaire.

La cible vaccinale contre Ebola est sa GlycoProtéine (GP), qui lui permet de s'attacher aux cellules humaines puis d'y pénétrer.

Hors cette GP est très protégée du système immunitaire humain, ce qui fait que jusqu'à récemment seuls des vaccins contre des modèles animaux, notamment primates, avaient des résultats encourageants.

Comment comprendre le mécanisme d' "évasion" du système immunitaire humain de cette GP ?

Comment trouver le moyen de le contrer ?

Et bien pour montrer la bonne voie aux futurs projets de recherches, une équipe vient de mettre en évidence la structure de cette GP et surtout comment des anticorps humains pouvaient s'y lier.

Ils ont démontré que cette GP semblait être protégée par une structure en forme de "calice", véritable bouclier contre les moyens de défenses de l'organisme, et que le seul point faible de cette calice semble être sa base.

Et donc la base de cette calice semble être la cible toute designé d'un futur traitement.


Mais comment ces chercheurs sont-ils parvenus à ces résultats formidables ?

Tout simplement... en utilsant des anticorps prélévés d'un individu ayant survécu à une épidémie en 1995, et en étudiant comment ces anticorps si précieux arrivaient à se lier à la GP.

Et la structure qu'ils ont mis en évidence par cristallographie est donc l'ensemble constitué par la GP et cet anticorps.


Ce que je trouve le plus extraodinaire dans ce travail, ce n'est pas tellement l'énorme masse de travail sous-jascent où les formidables débouchés dans la lutte contre Ebola.

Non, ce qui me frappe le plus...c'est que l'Homo sapiens sapiens est décidément un être avec de nombreuses ressources.

Quelque soit la virulence de la souche, qu'elle soit virale ou bactérienne, avec ou sans mutations, il y a toujours quelques individus qui survivent, permettant à toute l'espèce de continuer à avancer. Encore. Toujours...




Nature 454, 177-182 (10 July 2008) | doi:10.1038/nature07082; Received 21 February 2008; Accepted 14 May 2008


Structure of the Ebola virus glycoprotein bound to an antibody from a human survivor

Jeffrey E. Lee1, Marnie L. Fusco1, Ann J. Hessell1, Wendelien B. Oswald1, Dennis R. Burton1 & Erica Ollmann Saphire1

Department of Immunology and Microbial Science, The Scripps Research Institute, 10550 North Torrey Pines Road, Mail Drop IMM-2, La Jolla, California 92037, USA
Correspondence to: Erica Ollmann Saphire1 Correspondence and requests for materials should be addressed to E.O.S. (Email: erica@scripps.edu).


Ebola virus (EBOV) entry requires the surface glycoprotein (GP) to initiate attachment and fusion of viral and host membranes. Here we report the crystal structure of EBOV GP in its trimeric, pre-fusion conformation (GP1+GP2) bound to a neutralizing antibody, KZ52, derived from a human survivor of the 1995 Kikwit outbreak. Three GP1 viral attachment subunits assemble to form a chalice, cradled by the GP2 fusion subunits, while a novel glycan cap and projected mucin-like domain restrict access to the conserved receptor-binding site sequestered in the chalice bowl. The glycocalyx surrounding GP is likely central to immune evasion and may explain why survivors have insignificant neutralizing antibody titres. KZ52 recognizes a protein epitope at the chalice base where it clamps several regions of the pre-fusion GP2 to the amino terminus of GP1. This structure provides a template for unravelling the mechanism of EBOV GP-mediated fusion and for future immunotherapeutic development.

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crazy guide
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Message par crazy guide » jeu. juil. 17, 2008 10:42 am

En rapport avec un autre topic récent :
Existe-t-il des individus résistant naturellement au VIH ? (J'ai lu un article la dessus, comme quoi chez certains individus le virus n'arrivait pas à "accrocher" et à se multiplier, mais après les différentes démonstrations que tu m'as faites ici même j'ai du mal à les croire)

Pour faire de la philo de comptoir (et de fin de soirée) : Dans la nature chaque pile a sa face ! (reste à la trouver avec qu'une machine ne la détruise)

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MF
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Re: News 20: Ebola, enfin une faille dans son système de déf

Message par MF » jeu. juil. 17, 2008 11:16 am

Bull a écrit :Non, ce qui me frappe le plus...c'est que l'Homo sapiens sapiens est décidément un être avec de nombreuses ressources.

Quelque soit la virulence de la souche, qu'elle soit virale ou bactérienne, avec ou sans mutations, il y a toujours quelques individus qui survivent, permettant à toute l'espèce de continuer à avancer. Encore. Toujours...
Tu peux le voir à l'envers.

Un souche suffisement virulente pour détruire la totalité de la population est vouée à disparaître avec la population en question.

Demande toi alors si ce ne sont pas les souches qui régulent leur virulence :twisted:

faudra que je retrouve le titre de la nouvelle de SF qui développait ce thème

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Stéphane
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Message par Stéphane » jeu. juil. 17, 2008 11:18 am

Pas faux. J'ai entendu que le virus Ebola n'est pas si dangereux que cela au niveau du risque de propagation parce qu'il est tellement virulent qu'il tue ses porteurs avant qu'ils n'aient pu transmettre le virus.

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Message par Patrice » jeu. juil. 17, 2008 11:22 am

Salut,
Un souche suffisement virulente pour détruire la totalité de la population est vouée à disparaître avec la population en question.

Demande toi alors si ce ne sont pas les souches qui régulent leur virulence Twisted Evil

faudra que je retrouve le titre de la nouvelle de SF qui développait ce thème
C'est le principe du cycle d'Helliconia, d'Aldiss.

A+

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Re: News 20: Ebola, enfin une faille dans son système de déf

Message par dracosolis » jeu. juil. 17, 2008 11:26 am

MF a écrit :
Bull a écrit :Non, ce qui me frappe le plus...c'est que l'Homo sapiens sapiens est décidément un être avec de nombreuses ressources.

Quelque soit la virulence de la souche, qu'elle soit virale ou bactérienne, avec ou sans mutations, il y a toujours quelques individus qui survivent, permettant à toute l'espèce de continuer à avancer. Encore. Toujours...
Tu peux le voir à l'envers.

Un souche suffisement virulente pour détruire la totalité de la population est vouée à disparaître avec la population en question.

Demande toi alors si ce ne sont pas les souches qui régulent leur virulence :twisted:

faudra que je retrouve le titre de la nouvelle de SF qui développait ce thème
je sais plus qui disait que les virus pathogènes étaient stupides...
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Message par Eons » jeu. juil. 17, 2008 11:43 am

crazy guide a écrit :En rapport avec un autre topic récent :
Existe-t-il des individus résistant naturellement au VIH ? (J'ai lu un article la dessus, comme quoi chez certains individus le virus n'arrivait pas à "accrocher" et à se multiplier, mais après les différentes démonstrations que tu m'as faites ici même j'ai du mal à les croire)
La réponse est oui, et il y a de la même façon des recherches visant à élucider leur immunité.
Les beaux livres, c’est aussi par ici : www.eons.fr

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Message par MF » jeu. juil. 17, 2008 12:03 pm

Patrice a écrit :C'est le principe du cycle d'Helliconia, d'Aldiss.
Il y a une nouvelle (Simak ? Asimov ?) antérieure qui traite ce thème.

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Message par dracosolis » jeu. juil. 17, 2008 12:07 pm

y'a pas Butler aussi?
avec ses clayarches?
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Message par Bull » jeu. juil. 17, 2008 2:37 pm

crazy guide a écrit :En rapport avec un autre topic récent :
Existe-t-il des individus résistant naturellement au VIH ? (J'ai lu un article la dessus, comme quoi chez certains individus le virus n'arrivait pas à "accrocher" et à se multiplier, mais après les différentes démonstrations que tu m'as faites ici même j'ai du mal à les croire)
Pour entrer dans les cellules, le virus VIH a besoin de co-recepteurs, notamment le CCR5.

Des chercheurs ont été surpris de voir que dans certaines régions avec une incidence très élevée de la maladie, des prostitués, sur-exposées au virus, n'étaient pas infectées.

Il y a deux types de virus du SIDA : VIH1 et VIH2.

Ces femmes vivent dans des régions avec une forte prévalence du VIH1.

Et en fait elles présentent une mutation (Delat 32 au niveau du CCR5) qui empêche ce VIH1 de pénétrer dans les cellules.

Mais pas le VIH 2.


Malheureusement, le VIH1 commence à surmonter cela aussi.

Un abstract ci-dessous à ce sujet :




J Virol. 2007 Aug;81(15):8041-9.

CCR5Delta32 protein expression and stability are critical for resistance to human immunodeficiency virus type 1 in vivo.

Agrawal L, Jin Q, Altenburg J, Meyer L, Tubiana R, Theodorou I, Alkhatib G.
Indiana University School of Medicine, Department of Microbiology and Immunology, 635 Barnhill Drive, Room 420, Indianapolis, IN 46202, USA
.

Human immunodeficiency virus type 1 (HIV-1) infection of individuals carrying the two alleles of the CCR5Delta32 mutation (CCR5(-/-)) has rarely been reported, but how the virus overcomes the CCR5Delta32 protective effect in these cases has not been delineated. We have investigated this in 6 infected (HIV(+)) and 25 HIV(-) CCR5(-/-) individuals. CD4(+) T lymphocytes isolated from HIV(-) CCR5(-/-) peripheral blood mononuclear cells (PBMCs) showed lower levels of CXCR4 expression that correlated with lower X4 Env-mediated fusion. Endogenous CCR5Delta32 protein was detected in all HIV(-) CCR5(-/-) PBMC samples (n = 25) but not in four of six unrelated HIV(+) CCR5(-/-) PBMC samples. Low levels were detected in another two HIV(+) CCR5(-/-) PBMC samples. The expression of adenovirus 5 (Ad5)-encoded CCR5Delta32 protein restored the protective effect in PBMCs from three HIV(+) CCR5(-/-) individuals but failed to restore the protective effect in PBMCs isolated from another three HIV(+) CCR5(-/-) individuals. In the latter samples, pulse-chase analyses demonstrated the disappearance of endogenous Ad5-encoded CCR5Delta32 protein and the accumulation of Ad5-encoded CCR5 during the chase periods. PBMCs isolated from CCR5(-/-) individuals showed resistance to primary X4 but were readily infected by a lab-adapted X4 strain. Low levels of Ad5-encoded CCR5Delta32 protein conferred resistance to primary X4 but not to lab-adapted X4 virus. These data provide strong support for the hypothesis that the CCR5Delta32 protein actively confers resistance to HIV-1 in vivo and suggest that the loss or reduction of CCR5Delta32 protein expression may account for HIV-1 infection of CCR5(-/-) individuals. The results also suggest that other cellular or virally induced factors may be involved in the stability of CCR5Delta32 protein.

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Re: News 20: Ebola, enfin une faille dans son système de déf

Message par Bull » jeu. juil. 17, 2008 2:41 pm

dracosolis a écrit :
je sais plus qui disait que les virus pathogènes étaient stupides...
Ben, cela a été évoqué ici-même en fait dans la news sur la résistance aux antibiotiques
Globalement, les bactéries "pathogènes" sont des impasses de l'évolution (ben oui, elles tuent leurs hôtes) .

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Message par Bull » ven. nov. 07, 2008 5:54 pm

Petite MAJ.

Une avancée, importante me semble-t'il, dans la compréhension de l'émergence chez l'Homme de ce virus.

En effet, avec une mortalité de plus de 90%, l'Homme est tout sauf un reservoir naturel pour Ebola. Dès qu'une population est atteinte, elle est "décimée si vite", que cela résuit le risque d'épidémie plus importante, et donc une continuation dans la transmission Homme vers Homme.

L'hypothèse la plus probable, est donc l'existence de "porteurs" sain au sein du règne animal, avec des virus Ebola dormant, puis pour une raison encore inconnue, réactivation de Ebola et donc ensuite risque de transmission Animal vers Homme.

Cette semaine, une équipe canadienne décortique dans PNAS une voie de signalisation allant dans ce sens (passant par Ras/MAPK).

Vu la difficulté d'une thérapeutique efficace post infection, essayer de bloquer le virus en amont, l'empêchant de se "réactiver", me semble être intéressant.
Proc Natl Acad Sci U S A. 2008 Nov 3

Stimulation of Ebola virus production from persistent infection through activation of the Ras/MAPK pathway.

Strong JE, Wong G, Jones SE, Grolla A, Theriault S, Kobinger GP, Feldmann H.
Special Pathogens Program, National Microbiology Laboratory, Public Health Agency of Canada, Winnipeg, MB,Canada R3E 3R2;


Human infections with Ebola virus (EBOV) result in a deadly viral disease known as Ebola hemorrhagic fever. Up to 90% of infected patients die, and there is no available treatment or vaccine. The sporadic human outbreaks are believed to result when EBOV "jumps" from an infected animal to a person and is subsequently transmitted between persons by direct contact with infected blood or body fluids. This study was undertaken to investigate the mechanism by which EBOV can persistently infect and then escape from model cell and animal reservoir systems. We report a model system in which infection of mouse and bat cell lines with EBOV leads to persistence, which can be broken with low levels of lipopolysaccharide or phorbol-12-myristate-13-acetate (PMA). This reactivation depends on the Ras/MAPK pathway through inhibition of RNA-dependent protein kinase and eukaryotic initiation factor 2alpha phosphorylation and occurs at the level of protein synthesis. EBOV also can be evoked from mice 7 days after infection by PMA treatment, indicating that a similar mechanism occurs in vivo. Our findings suggest that EBOV may persist in nature through subclinical infection of a reservoir species, such as bats, and that appropriate physiological stimulation may result in increased replication and transmission to new hosts. Identification of a presumptive mechanism responsible for EBOV emergence from its reservoir underscores the "hit-and-run" nature of the initiation of human and/or nonhuman primate EBOV outbreaks and may provide insight into possible countermeasures to interfere with transmission.

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