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jlavadou
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Message par jlavadou » lun. déc. 15, 2008 5:21 pm

Francis Berthelot a écrit :Le Bélial' envisage très sérieusement une réédition en trois gros volumes (trois romans par volume) de l'ensemble du cycle. Le premier devrait paraître en 2010, à peu près à la même période qu'Abîme du rêve.
Ca c'est une bonne nouvelle. J'espère que Nuit de colère aura vraiment une seconde vie, c'était le premier bouquin de toi que je lisais, et ça a été une grande claque. La description du paysage mental que Kantor visualise pour appliquer son pouvoir était juste fascinante. Et, avec L'Ombre d'un soldat, tu auras eu le mérite de me faire lire de la litt gen jusqu'au bout :)


Pour parler tout à fait d'autre chose : ta biographie indique que tu as été chercheur en biologie. Comment es-tu passé chercheur en littérature ? Est-ce que cela s'est fait facilement, ou as-tu eu des difficultés à te faire accepter dans ce domaine ?

Bouse Bleuâtre

Message par Bouse Bleuâtre » lun. déc. 15, 2008 5:36 pm

Te souviens-tu comment et pourquoi tu as décidé d'écrire La Lune noire d'Orion, ton premier roman un brin provocateur ? (Je crois bien que c'est dans ses pages que j'ai découvert l'existence du fist-fucking, enfin du poinglage, dont j'ai cru sur le moment, dans mon immense naïveté, que c'était une invention de l'auteur.) A-t-il été difficile à placer chez un éditeur ? Qu'as-tu pensé des réactions parfois… vives qu'il a suscitées ? Quel regard jettes-tu sur ce livre trois décennies plus tard ?

Bouse Bleuâtre

Message par Bouse Bleuâtre » lun. déc. 15, 2008 5:38 pm

Ah oui, j'oubliais : y aura-t-il un jour une sortie en poche, que les plus jeunes puissent en profiter eux aussi ?

Wandhero
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Message par Wandhero » lun. déc. 15, 2008 5:39 pm

Francis Berthelot a écrit :3) Ce n'est pas mon sadisme (au demeurant réel) qui est en question: plutôt des contraintes éditoriales liées au fait que mes romans se vendent rarement à plus d'un million d'exemplaires ;-)
Justement, quel est ton rapport à tes personnages ? Beaucoup d'auteurs s'identifient aux héros qu'ils mettent en scène mais je me demandais s'ils n'étaient pas plus pour toi des partenaires imaginaires (référence à ton sadisme avoué) que tu pourrais tourmenter sans conséquence. Est-ce plus compliqué que ça ?

Bruno

Francis Berthelot
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Message par Francis Berthelot » lun. déc. 15, 2008 5:43 pm

Pour jlavadou :

À la fin des années 80, j'étais tellement écartelé entre les éprouvettes et la machine à écrire qu'il a fallu faire un choix. J'ai donc demandé au CNRS de me permettre de passer dans le Département des Sciences Humaines : j'y avais repéré un groupe, le Centre de Recherches sur les Arts et le Langage qui m'intéressait beaucoup et dont le directeur, Louis Marin, était d'accord pour m'accueillir. J'ai obtenu une période probatoire d'un an et demi, pendant laquelle je me suis familiarisé avec des modes de pensée nouveaux pour moi ; à l'issue de cette période, mon transfert est devenu définitif.

Au début, j'ai travaillé sur le corps du personnage de roman, en particulier ses métamorphoses, ce qui était une manière d'utiliser mon expérience de biologiste tout en l'appliquant à un corpus littéraire. En quelque sorte, j'ai mis en équation le mécanisme de la métamorphose. Plus tard, je suis passé à d'autres sujets : les différentes phases de la réalisation d'un roman (Du Rêve au Roman, EUD) et l'étude des transfictions (Bibliothèque de l'Entre-Mondes, Folio SF).

Francis Berthelot
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Message par Francis Berthelot » lun. déc. 15, 2008 5:55 pm

Pour Bouse Bleuâtre :

Le point de départ de ce roman a été un débat télévisé sur l'homosexualité entre Jean-Louis Bory et un infernal docteur machiste du nom d'Amoroso (sic !). Ce type était tellement odieux que je me suis dit : s'il était au gouvernement, il nous enverrait tous en camp de concentration. D'où l'idée de la persécution lancée par le ministre Amortam contre les Holoms, sur Alnilam.

Autre idée de départ : le symptome de l'identification cosmique chez certains schizophrènes. Il est à la base de la transformation du héros, Silex, en gardien de la constellation d'Orion, laquelle devient son propre corps.

Enfin, je me suis servi d'un voyage de sept semaines aux États Unis, fait en 1977, qui m'a permis de créer plusieurs planètes : Bellatrix est inspirée de New York, Bételgeuse de la Californie.

Il n'a pas été très difficile à placer chez un éditeur : mon précédent manuscrit avait servi de kamikaze pour m'ouvrir certaines portes, en particulier celle de Robert Louit qui dirigeait la collection Dimensions chez Calmann-Lévy.

Les réactions "vives" ne m'ont guère atteint. Leur inconvénient a été de masquer d'autres aspects du roman, comme sa dimension écologique, ou ses aspects simplement poétiques.

Une réédition en poche ? J'en serais ravi. Il faut en parler aux éditeurs :lol:

Francis Berthelot
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Message par Francis Berthelot » lun. déc. 15, 2008 6:05 pm

Pour Wandhero :
Justement, quel est ton rapport à tes personnages ? Beaucoup d'auteurs s'identifient aux héros qu'ils mettent en scène mais je me demandais s'ils n'étaient pas plus pour toi des partenaires imaginaires (référence à ton sadisme avoué) que tu pourrais tourmenter sans conséquence. Est-ce plus compliqué que ça ?
(alt+q)

Je m'identifie le plus possible à mes personnages, y compris ceux que je n'aime pas. Certains sont effectivement des partenaires imaginaires, comme Rhad Matteo ou Alvar Cuervos, mais je les habite quand même de l'intérieur selon la logique : "désirer l'autre / désirer être l'autre".

Dans ces conditions, s'il y a sadisme, il y a également masochisme puisque je les accompagne dans leurs épreuves, je souffre avec eux, je meurs avec eux. Je me situe donc dans une logique SM que j'assume dans sa totalité, l'aspect vraiment pervers de la chose étant le fait que j'y entraîne le lecteur. :evil:

Bouse Bleuâtre

Message par Bouse Bleuâtre » lun. déc. 15, 2008 6:33 pm

Francis Berthelot a écrit :Le point de départ de ce roman a été un débat télévisé sur l'homosexualité entre Jean-Louis Bory et un infernal docteur machiste du nom d'Amoroso (sic !). Ce type était tellement odieux que je me suis dit : s'il était au gouvernement, il nous enverrait tous en camp de concentration.
Ouaip, je me rappelle du débat. Bory l'avait littéralement crucifié.

Pour l'info, ce crétin a également écrit ça :

Image

… dont le contenu hilarant suggère que le "tous" dans ta phrase ci-dessus aurait également inclus les toxicomanes.

Wandhero
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Message par Wandhero » lun. déc. 15, 2008 6:37 pm

Francis Berthelot a écrit :Je me situe donc dans une logique SM que j'assume dans sa totalité, l'aspect vraiment pervers de la chose étant le fait que j'y entraîne le lecteur. :evil:
Le lecteur averti est totalement consentant, à mon avis.
Modifié en dernier par Wandhero le mar. déc. 16, 2008 6:46 pm, modifié 1 fois.

Lucie
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Message par Lucie » lun. déc. 15, 2008 6:37 pm

Francis Berthelot a écrit :Je m'identifie le plus possible à mes personnages, y compris ceux que je n'aime pas. Certains sont effectivement des partenaires imaginaires, comme Rhad Matteo ou Alvar Cuervos, mais je les habite quand même de l'intérieur selon la logique : "désirer l'autre / désirer être l'autre".
Est-ce aussi aisé pour toi avec les personnages féminins ?

Y a-t-il un lien entre le Cycle du Démiurge et Khanaor ? Entre Norenn et Yorenn aux noms si proches ?
Et entre elles et le nom "Khanaor" et le couple Sorren et Norrès du cycle de Tornor d'Elisabeth Lynn ?

Plus généralement, comment choisis-tu les noms de tes personnages ?

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Bruno
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Message par Bruno » lun. déc. 15, 2008 6:43 pm

Francis Berthelot a écrit :J'adore les chansons de Vian. Mais même à l'époque où j'écrivais des chansons (celles que j'attribue à Lon Orfelt dans Hadès Palace datent des années 70), ce n'était pas lui qui m'influençait. Plutôt les poètes surréalistes ou des auteurs compositeurs comme Jean Vasca.
Le personnage m'a fait penser à Léo Ferré (y'a d'ailleurs des sonorités communes dans les 2 noms).

Pourquoi n'écris-tu plus des chansons ? Plus le temps, ou plus l'envie ? (elles sont d'ailleurs réussies, dans leur genre) Et d'ailleurs, écrivais-tu seulement le texte, ou la musique aussi ?

Enfin, t'es-tu rendu compte, en écrivant Le Petit Cabaret des Morts, que le chapitre 8 de la 1ère partie ferait immanquablement penser à Small Soldiers, de Joe Dante ? ;-)

Francis Berthelot
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Message par Francis Berthelot » lun. déc. 15, 2008 6:44 pm

Pour Bouse Bleuâtre :

Amoroso me paraît plus dangereux qu'hilarant. Mais bon. Dans La Lune noire, le "tous" incluait toutes sortes de marginaux, qu'il aurait en effet pourfendu de la même manière.

Francis Berthelot
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Message par Francis Berthelot » lun. déc. 15, 2008 6:52 pm

Pour Lucie :

Aucun lien conscient entre Khanaor et Le Rêve du démiurge.
En tant que gay, je n'ai pas trop de mal à m'identifier aux personages féminins, puisque nous avons le même objet de désir : le Mâle. D'ailleurs, dans Le Petit Cabaret, roman hétéro à 95%, c'est Alvar qui est l'objet érotique, et non Yorenn.

J'ai relevé après coup la ressemblance entre les deux noms, Yorenn et Norenn. Elle me gêne plutôt, d'autant que les deux personnages ne se ressemblent absolument pas. Mais je n'y peux plus rien. Mon inconscient m'a encore joué un tour :(

Je n'ai jamais rien lu d'Élisabeth Lynn : donc, aucun rapport.

Mes outils principaux pour choisir les noms de mes personnages sont la rubrique "nom" du dictionnaire analogique de Charles Maquet (Larousse), un dictionnaire de breton et un dictionnaire de finnois.

Francis Berthelot
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Message par Francis Berthelot » lun. déc. 15, 2008 7:00 pm

Pour Bruno :

Pour Lon Orfelt (dont le nom dérive d'Orphée), j'ai pris comme modèle physique Hubert Haddad, ami et écrivain de la Nouvelle Fiction.

Les chansons, c'était ma période guitare : les années 70. J'écrivais le texte et la musique. J'ai gardé tous les textes. J'en ai enregistré quelques unes sur une cassette. Le reste risque fort de s'être perdu.

Les chansons m'ont mené aux poèmes ; les poèmes aux nouvelles ; les nouvelles, après un détour par le théâtre et l'écriture automatique, aux romans. Je n'ai plus vraiment envie d'en écrire, mais j'en ai quand même placé quelques unes dans mes derniers romans. Ce sont souvent des comptines, en général écrites pour le chapitre où elles apparaissent.

Francis Berthelot
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Message par Francis Berthelot » lun. déc. 15, 2008 7:05 pm

Pour Bruno (PS) :

Small soldiers ? Je n'y ai pas pensé une seconde. Surtout dans le chapitre 8, où mon seul objectif était de rendre la mort de Malejour le plus grotesque possible.

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