Heliot a écrit :
Parlons jeunesse, monsieur Colin : j'ai cru comprendre (je ne l'ai pas encore lu faute d'un service suffisamment diligent de la part de l'éditeur concerné, ahem) qu'une mini polémique couvait concernant la teneur pour le moins désespérée de "La fin du monde" (comme tu l'as dit quelque part, tout est dans le titre). Alors, volonté de ruiner le moral des têtes blondes afin qu'il s'accorde à celui de leurs parents en temps de crise ? Et qu'est-ce que c'est que cette sortie sur ton blog à propos d'un ras-le-bol d'une certaine littérature jeunesse trop optimiste (je n'ai plus en tête les termes utilisés), voire béate, qu'il faudrait recadrer ? Tu ne crois pas exprimer là le point de vue d'un quasi quadra (oui, je sais, c''est cruel de te rappeler que tu es d'âge mûr) revenu de pas mal de choses, mais qui aurait oublié que même dans la vraie vie certaines histoires se terminent bien ?
Et puis une suite à "la fin du monde", qu'est-ce que ça peut donner, hein ?
Je ne comprends pas bien la polémique. J'écris un bouquin intitulé La fin du monde, donc tout le monde meurt ou presque - tout ça est d'une logique imparable. Ce que j'essayais d'exprimer dans mon blog, c'est que ce n'est pas en racontant des trucs gais ou qui se terminent bien aux ados qu'on va leur remonter le moral. D'abord, je ne crois pas qu'ils aient besoin qu'on leur remonte le moral : à moins que leurs parents soient au chômage, ils s'en branlent, de la crise, et ils ont bien raison. Ensuite, quand bien même ils auraient besoin de réconfort : le plan de l'ado qui vient de lire son bouquin de SF, qui le referme avec un sourire béat et qui se lève la main sur le cœur en clamant : "le monde vaut la peine qu'on se batte pour lui, en avant !" me paraît absolument risible.
Les ados veulent lire des trucs qui se passent mal (et les adultes aussi) pour leur rappeler que ça pourrait être pire et/ou : ils veulent que quelqu'un les aime - et de préférence quelqu'un de leur âge.
La seule vraie discussion politique sérieuse que j'ai eu dans un collège, c'est quand j'ai présenté mon bouquin sur l'engagement dans une classe d'un lycée professionnel nantais : là, on parlait de sans-papiers, de réformes de l'éducation, c'était très concret, très stimulant. Pour le reste, on sait très bien qu'on joue à se faire peur.
Mais j'aime les histoires qui se terminent bien. Ça ne me gêne pas du tout. C'est juste que ce n'est pas une obligation chez moi.