On commence par quoi ?

[Sybille]

Il y a un vrai enjeu derrière ce constat que les choses sont très différentes entre le Nord et le Sud.
Au Sud, les gens vont à la plage plutôt que lire.
Je résume ça à l'arrache car ce forum n'a pas vocation à être grand public

Est-ce que ce constat ne se mesure que sur les festivals et différentes animations ou est-ce qu'il y a aussi un impact sur les ventes (et, là, c'est aux éditeurs et libraires de nous dire) ?

Aux Imaginales, où j'étais venue à la rencontre d'éditeurs pour Nice Fictions, certains m'ont clairement dit qu'ils ne descendaient pas dans le sud.
Mais j'avais eu ce même son de cloche aux Utopiales, auprès d'un éditeur de jeux de rôle qui ne voulait pas descendre sous Lyon.

[Fabien Lyraud]

Il y a un vrai particularité dans le sud ouest au niveau de la politique culturelle du livre.
Il existe deux sortes de salons du livre généralistes : les gros dans les villes préfectures et les petits dans des villages. Dans les villes de 2000, 5000 ou 10 000 habitants il n'y a rien. Et les salons de village sont organisés autour des auteurs régionaux ( parfois on invite un ou deux extérieurs). Et surtout ( on le ressent beaucoup chez moi en Limousin) c'est bien souvent le terroir qui est valorisé. On a découvert le polar depuis 10 ans ( je carricature un peu mais pas tant que ça).
En région Limousin par exemple, il y a un lectorat âgé et les jeunes lisent peu. Ils lisent peu parce que l'on valorise peu des sujets qui peuvent les intéresser. Je pense que justement l'imaginaire est quelque chose qui peut les intéresser. Mais il faut vraiment rattacher ça au reste de la culture geek pour bien les appâter.

[Sandrine S]

Au cours des états généraux, Vanessa Terral a souligné également une grande différence dans l'imaginaire entre le sud et le nord : en gros, et si je me souviens bien, les sources d'inspiration sont différentes et ne touchent pas forcément de la même façon ; elle a évoqué aussi la différence d'accueil faite aux auteurs.

Dans la politique culturelle du livre, l'agence régionale du livre de PACA est réputée comme étant parmi les plus actives. Mais s'occupe-t-elle d'imaginaire?

[Fabien Lyraud]

elle a évoqué aussi la différence d'accueil faite aux auteurs.

Pour m'être renseigné souvent les auteurs ne sont ni défrayés et on ne leur paye ni hébergement, ni repas. Tout est à leur charge. C'est bien pour ça qu'on y accueille que des généraux.
Bien sûr les gros salons eux le font.
Les seuls petits salons qui accueillent correctement leurs auteurs sont ceux de BD. Peut être qu'un rapprochement avec certains festivals de BD (notamment ceux où la BD d'imaginaire est mise à l'honneur) pourrait être intéressant.

[O-Paquet]

Dans la politique culturelle du livre, l'agence régionale du livre de PACA est réputée comme étant parmi les plus actives. Mais s'occupe-t-elle d'imaginaire?

C'est assez particulier. L'agence régionale est pas mal adossée à la région, justement, ce qui est très différent avec ce qui se passe en Auvergne-Rhône-Alpes ou l'agence est, jusqu'à présent, beaucoup plus en contact avec les acteurs locaux (les membres les plus nombreux sont les auteurs, bien plus que les éditeurs, les bibliothécaires et libraires).
En plus, l'agence y aide aussi bien la BD, la jeunesse que la poésie ou le théâtre et l'imaginaire. C'est une politique globale de ne pas faire de hiérarchie, mais ça demande d'avoir des acteurs très variés dans son réseau.

[Sybille]

Pour m'être renseigné souvent les auteurs ne sont ni défrayés et on ne leur paye ni hébergement, ni repas. Tout est à leur charge. C'est bien pour ça qu'on y accueille que des généraux.
Bien sûr les gros salons eux le font.
Les seuls petits salons qui accueillent correctement leurs auteurs sont ceux de BD. Peut être qu'un rapprochement avec certains festivals de BD (notamment ceux où la BD d'imaginaire est mise à l'honneur) pourrait être intéressant.

Pour le coup, ça ne me semble pas être une problématique Nord/Sud, mais taille et budget de salons

[Fabien Lyraud]

Aux Imaginales, où j'étais venue à la rencontre d'éditeurs pour Nice Fictions, certains m'ont clairement dit qu'ils ne descendaient pas dans le sud.
Mais j'avais eu ce même son de cloche aux Utopiales, auprès d'un éditeur de jeux de rôle qui ne voulait pas descendre sous Lyon.

Il faudrait clairement voir à quoi c'est dû.

J'ai récemment fait un salon généraliste dans le département de la Vienne et j'ai pratiquement pas vendu. Un gros salon pourtant avec 150 auteurs. J'étais le seul représentant de l'imaginaire avec mon stand. Public relativement âgés et pour les actifs, des gens plutôt des classes supérieures. Les 25 / 45 ans, notre cœur de cible peu représentés.
Le salon largement conçu pour attirer un public extrêmement lettrés, pas du tout pour un public populaire. Est ce que ce serait représentatif des gros salons de la moitié sud ? Alors que dans la moitié nord on serait plus ouvert ?

[Fabien Lyraud]

Pour en avoir discuté avec des auteurs il semblerait qu'il y ait une démarcation est / ouest. Les auteurs et éditeurs d'imaginaire semblent mieux vendre leurs ouvrages dans les salons généralistes de la moitié est tandis qu'à l'ouest c'est pas fameux ( et pour les faibles ventes sur l'ouest je confirme).

[Fabien Lyraud]

Plus je m'y intéresse plus je me rends compte qu'il y a deux fonctionnements différents. C'est peut être un ressenti de ma part.
Dans le sud beaucoup de festivals ont lieu à la périphérie des grandes villes (les Aventuriales à Ménétrol, les Rencontres de l'imaginaire du Pays d'Aix à Lambesc, et Imagin'alivres aura sa prochaine édition à Escalquens) plutôt que dans les villes centres. Les exceptions sont Nice Fiction et les Intergalactiques de Lyon. Nice Fiction a lieu dans un campus universitaire, ce qui en fait un festival particulier. Et pour les Intergalactiques, Lyon a depuis quelques années des allures de ville capitale de la culture de l'imaginaire en France. Je ne sais pas si l'on peut réellement tirer quelques choses de ces données. Par contre il semble qu'au niveau des salons généralistes, ceux qui invitent massivement des auteurs de l'imaginaire sont dans la moitié nord. Dans ceux du sud ils brillent très souvent par leur absence.
Encore une fois c'est peut être un ressenti de ma part. Mais peut être qu'il y a des différences entre les manières d'aborder la culture au nord et au sud.