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2001 l'odyssée de l'espace fête ses 50 ans !
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2001 l'odyssée de l'espace fête ses 50 ans !

Quand on parle de films, on pense forcément au tournage et à tous les petits secrets qui l'entourent.

Et 2001 l'odyssée de l'espace n'échappe évidement pas à la règle !

Voici six anecdotes concernant le long métrage de Stanley Kubrick.

Les récompenses

Classique du cinéma de science-fiction, 2001 : l'odyssée de l'espace a remporté l'Oscar des Meilleurs Effets Spéciaux en 1968.

L’une des dernières séquences tournées par Kubrick fut l’ouverture de la séquence Dawn of Man, apparemment parce qu’il ne pouvait pas comprendre comment il pourrait représenter les singes dans les scènes. Au début, il a essayé des acteurs, des danseurs et même des comédiens auraient été considérés avant Kubrick et Clarke a rencontré Dan Richter, un mime qui enseignait des cours à Londres. Au début, Richter fut embauché simplement pour chorégraphier la scène mais Kubrick lui demanda plus tard de recruter 20 autres mimes pour jouer les autres singes.

les visages simiesques de 2001 supportent mal le gros plan. Kubrick, qui a très bien compris ce manque de mobilité (et donc d'expressivité) des visages, décide alors de filmer les hommes-singes en gardant toujours une certaine distance.

Arthur C. Clarke

L’une des principales sources d’inspiration de 2001 est une nouvelle d’Arthur C. Clarke intitulée La Sentinelle, écrite en 1948, qui raconte la découverte, sur la Lune, en 1996, d’une étonnante structure pyramidale qui se révèlera être un dispositif d’alarme installé là par les extra-terrestres, leur permettant de savoir si l’homme est enfin prêt pour un voyage aux confins de la galaxie. Remplacez la structure pyramidale par un monolithe et vous avez le scénario du film. Grosso modo.

IBM et l'ordi rebelle

Le film fut produit avec le concours de la NASA, d'IBM, de Boeing et de Honeywell. Concernant IBM, lorsque la firme se rendit compte du caractère rebelle de l'ordinateur, elle décida de ne pas être créditée. Cependant, le nom "HAL 9000" est une référence directe au constructeur (ces trois lettres précédant dans l'alphabet les initiales "IBM"). Néanmoins, Arthur C. Clark réfuta cette idée, en affirmant qu'il s'agissait du hasard, et que "HAL" signifiait "Heuristic Algorithmic Computer".

Hal a été élu 13ème meilleur méchant de cinéma de tous les temps par l’American Film Institute.

Et si les extraterrestres débarquaient ?

Selon l'écrivain Isaac Asimov, l’espace d’un instant, pendant la préparation du film, Kubrick se renseigna auprès de la banque Lloyd’s pour faire assurer 2001… au cas où les extra-terrestres débarquent sur Terre avant la sortie du film !

Théorie du complot

Alors que la plupart des gens ne sont pas convaincus, certains de ceux qui croient que l’alunissage était une conspiration ont en fait continué à affirmer que Kubrick était lui même impliqué dans le complot. Citant l’utilisation d’accessoires et de décors que l’équipe de production de 2001 avait déjà détruits, Oliver Stone pense que Kubrick a utilisé les restes de son film pour faire croire au public que l’alunissage s’était réellement produit.

Et la suite ?

Jack Kirby a écrit une suite à 2001 sous forme de comics, publiés par Marvel à partir de 1976.

Arthur C. Clarke a écrit trois suites littéraires à 2001 : 2010, Odyssée deux (en 1982), 2061 : Odyssée trois (1988) et 3001 : l’Odyssée finale (1997)

En 1984, Peter Hyams tourna une suite à 2001 intitulée 2010, d'après un nouveau roman d'Arthur C. Clarke.



Cette année, nous fêtons les 50 ans de la sortie du film 2001 L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick. A cette occasion, Sam Azulys, spécialiste de l'oeuvre a accepté de répondre à quelques questions. 

Actusf : Pourquoi, selon vous ce film a-t-il autant marqué le monde du cinéma et en de la SF en général ?
Sam Azulys : Si ce film demeure une référence absolue en matière de Science-Fiction, c’est parce que ses effets spéciaux sont révolutionnaires (pour la première fois, on utilise la motion control et des maquettes hyperréalistes pour filmer des vaisseaux spatiaux) mais c’est surtout à cause de sa folle ambition philosophique. 2001 est une fable sur les origines de l’humanité et son devenir. On peut ajouter qu’il s’agit du premier film à aborder sérieusement des problématiques posthumanistes en traitant l’ordinateur HAL comme le personnage central le plus humain du récit.

 
Actusf : Un film, mais aussi un roman co-écrit avec Arthur C. Clarke. Que pouvez-vous nous dire sur ce duo, cette collaboration ?
Sam Azulys : Arthur C. Clarke est l’auteur de la nouvelle La Sentinelle qui inspira 2001. Kubrick le choisit pour coscénariste parce que c’était un auteur de science-fiction reconnu mais aussi parce que Clarke était un scientifique dont les intuitions se basaient sur une solide connaissance de son sujet. Les contributions les plus notables de Clarke sont l’invention du système radar qui contribua fortement au succès de la Royal Air Force durant la Bataille d’Angleterre et l’invention du concept de satellite géostationnaire qu’il proposa dès 1945. Les deux hommes s’entendaient à merveille et étaient fascinés par le progrès scientifique. Ils pensaient que la machine finirait un jour par surpasser l’homme. Clarke était enthousiasmé par cette perspective, Kubrick était, pour sa part, plus circonspect. La méthode de travail de ce duo était assez inhabituelle. Plutôt que de commencer par le scénario, ils décidèrent d’écrire ensemble un roman que Kubrick adapterait par la suite. Ils purent ainsi explorer de nombreuses pistes spéculatives sans se sentir prisonniers des contraintes qu’imposait le scénario traditionnel. On sait, aujourd’hui, à quel point cette démarche fut fructueuse.

"comment reconquérir une humanité qui, dans un monde technologique, est menacée de disparition."


Actusf : 2001, l'Odyssée de l'espace est empreint de plusieurs thèmes, notamment l'évolution humaine, la place de la technologie et de l'intelligence artificielle ou encore la perspective d'une vie extraterrestre,
Est-ce qu’on peut dire que les problématiques soulevées dans le film sont toujours d’actualité ? Ou ont-elle évoluées ?

Sam Azulys : Les problématiques soulevées par le film sont toujours d’une actualité brûlante. Dans 2001, Kubrick ne se contente pas de se livrer à la reconstitution minutieuse d’un futur anticipé, il utilise la science-fiction comme un révélateur des conséquences du règne de la Technique sur le genre humain. L’homme a inventé l’outil, mais il est devenu un « fonctionnaire de la technique » et l’on se demande si ce ne sont pas ses outils, devenus des machines pensantes, qui désormais le contrôlent. Pour accomplir son voyage ultime et franchir un nouveau palier de l’évolution, il doit cependant renouer avec son humanité. Au cœur de ce film que l’on a souvent accusé d’être un peu froid, il y a donc cet enjeu majeur : comment reconquérir une humanité qui, dans un monde technologique, est menacée de disparition.

"La prospective technologique de Kubrick a inspiré de nombreux chercheurs et scientifiques et continue toujours à susciter des vocations."


Actusf : Le film a-t-il eu une incidence sur notre perception du monde ?
Sam Azulys : Il nous a encouragé à nous poser des questions sur l’avenir de l’humanité et sur son passé lointain. La vision paléoanthropologique du film est tributaire des théories en vogue dans les années 60 mais elle est toujours très stimulante et nous encourage à nous demander ce qui fait le propre de l’homme. La prospective technologique de Kubrick a inspiré de nombreux chercheurs et scientifiques et continue toujours à susciter des vocations. HAL 9000 nous fait peur mais, en même temps, on voudrait bien être capable de percer le secret de la conscience et on rêve toujours d’arriver un jour à fabriquer une machine pensante capable d’éprouver des émotions. Quant aux formes de vie extraterrestres, la récente découverte de nombreuses exoplanètes semble nous conforter dans l’idée que Kubrick et Clarke avaient raison de parier sur l’existence d’autres intelligences dans l’univers.

 
Actusf : L’Ecole Polytechnique vous a proposé d’ouvrir sa Journée d’étude pluridisciplinaire pour célébrer le cinquantième anniversaire de 2001 : l’Odyssée de l’espace. Pouvez-nous donner quelques informations supplémentaires ?
Sam Azulys : Pour célébrer les 50 ans de 2001, l’école polytechnique organise cette journée d’étude pluridisciplinaire le jeudi 27 septembre avec la participation d’institutions comme le CNRS et l’ENS. Cette journée réunira des spécialistes de domaines aussi divers que les études cinématographiques, l’histoire de l’art, la philosophie, la paléoanthropologie et l’informatique afin d’analyser le film sous toutes ses coutures. Cela s’annonce passionnant.

" Il se méfiait de la propension du genre humain à vouloir tout rationaliser à outrance mais, contrairement à l’idée préconçue, il n’était pas un misanthrope invétéré. "


Actusf : Ce film véhicule beaucoup d’anecdotes, est-ce qu’il y en a une qui vous a particulièrement marqué ?
Sam Azulys : Kubrick se méfiait des analyses trop littérales de son film et la lecture de son film qui avait retenue son attention, à l’époque de la sortie du film, était celle d’une collégienne de quinze ans nommée Margaret Stackhouse. Un professeur avait demandé à la classe de faire un compte-rendu du film et les devoirs avaient été envoyés au réalisateur. Ce qui avait séduit Kubrick, c’est que la jeune fille n’assignait pas de signification préexistante à l’œuvre mais proposait une série d’hypothèses qu’elle tentait d’étayer en se fiant à la perception immédiate qu’elle a pu avoir de 2001. Je trouve cette anecdote émouvante car assez révélatrice de la personnalité de Kubrick. Il se méfiait de la propension du genre humain à vouloir tout rationaliser à outrance mais, contrairement à l’idée préconçue, il n’était pas un misanthrope invétéré. Il était toujours prêt à accorder sa confiance à ceux qui se donnaient les moyens de leur ambition intellectuelle. Peu lui importait la provenance des idées pourvu qu’elles fussent stimulantes.

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