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Ce qui révèle, suite et fin de Spire
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Ce qui révèle, suite et fin de Spire

Actusf : Ce qui révèle  est le 3ème tome de la trilogie Spire et est aussi votre dernier roman inédit chez Critic, Pouvez-vous nous expliquer comment est née cette trilogie ?
Laurent Genefort : Voilà plusieurs années que je songeais à écrire une trilogie, voire une tétralogie, sur le thème de Spire. Critic effectuait déjà un travail patrimonial formidable sur certains de mes romans parus jadis chez Fleuve Noir. Il était à la fois logique et juste de produire un inédit chez eux. Leur réaction à ma proposition a été instantanée et enthousiaste, de même que ma suggestion d’avoir Manchu aux couvertures.



Actusf : De quoi celle-ci parle-t-elle ?
Laurent Genefort : Le cycle retrace la naissance et l’expansion d’une compagnie de transport interstellaire, la Spire. C’est également une saga : les Manneken, une famille comptant parmi les entrepreneurs originels (de simples pilotes à bord d’une poignée de caboteurs) et dont on suit les aventures, de l’établissement de la jeune société à partir de quelques planètes des Confins délaissées par les grandes compagnies de transport, jusqu’à une multimondiale aussi implacable que ses concurrentes. Le tout rythmé par les luttes intestines, les amitiés et les inimitiés liées à la conduite des affaires, les alliances et les trahisons entre cliques, les crimes au sein de la dynastie naissante, l’évolution de la flotte elle-même...

Actusf : Spire, c’est la construction, le devenir d’une entreprise de transport interstellaire. D’où vous est venu cette idée ? Avez-vous souhaité relier vos différents mondes ou est-ce dans un autre but, pour illustrer autre chose qui vous tenait à cœur ?
Laurent Genefort : Spire a été en effet l’occasion pour moi d’explorer mon univers des Portes de Vangk non pas via une ou deux planètes, comme j’avais coutume de le faire, mais des dizaines. L’idée m’est venue de la lecture d’un livre sur l’Aéropostale. Transposer la conquête de l’air dans l’espace lointain avait un côté « retour aux sources » qui m’excitait : comment rester moderne, tout en empruntant au space opera le plus classique.

"Les navis sont à la fois très humains, intensément humains même, et en marge de l’humanité ordinaire."

Actusf : Ces navis, qu’est-ce qu’ils ont de spécifique en tant que personnages ? Quelles sont leurs singularités ?
Laurent Genefort : Les navis sont singuliers par rapport aux humains planétaires parce que ce sont des natifs de l’espace, très adaptés à leur milieu mais handicapés dès qu’ils touchent terre. Ils incarnent une sorte de paradoxe : ils sont indispensables à la survie des colons, c’est-à-dire des planétaires, alors qu’eux-mêmes seraient incapables de vivre à long terme sur lesdites planètes. Leur sort a quelque chose de tragique qui m’a paru intéressant. Les navis sont à la fois très humains, intensément humains même, et en marge de l’humanité ordinaire.

Actusf : Peut-on y voir une analyse de notre monde libéral ? Vous en profitez aussi, dans Spire, pour réutiliser des thèmes que vous avez traité dans d'autres romans, notamment l’altérité. Est-ce qu’il y en a certains qui ont une importance particulière ?
Laurent Genefort : L’univers de la Panstructure traite de la mondialisation ultralibérale depuis le tout premier roman, à la fin des années 80. Spire traite plus largement du capitalisme et sa tendance monopolistique. Et, plus largement encore, de toute structure d’activité humaine qui tend à se dénaturer et à poursuivre ses intérêts propres, à la manière d’un organisme indépendant.
 
Actusf : Les Portes de Vangk sont un des éléments clé de l'organisation de votre univers. Pouvez-vous nous en  expliquer le fonctionnement ?
Laurent Genefort : Les Portes sont situées dans différents systèmes stellaires de la Voie Lactée ; le réseau en compte une vingtaine de milliers ; la partie matérielle d’une Porte est constituée d’un anneau d’un kilomètre et demi de rayon ; il suffit, pour se rendre dans un système, de franchir un anneau à une certaine vitesse, qui correspond à la Porte de sortie. Rien de plus simple comme fonctionnement. En revanche, les constructeurs des Portes, appelés les Vangk pour une raison perdue dans les replis du passé, restent une énigme. Pour le reste, suivez les indices semés dans les romans !

"L’idée des Portes de Vangk et la manière de voyager sont présentes dès mon tout premier roman. Ce réseau constitue surtout une formidable matrice d’histoires, ouverte dans le temps comme dans l’espace."

Actusf : Finalement, cette idée de voyager à travers l'univers, est-ce une façon de vivre un rêve ?
Laurent Genefort : L’idée des Portes de Vangk et la manière de voyager sont présentes dès mon tout premier roman. Ce réseau constitue surtout une formidable matrice d’histoires, ouverte dans le temps comme dans l’espace. Certains navis poursuivent des rêves – Cornelis, par exemple, a sa quête propre qui est de découvrir des traces de l’existence des Vangk, et cela leur confère une dimension romantique. Mais j’ai tenu à montrer les navis sous une lumière crue, parfois triviale. L’espace est un milieu hostile, et la vie au quotidien y est rude, asservie à de multiples corvées.

Actusf : Lorsque vous écrivez, vous avez toujours un plan ou laissez-vous votre plume vous guider ?
Laurent Genefort : Je n’ai pas de plan scripté, mais je ne m’aventure pas non plus en pleine nature sans biscuits. Je remplis des carnets de notes dans lesquels j’inscris noms, idées, bouts de dialogues, éléments descriptifs, etc. Souvent, l’histoire émerge d’elle-même.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Est-ce la fin de Spire ou est-ce qu'une nouvelle porte va s'ouvrir ?
Laurent Genefort : Je vais probablement laisser le space opera de côté quelque temps. Je travaille à des projets BD, à une uchronie littéraire à la P.J. Farmer, et à un roman d’anticipation pour le Bélial’. Mais le space opera reste primordial – primal – chez moi. J’y reviendrai forcément, peut-être via Omale.


 

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