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Divergences 001

Fabrice Colin ( Auteur), Laurent Genefort ( Auteur), Johan Heliot ( Auteur), Paul J. McAuley ( Auteur), Michel Pagel ( Auteur), Pierre Pelot ( Auteur), Roland C. Wagner ( Auteur), Jean-Marc Ligny ( Auteur), Benjamin Carré (Illustrateur de couverture), Alain Grousset (Anthologiste), Xavier Mauméjean ( Auteur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/2008  -  jeunesse
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Divergences 001

L'uchronie c'est une Histoire revisitée, une nouvelle lecture du passé dans laquelle l'auteur nous invite à imaginer, à réfléchir : que se serait-il passé si...? Il ne s'agit pas de parler de voyages dans le temps qui modifient le passé, ni de projeter le lecteur dans un futur inventé. Le but est uniquement de se poser une simple question, d'appliquer une seule divergence avec ce que nous savons de l'Histoire, puis d'essayer d'en déduire ce qui aurait pu se passer ensuite.

L'éditeur Flammarion lance une collection nommée Ukronie et dédiée entièrement à ce genre un peu particulier d'exercice littéraire. Et pour commencer avec panache, Alain Grousset, le directeur de cette nouvelle collection, a invité huit auteurs reconnus à imaginer une situation, une variation qui pourrait avoir modifié la trame d'un futur qui est notre passé. Avec en prime une nouvelle venue d'Angleterre et écrite par Paul J. McAuley.

Une variété de passé alternatifs

Chacun des textes proposés s'attaque à une période particulière de notre histoire, modifiant un événement charnière du passé. Depuis Noë faisant naufrage jusqu'à une Angleterre partie à la conquête de l'espace, en passant par la mort prématurée d'Henri IV ou une Marie Curie impliquée dans la lutte contre le pouvoir, les divergences créent chaque fois un avenir différent.
Napoléon, Hitler ou Cléopatre voient leur vie bousculée par un détail, une variation qui, en faisant boule de neige, peut plus tard provoquer un bouleversement total du monde entier.

Un exercice périlleux

Écrire une nouvelle parlant d'uchronie est un exercice difficile, car il demande la conjonction simultanée de plusieurs qualités. Tout d'abord l'auteur doit trouver le bon levier, le point d'appui qui fera diverger son Histoire de celle qui nous est enseignée. Puis il doit imaginer de quelle manière le changement impactera la suite de la vie des personnages, des pays ou de notre monde.
Mais le plus dur est de rendre intéressant le texte, d'accrocher le lecteur, de le passionner pour Napoléon à la conquête de l'Amérique ou une histoire d'amour dans la préhistoire. Il faut à la fois tout expliquer, depuis le contexte et l'événement qui sert de prétexte jusqu'au futur créé, sans trop embrouiller et compliquer la lecture.

Une large palette de résultats

Évidemment, chacun des auteurs a été libre de son écriture et de ses idées. Ainsi, nous avons droit à une large variété de situations. Mais nous nous trouvons aussi confrontés à un panel de réussites aux résultats variables.

Si Roland C Wagner s'en tire honorablement – sauf une fin un peu tirée par les cheveux – et Johan Heliot invente avec bonheur un XIXe siècle totalement chamboulé, d'autres visiblement s'en sortent moins bien. Ainsi Pierre Pelot, malgré une idée décalée et amusante, ne nous donne rien qu'un texte sans aucun intérêt car sans substance ni passion. Il semble que, travaillant sur commande, il se soit ennuyé – autant que nous – et contenté du minimum.

Jean-Marc Ligny se perd, lui, dans les brumes des drogues que fument ses personnages mais réalise une nouvelle tendre et attachante, alors que Fabrice Colin nous sert une histoire plus équilibrée, une réjouissante inversion sur l'esclavage. Laurent Genefort assure aussi un texte de qualité alors que Xavier Mauméjan mélange mystique, Reich et Amérique sans totalement convaincre.

Le plus réussi des textes est sans conteste celui de Michel Pagel. L'intérêt de sa nouvelle est qu'il ne nous parle que peu de la mort d'Henri IV, pour en fait jouer avec nombre de personnages connus (Richelieu, Sully, Corneille...) et des lieux mythiques. Il s'agit presque d'une parodie, d'un jeu de piste dans lequel les indices traînent comme des clins d'œil à disposition de qui souhaite les saisir. Et c'est peut-être là que la notion d'uchronie prend tout son sens, rend le mieux lorsqu'il ne s'agit que d'un jeu.

Un début de collection à confirmer

Avec ce début intéressant bien que par moment imparfait, Ukronie démarre bien. Toutefois la lecture des textes montre que ce ne sont pas toujours les auteurs les plus renommés qui se sortent le mieux d'exercices littéraires contraints. Espérons qu'en faisant place aux talents les plus variés, Alain Grousset saura faire grandir sa collection.
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