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Dossier Fiction : Aurélien Police
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Dossier Fiction : Aurélien Police

Actusf : Comment as-tu travaillé graphiquement pour cette nouvelle formule de Fiction ? Dans quelle direction avais-tu envie d'aller ? 
Aurélien Police : Imaginer l'habillage graphique d'une revue était une chose à laquelle je ne m'étais pas encore confronté. Et pour cause, je suis à la base plus illustrateur que graphiste ou designer. Il y a des différences bien tangibles entre ces activités. Malgré cela, l'occasion était trop belle et j'ai vu au travers de cet appel d'offres la possibilité d'explorer de nouvelles voies. Je me suis donc lancé dans l'aventure, étudiant les quelques mooks qui me tombaient sous la main, furetant dans les livres et sur Internet pour étudier les designs marquants de ces dernières décennies. Et je me suis rapidement rendu compte d'une chose : c'était que je n'y connaissais rien ; j'étais totalement ignorant en matière de maquettage, tant théorique que technique. A partir de là, j'ai compris que si je voulais tirer mon épingle du jeu, il allait falloir proposer quelque chose qui aille dans une direction qui m'était un tant soit peu familière. D'où cette maquette, que j'ai qualifiée de « Rorschach », qui relève davantage de l'illustration. Ces taches qui jalonnent la revue et habillent les photos permettent une véritable souplesse en terme d'agencement de contenu tout en assurant la cohérence visuelle de la revue. De plus, les taches d'encre, selon l'usage qu'en a justement fait Rorschach pour ses fameux tests me semblaient coller parfaitement à l'esprit de Fiction : on peut y puiser et projeter toute sorte d'images, de symboles... Les formes que l'on croit y voir sont un véritable vivier pour l'imaginaire. De plus, leurs imperfections couplées aux textures de papier permettent de souligner l'aspect « matériel » de la revue. A une époque où tout est souvent trop parfait et correctement aligné, cette recherche de matérialité, ce désir d'approximation me semblaient faire sens. Autre avantage, la maquette permet d'injecter du contenu visuel sans qu'il ne perturbe le texte comme pourrait le faire une photo. Car ici, c'est avant tout la lecture qui doit être valorisée.
 
Actusf : Comment as-tu composé les visages pour la couverture mais aussi les interviews ?
Aurélien Police : J'ai utilisé la même technique que pour mon travail d'illustration habituel : photos, peinture numérique, 3D et Photoshop pour mélanger le tout. Pour la couverture, l'idée est de proposer à chaque numéro un portrait de l'auteur qui est mis en avant au sein de la revue. L'écrivain, à part quelques stars, est rarement connu physiquement, même si, il est vrai, on assiste depuis peu à une véritable invasion de ces bandeaux qui se superposent aux couvertures des romans et qui jouent ce rôle de trombinoscope. Mais l'idée, ici, plus que de le représenter, est de le suggérer, de donner un ressenti graphique de son ou de ses univers personnels. De même, chaque numéro se verra attribuer une couleur dominante différente qui aura des répercussions sur l'ensemble de la maquette. Rien n'est figé, l'habillage graphique est évolutif.
 
Actusf : Même question pour les différentes rubriques ?
Aurélien Police : Les habillages des rubriques sont une variation autour du thème central des taches d'encre. J'ai simplement cherché à les agencer de différentes façons pour leur donner un certain dynamisme tout en y injectant de petits détails qui viennent illustrer le contenu de telle ou telle rubrique. 
 
En tant que graphiste, quelles sont les difficultés d'avoir la charge de tout une revue ?
Pour ma part, la plus grande difficulté a été de me former au logiciel de mise en page Indesign. Je n'y avais jamais touché jusqu'à présent. J'ai donc appris à m'en servir tout en travaillant sur la conception des gabarits de la revue, et je suis encore très loin d'en avoir fait le tour.
 
Actusf : Que représente Fiction pour toi ? Qu'est-ce qui t'a donné envie de dire oui au projet ?
Aurélien Police : Je connaissais Fiction de nom, mais je n'avais jamais eu d'exemplaire de cette revue entre les mains. A ma décharge, je ne me suis mis à la SF que sur le tard. Je suis bien évidemment très heureux de rejoindre l'équipe qui en a désormais la charge et lui permet de perdurer ainsi depuis tant d'années. Quant à la motivation, outre l'histoire entourant cette revue et les perspectives tracées par cette nouvelle mouture, le désir de m'essayer à quelque chose de nouveau est déjà un très bon moteur en soi.
 
Actusf : Dernière question, sur quoi travailles-tu ? Quels sont tes projets ? 
Aurélien Police : Pas mal de couvertures faites dernièrement pour Denoël Lunes d'Encre, Les Moutons Électriques, Flammarion, Mnémos, le Bélial' ou Folio SF. Certaines ont déjà été publiées, d'autres sont à venir. Également quelques illustrations pour l'événementiel avec le Centre des Monuments Nationaux, et pour la musique, principalement outre-atlantique. Et enfin, un gros morceau, puisqu'il s'agit d'un projet de roman graphique - encore quelque chose de totalement nouveau pour moi - mais il est encore bien trop tôt pour entrer dans les détails.
 
 

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