Richard D.Nolane, issu du fandom de la science-fiction française, a fait ses premières armes dans les revues Univers ou Fiction en que critique, puis auteur. On lui doit également des essais sur les serials killers, le paranormal ou les séries télévisées. Nolane est aussi devenu auteur pour le neuvième art et connait ces dernières années un certain succès avec les séries de l’univers Wunderwaffen, surfant ainsi sur la mode de l’uchronie. Scénariste adroit, Nolane réussit ici à nous surprendre.

L’uchronie enracinée dans l’histoire

Space Reich part du postulat suivant : suite à l’élection de Charles Lindbergh, les Etats-Unis ont décidé de rester à l’écart du conflit et le IIIe Reich a battu la Grande-Bretagne et l’URSS. Pour autant, les américains décident de tout faire pour envoyer une fusée dans l’espace et défier Hitler et son ingénieur préféré, Von Braun. Les américains décident d’enlever le russe Korolev et le français Jacques Bergier pour accélérer leurs préparatifs. Pendant ce temps, Hitler, qui a obtenu des français Laval et Darlan d’installer ses bases de lancement sur la côte française, est loin d’avoir dit son dernier mot…

La recette d’une réussite

Comme l’a laissé entendre Jo Walton, auteur d’un remarquable Cercle de Farthing, la réussite d’une uchronie résulte d’une alliance entre histoire et fiction, d’un dosage très subtil entre les faits et l’imagination. Ici c’est le cas, l’uchronie sonne crédible : rappelons que Lindbergh fut très populaire (et Philip Roth en a tiré un grand roman, le complot contre l’Amérique), que Von Braun était effectivement un ingénieur génial (après les V2, ce fut Appolo). Nolane n’hésite pas à faire intervenir dans le récit des personnages célèbres : Von Braun, Hitler, les collabos français mais aussi le général de Gaulle (grâce auquel survient le cliffhanger), d’où un surcroit de véracité. Le premier tome plaît, espérons que le second sera du même tonneau !