Né à Lyon en 1969, Alain Damasio a connu un joli succès avec La Horde du Contrevent, son deuxième roman, vendu à plus de 50 000 exemplaires et lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire en 2006. Depuis on a pu lire une poignée de nouvelles et la réécriture de son premier roman La Zone du Dehors paru aux éditions de La Volte. Alain Damasio est un auteur rare, à la bibliographie clairsemée, mettant souvent plusieurs années pour écrire et fignoler chaque roman, le prochain étant en cours de conception (Il travaille également sur un jeu vidéo). C'est aussi un auteur engagé, chacun de ses textes portant un message politique, plutôt marqué à gauche. C'est d'ailleurs l'un des auteurs qui a lancé l'idée d'Appel d'Air, un recueil de nouvelles de science fiction sur le programme politique de Nicolas Sarkozy lors des dernières élections présidentielles, une manière d'inviter la littérature dans le champ du réel, même lorsque les textes sont au futur.
De leur côté, les éditions Organic, basées dans la banlieue de Lyon, développent depuis quelques années des « livres graphiques », véritable lieux de rencontre entre un auteur et un artiste, les deux s'influençant pour réaliser un volume. Jusqu'ici seule Li Cam avait assuré la charge des nouvelles publiées dans cette collection nommée « Petite Bulle d'Univers ». Alain Damasio est donc leur premier invité. L'artiste, Philippe Aureille, avait lui déjà travaillé sur les premiers numéros...
El Levir et LE Livre
El Levir est un scribe de haut vol qui va s'attaquer à un défi gigantesque : écrire le Livre ultime, sous la dictée des Valets de Matière. Les règles en sont strictes même si la forme est libre. Il faut par exemple doubler la taille des lettres tous les deux mots et ne jamais répéter les supports. À lui de trouver comment, quitte à utiliser la nature et à voir très grand. Autant dire qu'il va lui falloir de l'imagination et du courage pour mener à bien ce que personne n'a réussi jusqu'ici : terminer le livre. L'œuvre d'une vie.
La Littérature, matière mouvante
En racontant l'histoire d'un livre ultime, Alain Damasio emprunte le thème du « Grand Livre » à Stéphane Mallarmé. C'est un peu la quête d'absolu de l'écrivain, une sorte de mise en abyme des raisons qui poussent son héros à raconter une histoire, quel que soit le support. Dans ce volume, Damasio fait de la littérature une matière mouvante et insaisissable pour laquelle seul l'acte d'écrire compte, l'important étant la beauté de la forme plutôt que le fond. D'ailleurs le récit d'El Levir s'efface et est par essence éphémère. L'image est belle et si le début est un peu poussif (lorsque le héros prend ses instructions), l'histoire devient enthousiasmante lorsqu'il commence son grand œuvre. Un thème qui s'inscrit parfaitement dans la bibliographie d'Alain Damasio, grand raconteur d'histoires mais aussi styliste capable d'évoquer avec brio des images sublimes. Son texte est par ailleurs joliment mis en valeur par le travail de Philippe Aureille et de toute l'équipe des éditions Organic. La mise en page est superbement travaillée, sur des fonds souvent noirs avec des textures étonnantes. Au final, on saluera une nouvelle fois cette initiative qui détonne dans l'édition. Les livres des éditions Organic sont des objets aussi rares et précieux que les textes d'Alain Damasio. Une vraie démarche artistique, une belle initiative que l'on soutient d'autant plus volontiers que le récit est à la hauteur de la forme. Une jolie petite réussite.
De leur côté, les éditions Organic, basées dans la banlieue de Lyon, développent depuis quelques années des « livres graphiques », véritable lieux de rencontre entre un auteur et un artiste, les deux s'influençant pour réaliser un volume. Jusqu'ici seule Li Cam avait assuré la charge des nouvelles publiées dans cette collection nommée « Petite Bulle d'Univers ». Alain Damasio est donc leur premier invité. L'artiste, Philippe Aureille, avait lui déjà travaillé sur les premiers numéros...
El Levir et LE Livre
El Levir est un scribe de haut vol qui va s'attaquer à un défi gigantesque : écrire le Livre ultime, sous la dictée des Valets de Matière. Les règles en sont strictes même si la forme est libre. Il faut par exemple doubler la taille des lettres tous les deux mots et ne jamais répéter les supports. À lui de trouver comment, quitte à utiliser la nature et à voir très grand. Autant dire qu'il va lui falloir de l'imagination et du courage pour mener à bien ce que personne n'a réussi jusqu'ici : terminer le livre. L'œuvre d'une vie.
La Littérature, matière mouvante
En racontant l'histoire d'un livre ultime, Alain Damasio emprunte le thème du « Grand Livre » à Stéphane Mallarmé. C'est un peu la quête d'absolu de l'écrivain, une sorte de mise en abyme des raisons qui poussent son héros à raconter une histoire, quel que soit le support. Dans ce volume, Damasio fait de la littérature une matière mouvante et insaisissable pour laquelle seul l'acte d'écrire compte, l'important étant la beauté de la forme plutôt que le fond. D'ailleurs le récit d'El Levir s'efface et est par essence éphémère. L'image est belle et si le début est un peu poussif (lorsque le héros prend ses instructions), l'histoire devient enthousiasmante lorsqu'il commence son grand œuvre. Un thème qui s'inscrit parfaitement dans la bibliographie d'Alain Damasio, grand raconteur d'histoires mais aussi styliste capable d'évoquer avec brio des images sublimes. Son texte est par ailleurs joliment mis en valeur par le travail de Philippe Aureille et de toute l'équipe des éditions Organic. La mise en page est superbement travaillée, sur des fonds souvent noirs avec des textures étonnantes. Au final, on saluera une nouvelle fois cette initiative qui détonne dans l'édition. Les livres des éditions Organic sont des objets aussi rares et précieux que les textes d'Alain Damasio. Une vraie démarche artistique, une belle initiative que l'on soutient d'autant plus volontiers que le récit est à la hauteur de la forme. Une jolie petite réussite.