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Etoiles mourantes

Yal Ayerdhal ( Auteur), Jean-Claude Dunyach ( Auteur), Gilles Francescano (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/11/2002  -  livre
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Etoiles Mourantes - 2

Voici un livre ambitieux, né de la rencontre entre deux hommes : Ayerdhal et Jean-Claude Dunyach. Le premier est l'auteur de nombreux grands succès de la science fiction francophone. Il a publié quelques chefs-d'œuvres (La bohème et l'ivraie, Demain une Oasis, Le chant du drille…) et reçu de nombreux prix littéraires. Jean-Claude Dunyach est lui beaucoup plus porté vers la nouvelle. Il a publié relativement peu de romans et de recueils, mais le talent est bien là. Il n'y a qu'à lire Déchiffrer la Trame pour s'en convaincre. Evidement, la réunion des deux semblait intéressante. A l'époque les critiques avaient été bonnes, voire même enthousiastes. La quatrième de couverture expliquait qu'ils avaient mis quatre ans pour l'écrire, signe qu'ils n'avaient pas fait le roman à la sauvette. Et en plus, le Prix Tour Eiffel de Science Fiction venait de récompenser ce travail. Autant dire qu'Etoiles Mourantes semblaient un livre à lire absolument.

Résumons...

L'humanité, comme toujours, a eu du mal à conserver son hégémonie. Après avoir colonisé quelques planètes, les hommes ont recommencé à vouloir s'entretuer, au point que les animaux-villes ont décidé de les séparer aux quatre coins de la galaxie. Ces bestioles au nom bizarre, sont de gigantesques organismes qui se sont posés sur différentes planètes. Enormes, possédant des parois chitineuses et solides, elles constituent souvent un abri parfait pour les hommes. Leur corps a en effet une forme idéale pour devenir une ville humaine.

Les animaux-villes, êtres énormes à la sagesse infinie

Mais il ne faut pas se méprendre et les imaginer comme de gros mollusques. Leur taille n'a d'égale que leur intelligence. Les animaux-villes sont des êtres pleinement conscients et dépositaires d'une ancienne forme de sagesse ancestrale. Elles ont un faible prononcé pour les humains, ces petites choses qui vivent le temps d'une étincelle, mais qui génèrent une activité plaisante. Aussi, lorsqu'elles les ont vu s'entre-déchirer, elles les ont dispersés parmi les étoiles en quatre branches, à des distances suffisantes pour que toute invasion d'un camp par l'autre soit impossible. Mais le temps, plutôt que d'atténuer les différences, les a accentuées. Chaque groupe a, au fil des générations, développé sa propre culture et ses propres moeurs.

Une armure comme une seconde peau

Le premier d'entre eux est le peuple des mécanistes. Ils se sont lancés à corps perdu dans l'amélioration de leur technologie. Leur société est hyper hiérarchisée et sacrement machiste. Les femmes sont largement tenues à l'écart du pouvoir. C'est le culte de la force qui prime. D'ailleurs, le privilège suprême pour les hommes est de recevoir une armure. Seuls quelques apprentis talentueux (et masculin bien sur...) peuvent espérer en endosser une.

Une fois qu'ils s'en sont vêtus, ils ne peuvent plus s'en défaire. Elles sont comme une seconde peau. Heureusement ou malheureusement pour eux, la magie de la technique a rendu ces armures conscientes et totalement dévouées à leur porteur. Les mécanistes sont donc un peuple tourné vers la guerre. Comme il n'y a que les autres rameaux de l'humanité à conquérir, c'est à eux que leurs plans de conquêtes sont destinés. En cas d'attaque, aucune des autres branches ne saurait véritablement leur résister. Seule la distance est garante d'une protection efficace.

Ce ne sont pas, par exemple, les originels qui feront de bons soldats luttant pied à pied contre eux. Ils vivent au milieu des fantômes ! Ils ont développé une spécificité tournée vers une forme d'immortalité. Leur technique permet de recueillir l'âme d'un mourant et de constituer une espèce de spectre (une personnae) qui possède le caractère et les souvenirs de la personne. Chez les originels, il y a dix fois plus de morts que de vivants qui déambulent dans les rues ! Evidemment, ils sont un peu détachés des choses matérielles.

Les connectés se sont tournés vers le monde fabuleux des ordinateurs, au point d'avoir une petite flagelle à la base de la colonne vertébrale, prête à se connecter sur la matrice. Chacun peut ainsi avoir accès à des tonnes d'informations de manière presque instantanée. Mais laissez un connecté quelques heures sans recevoir le flot de données de la matrice, et il risquera la mort par asphyxie. Heureusement pour eux, ils ont toujours une connexion à portée de flagelle, ce merveilleux produit de l'évolution. Que la nature est bien faîte...

La dernière branche est celle des organiques. Ils vivent eux en symbiose avec un organisme parasite que l'on appose sur la nuque des nouveaux nés. Le symbiote gère les paramètres corporels et permet à son porteur de modifier son apparence à volonté, et de survivre en cas de pénurie. C'est le peuple le plus en adéquation avec les animaux-villes.

Comme une humanité divisée en quatre, c'est bien triste, les animaux-villes ont décidé de rassembler des membres de chaque rameau pour assister à la mort d'une étoile. C'est le temps des retrouvailles. Etoiles Mourantes nous conte une de ses rencontres cruciales, entre les différents représentants de l'humanité et les histoires croisées de Tecamac le mécaniste, Nadiane la connectée, Tachine et Erythrée les organiques et Gadjio l'originel.

Riche, presque trop

Je peux difficilement vous en dire plus sans m'enfoncer dans des longueurs infernales. Etoiles Mourantes est un livre riche, presque trop. A trop vouloir en faire, le texte manque un peu d'action et de rythme. Au final, cela donne donc un livre agréable mais long, avec un côté difficile d'accès. Ce n'est pas un livre que l'on peut lire à la va-vite coincé entre une petite vieille et un jeune cadre dynamique dans le RER (j'ai essayé, c'est pas terrible... ), et il est vrai que je suis souvent revenu en arrière. Il vaut mieux prendre son temps pour ne rien louper. C'est pourtant le genre d'argument qui peut séduire un certain public. Si vous en faites partie, vous ne serez pas déçu.

Pour ma part, j'avoue qu'avec le temps, je suis plus indulgent avec Etoiles Mourantes. Oubliés les grattages de tête désolés en songeant " Et zut, j'ai loupé un truc ! J'ai plus qu'à me retaper les deux dernières pages... ". Oubliées les envies furieuses d'action dans le récit (" mais ils vont arrêter de parler bordel ! ! ! "). Oubliés les regards désolés sur le nombre de pages (" Bon, plus que 300 pages... "). Il me reste aujourd'hui le souvenir d'un livre touffu, long, mais pas désagréable dans l'ensemble. Finalement, j'avais peut-être besoin de le digérer. Ca aussi, c'est éventuellement un argument...

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