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Famille et Cie

J. Paternoster (Illustrateur de couverture), Charles Stross ( Auteur), Patrick Dusoulier (Traducteur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/10/2007  -  livre
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Famille et Cie

Suite des aventures des Princes-Marchands, ces traverseurs d'univers à la morale élastique sortis de l'imagination, qui ne risquait – pour le coup – pas la surchauffe, de Charlie Stross, le petit prodige le plus survendu de la SF&F britonne.

Une suite qui aurait aussi dû être la fin de cette série qu'on trouvera, au mieux et avec le vent dans le dos, sympatoche. Mais emporté par son élan, Stross a déjà commis un quatrième tome, et en annonce deux autres dans la foulée. Résultat, nous nous retrouvons encore avec une de ces pénibles sagas à rallonges et présentement avec ce qu'il est d'usage d'appeler un tome de transition.

Previously on 24

Retour sur Miriam Beckstein – alias Helge voh Thorold de Hjorth du Gruinmarkt – comtesse tardive et membre rebelle du Clan, cette alliance de familles qui ont l'étrange faculté de marcher entre différents pans de réalités.

Sous l'impulsion de son chef de la sécurité, le Duc Angbard, le Clan tente de se reconstruire après le raid mené à la fois dans sa réalité par ses cousins éloignés de Nouvelle-Bretagne, et aux États-Unis par les fédéraux, opportunément renseignés par le propre adjoint du duc. La débandade n'est évitée que de justesse.

En attendant une alliance plus pérenne, un modus vivendi a été trouvé avec cette famille jadis perdue dans une sorte d'Angleterre post-victorienne, et Miriam, en probation, a tout le temps pour pleurer la mort de Roland, son amant.

Chez nous, Matthias, l'ex-machiavélique secrétaire du Duc, s'est rendu à la DEA, pour échapper à la vindicte de ses anciens employeurs. Il livre un à un tous les secrets des familles à ses agents traitants, Mike Fleming et Pete Garfinkle. S'ils finissent par accepter cette histoire de mondes parallèles qu'il leur sert, ils ont longtemps été incrédules. D'autres par contre n'ont pas eu leurs hésitations. C'est ainsi que les deux agents de la DEA vont se retrouver intégrés à une task force placée sous l'égide de la NSA, et qui semble bien décidée à mettre un terme définitif aux activités du Clan.

De son côté, Miriam risque bien de devoir épouser le fils handicapé mental du roi du Gruinmarkt, histoire de faire oublier sa dernière bévue : avoir mis son nez dans les affaires les plus secrètes du Duc Angbard.

Décontractant musculaire

Rien donc, ou si peu, ne change sous l'horizon morne de cette série convenue, flatteusement mise en valeur par la réputation largement usurpée de son auteur, le très übergeek Charles Stross.

Le nouveau rythme de cette série qui, partie en demi-fond devra s'achever comme un semi-marathon, nous fait perdre les avantages d'une plume qui avait un peu perdu de sa platitude. S'étant ouvert des perspectives sur – au moins – trois autres volumes, Stross va désormais à un train de sénateur. Au point qu'il ne se passe pas grand chose dans ce troisième tome. Tout juste si les éléments d'intrigues à venir prennent-ils forme. Un tome de transition, vous disais-je.

Il est en revanche plusieurs aspects sur lesquels le doute n'est plus permis. Tout d'abord le manque d'originalité certain de la série. On reconnaît Zelazny, Farmer ou King, pour ne citer que les plus évidents, derrière cette histoire de "marcheurs d'univers". Le lifting, assez facile d'ailleurs, ne tient plus. Il est acquis (et c'est là un autre des points sur lequel ce tome dissipe tout doute) que la dimension politico-économique de son histoire n'est guère qu'un alibi, que Stross néglige d'ailleurs totalement dans ce Famille & Cie. Au lieu donc, de tenter de parfaire ce background simpliste qui ne convainquait guère dans les précédents tomes, il laisse la part belle aux intrigues de palais et aux tribulations tribulentes à la mode fantasy. Parfois même jusqu'au grotesque, lorsque, par exemple, on apprend que l'agent Fleming est un ex de son héroïne. Un coup du sort tellement incroyable, qu'on n'y croit tout simplement pas.

La série des Princes-Marchands est donc, indubitablement, une perverse perte d'un précieux  temps de lecture. Perverse, car si c'est sans enthousiasme qu'on la lit, c'est sans déplaisir non plus. Sachant que mon triste destin va être de chroniquer les suivants, je m'efforce de graver dans ma mémoire les grandes lignes de l'intrigue, mais j'ai de sérieux doutes pour ceux qui ne sont pas en service commandé. La série est une sorte de cas d'école du sitôt lu, sitôt oublié. Anodine, globalement insipide, c'est un équivalent papier de désodorisant toilettes : c'est mieux quand il y en a que quand il n'y en a pas, c'est bien au chevrefeuille, mais si c'est "Fraîcheur des îles", c'est bien aussi. Juste une senteur synthétique de plus en linéaire, donc.

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