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Heureux qui comme Ulysse

Olivier Peru (Scénariste), Sébastien Lamirand (Coloriste), Geyser (Dessinateur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 24/08/2016  -  bd
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Heureux qui comme Ulysse

Soleil publie le second album de la série Androïdes dont, à chaque tome, un androïde est le héros. Le premier album, Résurrection, paru en juin 2016 était une réussite. Ce dernier, à l’ambiance totalement différente, n’est pas moins bon. Cette fois-ci, ce sont Olivier Peru et Geyser qui sont aux commandes, pour la plume et le crayon.

Olivier Peru a travaillé sur Shaman, sur les scénarios de Lancelot et de Zombies. Il est également scénariste de Assassins in nomine, Nosferatu et La guerre des orcs. Après avoir illustré le jeu de rôle Oxiol et assuré la conception graphique des décors du jeu Silverfall, Geyser, dessinateur SF, a réalisé la trilogie Omnipolis et les albums 4 et 5 de la série Agents intergalactiques.
 
Une course contre le temps
 
Transporter pour la première fois des enfants dans l’espace n’a pas porté chance à l’ISS OXYGEN. Conçu au XXVème siècle pour coloniser de nouvelles planètes, il est à moitié détruit par une pluie de débris de comète, alors même qu’un premier enfant venait de naître dans l’espace : ce sera après quelques temps le seul survivant à bord avec un androïde-sitter, raconteur d’histoires, et l’intelligence artificielle supérieure du vaisseau en perdition. Seule solution : faire machine arrière et revenir sur Terre.
 
Seulement voilà : il faut mille ans pour revenir à la maison et même en stase (hibernation), un humain vieillit d’un an tous les dix ans. Sans compter que pendant ce temps, sur Terre, le temps bat plus vite…
 
Des androïdes au chevet de l’humanité
 
Ce second album est original. Il joue astucieusement des paradoxes temporels : un voyage interminable, une hibernation qui n’est qu’un ralentissement du temps, une Terre où la civilisation a eu le temps de basculer vers autre chose. Chaque cohorte de passagers de l’ISS Oxygen travaille un an puis se repose en stase trente ans. A une échelle de mille ans, seule l’IA du vaisseau et l’androïde préféré des enfants, AC7+, paraissent immortels. Ce sont donc eux qui conduisent les opérations et qui ont en charge le sort d’une partie de l’humanité. Les flashbacks, les transitions de séquence et les dialogues sont clairs et bien ancrés dans le récit.
 
Dans la seconde partie, la rencontre sur Terre d'hommes d’un autre genre va mettre à rude épreuve les talents de raconteur d’histoires (et d’Histoire) et d’éducateur d’AC7+. Sans trop en révéler du scénario, il y a davantage d’humains, davantage d’action, c’est la partie la plus optimiste du récit, mais ce n’est pas la plus originale. L’atmosphère dans son ensemble est assez triste, les androïdes, même s’ils ont un affect atrophié, sont tristes pour l’humanité, tristes pour ce qu’elle est devenue et pour ce qu’est devenu le dernier passager. Cette ambiance n’est pas sans rappeler celle de Supertoys de Brian Aldiss ou d’A.I. de Spielberg.

Les dessins sont au service de l’intrigue et la portent avec une certaine efficacité. Le vaisseau, l’androïde, les vues de l’espace, les vestiges du monde ancien sont très réussis. Les corps sont dessinés un ton en-dessous. Les visages des gamins sont trop caricaturalement mangas (yeux énormes), les corps sont trop musclés, trop dessinés (trop de traits et trop d’ombres) et pas assez réalistes. Les couleurs (Sébastien Lamirand) sont variées, avec une légère dominante bleue comme souvent en SF et ne sont pas trop sombres. Elles participent totalement du plaisir de lecture. La couverture est belle, mais, comme pour le premier tome, elle ne représente pas l’esprit et le sens de l’album.

C’est, quoi qu’il en soit, un bel album, de la bonne science-fiction, qui vous fera passer un bon moment en compagnie de deux bienveillantes intelligences. La série en viendrait presque à nous faire regretter de ne pas être nous-mêmes un peu artificiels... 

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