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ITW Oisin McGann - VF
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ITW Oisin McGann - VF

ActuSF : Nous vous avons découvert en France ces derniers mois. Quand avez vous commencé à écrire ? Et pourquoi avez-vous choisi la Science Fiction, le Fantastique et la Fantasy ?
Oisin McGann : J’écris depuis l’enfance. Sans doute depuis mes six ou sept ans. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu écrire. J’achetais des cahiers d’exercices et je les remplissais de textes et d’illustrations. Je ne crois pas avoir pris la décision de devenir écrivain de SF et de Fantasy — mes histoires relèvent de ce genre, bien sûr, mais je n’ai jamais souhaité me limiter à une étiquette en particulier. Ce que j’apprécie dans la SFF, c’est la possibilité d’inventer de nouvelles règles. Les lecteurs sont très ouverts d’esprit. Ils sont toujours prêts à accepter les trucs les plus improbables, tant qu’on ne leur sert pas une histoire simpliste et une écriture paresseuse. J’adore intégrer des éléments bizarres, dans mes textes.
 
ActuSF : Quels sont les auteurs qui vous ont donné envie de lire et d'écrire de la Fantasy ?
Oisin McGann : Par où commencer ? Quand on lit très tôt, la plupart des histoires contiennent un élément fantastique. J’écris moi-même des livres pour la jeunesse et je garde ça à l’esprit. Plus jeune, j’adorais Tolkien, CS Lewis et Jules Verne; des auteurs de BD comme Alan Moore, Pat Mills et Frank Miller. Plus tard, j’ai découvert des écrivains comme Iain M. Banks, Neal Stephenson ou Terry Pratchett. J’aimais également beaucoup les romans d’horreur de Stephen King, les western de Louis L’amour et les thriller de Craig Thomas, sur la guerre froide. Mais j’étais fan de cinéma, aussi, et tous ces films ont fortement influencé mes romans.
 
ActuSF : Parlez nous de Voraces ? Comment l'idée est-elle née ?
Oisin McGann : Au départ, c’était un roman de pure fantasy, bien plus bizarre, en quelque sorte. Mais à mesure que les idées se sont mises en place, j’ai décidé d’y intégrer un cadre historique. J’avais deux concepts à l’esprit : d’abord le côté impitoyable de la famille, qui jure avec l’étiquette victorienne et ses manières délicates. Puis, l’élément surnaturel. L’incroyable santé des Wildenstern et leur lien avec les mécanimaux — ces machines vivantes qu’on capture comme des animaux sauvages et qu’il faut dompter avant d’espérer s’en servir. J’aime les romans historiques, et la période victorienne est assez fascinante, surtout en Irlande. Aucun écrivain de fantasy n’a jamais rien produit sur cette époque en Irlande, et je me suis dit que la nouveauté intéresserait les lecteurs. Le côté bizarre et tordu des personnages a fait le reste.
 
ActuSF : Comment décririez-vous Voraces en quelques mots ?
Oisin McGann : Un roman de fantasy historique mettant en scène une famille richissime et impitoyable — qui considère l’assassinat de ses propres membres comme un moyen acceptable d’asseoir son ambition. Mais parmi eux, certains refusent cette existence violente. Voraces raconte leur histoire. En plus de cette famille au passé trouble, on trouve ces machines vivantes, dont l’origine reste mystérieuse, et dont le lien avec la longévité surnaturelle des Wildenstern commence seulement à être exploré.
 
ActuSF : Dans le roman, les "monstres mécaniques" sont très surprenants...
Oisin McGann : La plupart des gens considèrent les machines comme des animaux récalcitrants. On hurle sur l’ordinateur, on tape sur la télévision, on se bat contre l’aspirateur et la tondeuse à gazon, on se dispute avec sa voiture. Inventer des machines qui augmentent encore le réalisme de ce genre de conflit me semble assez naturel, et ça procure au roman une saveur surréaliste qui s’approfondit à mesure que la trilogie progresse.
 
ActuSF : Parlez-nous de Nate, comment le voyez-vous ?
Oisin McGann : Nate est un aventurier, mais un aventurier immature. Il déteste sa famille — à quelques exceptions près — et il cherche toujours à fuir ses responsabilités. Il est courageux, voire tête brûlée, mais il n’a pas le coeur très accroché. Les études et les affaires l’ennuient, mais la zoologie le fascine. Surtout les mécanimaux.
 
ActuSF : Comment est née l'idée de la famille Wildenstern ? Leurs règles sont terrifiantes ...
Oisin McGann : Les Règles de l’Ascension représentent le capitalisme poussé à l’extrême. Je ne suis pas anticapitaliste, mais j’estime que nos actes doivent répondre à une certaine éthique. Avec les Wildenstern, je me suis posé la question suivante: comment diriger une famille dont le moteur principal est l’avidité ? C’est de là que viennent les Règles de l’Ascension. Les Wildenstern couvrent l’assassin s’il agit dans le respect des règles. Et j’adorais le contraste entre ces tueurs-nés, leur éducation victorienne et leur image respectable.
 
ActuSF : Vous avez publié sur votre site The vile desire to scream. Les lecteurs peuvent le télécharger gratuitement. Pourquoi cette démarche et que pensez-vous des ebook ?
Oisin McGann : The vile desire to scream se situe entre Voraces et Rapaces, mais on peut le lire indépendamment. Je l’ai conçu comme un outil promotionnel pour la trilogie, un moyen de faire passer le mot, mais aussi pour faire patienter les lecteurs entre les tomes deux et trois. L’avenir de l’édition m’intéresse beaucoup et je considère les ebooks comme un type de support émergeant. À l’instar de la musique et du cinéma il y existe désormais plusieurs manières de consommer un livre. Les livres papiers ne sont pas encore condamnés, mais aujourd’hui, il ne représentent qu’une façon de lire. Pour moi, les frontières entre texte, contenu en ligne, films et réalité virtuelle commencent à se fondre. Cela va profondément modifier la façon de lire et de raconter des histoires. C’est fascinant.
 
ActuSF : Que pouvez-vous dire de The Wisdom of Dead Men à vos lecteurs français ?
Oisin McGann : C’est une suite, bien sûr, mais assez différente du premier. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu Voraces pour l’apprécier, mais ça aide. On retrouve les personnages du premier tome. Tous luttent pour réformer les traditions familiales, pour s’emparer du pouvoir... ou les deux à la fois. On y trouve aussi une société secrète capable d’accomplir de véritables prouesses chirurgicales sur les plus riches, un tueur manipulateur parmi les Wildenstern, ainsi que des femmes mourant de combustion spontanée dans les environs de Dublin. On en apprend un peu plus sur les mécanimaux, sur le passé des Wildenstern et sur leurs propres capacités surnaturelles. J’espère que ce deuxième tome plaira aux lecteurs, malgré son côté provoquant, voire glaçant.
 
ActuSF : Parlez nous de vos projets ? Que peut-on lire dans Mad Grandad et The Forbidden Files ?
Oisin McGann : Ces livres se destinent à un lectorat plus jeune. Ils correspondent en gros à ce que j’aurais aimé lire à cet âge et s’inscrivent dans la lignée des ouvrages de Roald Dahl et du Professeur Branestawn. Mad Grandad est une série d’aventure abondamment illustrée. Chaque tome confronte les personnages de Lenny et Grandad à de mystérieuses découvertes. Les Forbidden Files relèvent de l’horreur, avec une touche comique. Ces livres sont un peu plus longs, avec des illustrations toutes les deux ou trois pages.
 
ActuSF : Sur votre site web, vous dites que vous discutez souvent avec des enfants. Quelles sont vos relations avec eux ? Est-ce important pour vous de discuter avec vos lecteurs ?
Oisin McGann : J’ignore si c’est le cas en France, mais en Irlande, les écrivains jeunesse se rendent très souvent dans les écoles et les bibliothèques. C’est culturel, en quelque sorte. Et comme il n’y a quasiment aucun marketing dans l’édition, ces rencontres sont vitales pour promouvoir un auteur. Je vais dans les écoles primaires et les collèges, j’organise des rencontres ponctuelles ou bien des ateliers plus longs, voire des résidences. C’est important de sortir de sa bulle pour rencontrer les jeunes lecteurs, mais c’est plus pour le contact en lui-même qu’une réelle nécessité d’écriture.
 
ActuSF : Aviez-vous envie de délivrer des sortes de "messages" dans Voraces ?
Oisin McGann : Pas vraiment. Je ne suis pas qualifié pour délivrer un quelconque message moral ou philosophique, mais l’écriture reste un processus intellectuel, et mes livres font écho à mes interrogations. Je crois sincèrement qu’une bonne histoire doit interpeller le lecteur et le pousser à remettre en question le monde qui l’entoure.
 
ActuSF : Sur quoi travaillez-vous ?
Oisin McGann : Je travaille actuellement sur Merciless Reason, le dernier tome de la trilogie. En parallèle, j’avance sur un nouveau roman policier contemporain, et je commence aussi un roman destiné à un plus jeune lectorat. Ça se passe dans un futur proche, dans une société paranoïaque. J’ai aussi quantité d’autres projets sous le coude, dont les troisièmes et quatrièmes livres de la série Armouron. Une série de SF dont j’ai participé à l’élaboration, parallèlement avec une ligne de jouet. J’appréciais beaucoup de genre de chose, quand j’étais jeune, et ce projet m’intéresse tout particulièrement.

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