Léa Silhol croit toujours dur comme fer aux fées et aux mondes de la faérie. Au point de faire appel à quinze auteurs pour nous rappeler quelques instants les contes qui ont bercé notre enfance.
Mais ne vous y trompez pas. Loin de la naïveté des versions Disneyïsantes, ces quinze contes réunis ici renouent avec les histoires d’antan. S’ils sont parfois tendres et poétiques, ils sont souvent durs et ironiques. Citons au passage par exemple la Loi de l’homme de Michelle West et la mort du petit peuple face au christianisme.
On peut aussi évoquer Comment j’ai découvert que mes parents étaient des ogres d’Anne Duguël dans laquelle une petite fille est persuadée qu’en lieu et place des cuisses de grenouilles mijotant dans un plat, il s’agit de cuisses de poupées barbies, crime horrible à ses yeux. Et puis bien sûr, comment ne pas verser quelques larmes sur la nouvelle de Pierre-Alexandre : Le crabe et la fée. Si je vous dis que le crabe évoque le cancer et que le petit garçon qui en est atteint voit une fée alors qu’il est en phase terminale, vous aurez compris qu’ici on ne rigole pas vraiment.
Rassurez-vous, on ne pleure pas tout le temps dans cette anthologie. La diversité des thématiques la rend tout bonnement inclassable dans une librairie. Du fantastique ? Allez au rayon Fabrice Colin et son texte : Passer le pont avec toi. L’auteur a imaginé l’existence d’un pont entre le monde des fées et celui des humains, pont que refuse de franchir l’héroïne. Elle ne veut pas rejoindre son père de l’autre côté si sa mère ne l’accompagne pas ce qui est impossible pour l’instant. Mais le sort du royaume est en jeu et son géniteur se fait de plus en plus pressant. Oscillant entre fantasy et fantastique, cette histoire est une réussite (une de plus) pour Fabrice Colin.
De l’humour et du léger ? Tournez à droite, du côté de Nicolas Cluzeau et son Erreur de jeunesse. D’une manière agréable, il explore le passé d’une de ses héroïnes préférées, Deirde, au prise avec une méchante sorcière et un malicieux poisson. Les connaisseurs apprécieront.
Du conte « classique » ? Prenez le chemin du coin Storm Constantine et Comment la lumière descendit de la tour. Vous pourrez lire une réécriture de l’histoire de la jeune femme vivant recluse dans une tour à l’abri des regards. Qu’attend-elle ? Nul ne le sait. Elle seule connaît la réponse. Dans le même genre, vous pouvez aussi vous rendre du côté de la sirène qui rêvait d’être humaine et d’avoir des jambes pour épouser son prince (Mélissa Lee Shaw avec La sorcière de la Mer)
Et puis si vous voulez un peu d’originalité, passez voir Lionel Belmon et Hexane. Une histoire à la fois tendre et cruel dont je vous laisse la surprise.
Bon alors, on l’achète ou pas ?
Il était une fée fait partie de ces livres qu’il faut se dépêcher d’acheter. D’abord parce qu’il est beau et numéroté, mais surtout parce que sa qualité intrinsèque risque de faire partir assez rapidement les 1350 exemplaires qui ont été mis en vente. Et c’est dommage puisque l’on parcourt avec un vrai plaisir les quelques 280 pages du livre.
A lire.