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Interview 2015 : Dominique Douay pour La Fenêtre de Diane
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Interview 2015 : Dominique Douay pour La Fenêtre de Diane

Il y a quarante ans, les interviews se déroulaient ainsi : on vous envoyait par lettre une série de questions, vous y répondiez par lettre et le résultat était publié sur support papier. Aujourd’hui, on vous envoie les questions par mail, vous y répondez par mail et le résultat est publié sur un site web. On n’arrête pas le progrès.

Mmouais. Quand même, on se dit qu’il faudrait changer les habitudes. Une interview écrite, c’est un triple pensum : pour celui qui écrit les questions, pour celui qui livre ses réponses, pour celui, enfin qui lit les unes et les autres.

Alors pour une fois, je vous propose, en bidouillant avec mon ordi et sa webcam, une interview mixte écrite/orale. En respectant les règles originelles de l’interview « en direct ». Ainsi, je n’ai lu chaque question que juste avant de déclencher la caméra et d’y répondre, avec tous les risques que cela présente, bafouillages, hors sujet, erreurs de syntaxe, tronche d’ahuri, etc. Et pas question bien sûr d’y revenir : mon code de déontologie à moi m’interdit de faire comme si tout ce que je profère à brûle-pourpoint était grammaticalement parfait.

La seule chose que je regrette, c’est de ne pas avoir eu en face de moi Christine Luce, auteure des questions. Mais ça viendra, ça viendra, comme je le disais, on n’arrête pas le progrès.
D.D
 

1a/ Fougueux et plein d'énergie, tu nous reviens avec un nouveau roman après vingt ans d'absence. La première question qui nous brûle les lèvres, curieux comme nous sommes : qui ou quel événement t'a ramené à l'écriture ?

 
 

2/ Le héros de La fenêtre de Diane paraît réel, très humain, et on ne peut s'empêcher de déceler dans ce réalisme consistant une part autobiographique. Après tout, ce ne serait pas la première fois que ton personnage principal « crève l'écran » comme s'il était vrai, de la même façon qu'il existait déjà sous d'autres formes dans l'Impasse-temps ou dans la Vie comme une course de chars à voile... et dans bien d'autres, en fait. Alors, Gabriel Goggelaye dissimule-t-il des morceaux de Dominique Douay ?

 
  

3/ En aparté, pourquoi ce nom, Gabriel Goggelaye, qui ne fut pas le premier choisi ?

 
  

4/ Tes personnages ont bien des difficultés à conduire leur destin. D'ailleurs, ils sont convaincus rapidement de ne pas le maîtriser une seconde, ou ils se leurrent un moment avant de le découvrir. Et pourtant, aucun, pour le meilleur et pour le pire, n'hésite à s'accrocher au volant pour l'influencer à petites ou grandes secousses, et en garder la responsabilité. Est-ce une conviction de leur auteur qu'il ne faut jamais lâcher ce maigre libre-arbitre quoique les événements s'y opposent sans pitié ?

 
 

5/ Les titres sont les premiers marqueurs des romans, la plupart des tiens ont ta griffe de fabrique : le temps évident, mais aussi un aspect ludique dans la création : échiquier, chars à voile, théâtre, solutions, et même le principe de l’œuf, comme des jeux d'un rubik's cube truqué. Les as-tu choisis ? Et parmi tes romans, as-tu une préférence pour l'un de ces titres, comme un prénom dont on ne se lasse pas ?

 
 

6/ Depuis tes débuts dans la science-fiction, nul besoin d'être grand détective pour découvrir que le temps te passionne, conjugué dans toutes les déclinaisons et arpenté sur les traces laissées par Philip K. Dick dont les distorsions semblent t'avoir fasciné. Dans quelle (dé)mesure l'écrivain t'a influencé depuis que tu écris ?

 
 

7/  Puisque nous parlons du temps qu'il fait sur notre planète, La fenêtre de Diane est une prévision météorologique avant l'apocalypse tandis que la Terre se multiplie en univers alternatifs dans lesquels les dimensions subissent une nouvelle expansion. Tu l'avais déjà envisagée dans La fin des temps, et après, en offrant à notre Terre une issue de secours sans déroulement chronologique du temps, comme une bretelle de déviation sur l'autoroute. Cette fois, les « bulles » sont devenues des systèmes interdépendants d'un immense jeu routier aux règles complexes, non ? Comment as-tu géré ce déroulement à entrées multiples de temps, de localisation, sans oublier les acteurs, qui réussit à construire un arc narratif remarquable puisque il a pourtant un début et une fin ?

 
 

8/ Après le choc des questions planétaires et temporelles, une interrogation plus proche de nos espoirs de lecteurs : un bruit court que tu revisiteras prochainement La fin des temps, et après. Dans ta bibliographie, on pourrait le placer comme un écho des aventures de Gabriel Goggelaye. Désires-tu remodeler ce récit pour l'imbriquer plus précisément dans ce qui semble de plus en plus un cycle d'une histoire du Temps, le véritable héros de chacun de tes romans ?

 
 
Christine Luce
 

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