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Interview 2016 : Nathalie et Frédéric Weil pour les 20 ans de Mnémos
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Interview 2016 : Nathalie et Frédéric Weil pour les 20 ans de Mnémos

 ActuSF : En 2016, les éditions Mnémos ont 20 ans. Avant de parler des surprises que vous nous réservez pour fêter cet anniversaire, pouvez-vous s'il vous plait nous dire un mot sur comment l'aventure Mnemos a commencé ? Imaginiez-vous, il y a 20 ans, arriver où vous en êtes aujourd'hui ?
 
Mnémos : Waouh, ça fait faire un sacré retour en arrière… Se replonger dans des souvenirs de plus de 20 ans… L’aventure a commencé au sein de Multisim, la maison d’édition de jeu de rôle fondée en 1992 et dirigée par Frédéric Weil, une boite qui regroupait tout un tas de gars et de filles (moyenne d’âge 23 ans), passionnés de littératures de SF, de fantasy, de fantastique, bien-sûr de JDR, de grandeur-nature, de jeu vidéo, de rock indé, etc. animés par trois idées : il y a en France autant de créativité, de talents, d’originalité, de culture et d’amour des genres que dans le monde anglo-saxon, il y a un public pour cela et publier de la SF ou de fantasy pouvait être autre chose que faire du bas de gamme.
 
Rapidement, de jeunes auteurs talentueux de jeu de rôle, comme Mathieu Gaborit ou Fabrice Colin mais aussi David Calvo avec lesquels Multisim travaillait régulièrement, ont exprimé leur envie forte de passer à l’écriture romanesque aussi bien pour créer des romans personnels que pour explorer de manière littéraire les univers imaginaires des jeux de rôles et ils ont joint le geste à la parole, ils ont écrit des textes extraordinaires. Il y avait aussi la volonté pour l’équipe de proposer spécifiquement en France des textes de fantasy. Nous adorions la SF, le fantastique et la fantasy, la littérature tout court ! mais on voyait bien, qu’à cette période, les grands éditeurs classiques de SF ne s’aventuraient pas trop sur le terrain du merveilleux, de la fantasy et, en particulier, semblaient ne pas voir l’efflorescence extraordinaire du genre aux USA et en Grande Bretagne, aussi bien qualitatif que quantitatif.
 
Nous étions aussi persuadé que l’apparence illustrée des romans jouait un rôle majeur et qu’il fallait recentrer le design d’alors, soit très épuré (à la Ailleurs et Demain) ou très sous influence des années 70 (le néo-surréalisme de Siudmak) vers un imaginaire graphique plus en phase avec son époque et le public jeune arrivant à l’imaginaire de plus en plus par le biais des jeux de rôles et du jeu vidéo ou inspirés par les recherches graphiques d’un label comme 4AD. Nous ne souhaitions pas non plus faire des titres d’ « Heroic fantasy » aux couvertures musculeuses et essentiellement masculines, d’apparence « pulp » ou littérature de gare comme certains avaient lancé dans les années 80, surfant sur la mode de Donjons & Dragons. Ce fut ce que réussit Franck Achard, devenu le directeur artistique de la maison d’édition.
 
Enfin, les premiers auteurs comme l’équipe étaient nourris d’influences littéraires artistiques plus classiques comme romantiques et nous partagions tous la conviction que la fantasy n’était pas une sous-culture à mépriser ou pire à ghettoïser mais bien un pan entier, fécond, ouvert, aux multiples influences et au fond très moderne de la littérature tout court. Bref, un bon livre de fantasy était avant tout un bon livre !
 
 
Et on s’est lancé comme ça ! Notre passion pour l’imaginaire et notre foi en nous comme seuls moteur !
 
À l’époque l’équipe ne connaissait pas grand chose à l’édition de roman et encore moins à la structure du marché du livre. Les premiers titres furent commercialisés en 1995 par Multisim, en direct, sans passer par un diffuseur et en format poche mais de qualité (couché mat, beau papier, etc.) Bref, tout à l’envers ! Mais, la chance des débutants fut avec nous et la qualité des auteurs aussi… Les premiers titres plurent immédiatement et connurent de bonnes ventes, en particulier Le Secret de Ji de Pierre Grimbert et la trilogie d’Agone de Mathieu Gaborit qui lancèrent véritablement la maison d’édition.
 
Nous décidâmes alors de créer une entité à part, ce fut la naissance officielle de la SARL Mnémos en février 1996 (d’où les 20 ans en 2016). Et ensuite : vogue la galère ! Enfin le frêle esquif serait plus juste ! Bien sûr, nous n’avions pas la moindre idée de ce que deviendrait la maison 20 ans après. Le lancement puis le développement de Mnémos fut à la fois un pari sans cesse renouvelé, une aventure passionnée et souvent accidentée (comme toute aventure qui se mérite !) et surtout l’inaltérable croyance dans l’intérêt et l’importance des littératures de l’imaginaire.
 
ActuSF : Aujourd'hui, combien de titres sont au catalogue par Mnémos ? Cela représente combien d'auteurs ?
 
Mnémos : À la louche : plus de 400 titres publiés et une centaine d’auteurs.
 
ActuSF : Quel bilan tirez-vous de ces 20 ans ? Qu'est-ce qui a changé dans le monde l'édition de l'imaginaire sur cette période ?
 
Mnémos : Alors, vous avez 3h et 200 pages… :) Le bilan en quelques mots :
 
- La passion est toujours là, intacte, renforcée chaque jour par la qualité des textes de chaque nouvel-le auteur-e publié-e que nous découvrons et par la fidélité et la passion des lecteurs-trices.
 
- Nous espérons être restés fidèles à nos engagements et à ce pourquoi nous avions fondé Mnémos : découvrir des talents francophones des littératures de l’imaginaire et proposer des ouvrages de qualité en terme de présentation ; tenter de faire bouger les codes, les visions souvent trop marketing et stéréotypés des littératures de genre ; faire des propositions originales, tout en cherchant à ce que celles-ci trouvent leur public ; explorer le plus possible les territoires infinis des mondes imaginaires, véritable cœur radioactif de l’imaginaire ; rendre hommage mais sans culte transi aux pères fondateurs comme Tolkien, Lovecraft, Howard, Clark Ashton Smith, Lord Dunsany ; prolonger le travail de R&D littéraire si important d’auteurs comme Gene Wolfe ou Ursula Le Guin ; mixer allègrement les « genres » et se moquer de ces chapelles qui, nous pensons, n’ont pas de sens ; ne jamais oublier que les auteurs de « genre » s’inscrivent dans la littérature et que le premier texte de littérature de l’humanité Gilgamesh est un récit de fantasy ! proposer une SF qui soit le miroir à penser de notre monde ; s’intéresser au mélange particulièrement fructueux de l’histoire avec un grand H et de la SF ou de la fantasy (ce qui s’appelle aujourd’hui l’uchronie ou le steampunk)… Bref, en un mot contribuer, autant que possible, à notre mesure, au développement, à l’enrichissement de cette culture de l’imaginaire que nous chérissons tant et qui nous semblent si caractéristique de la fin du XXe et surtout de ce XXIe siècle qui débute.
 
 
Qu’est-ce qui a changé dans le paysage de l’édition de l’imaginaire depuis 1996 ? presque tout :) Là aussi il faudrait au minimum dix pages pour en faire un résumé… Et difficile d’être synthétique !
 
Il y a l’émergence d’acteurs de taille en dehors des grands groupes, l’irruption de best-sellers mondiaux de SFFF dans le rayon et hors rayon, une forme de légitimation par le marché des genres par les succès planétaires de films, de séries, de jeux vidéos SFFF, l’intrication de plus en plus forte des thématiques et des trames propres à la SFFF avec la littérature dite générale, en particulier dans le domaine anglo-saxon (mais aussi japonais, nordique, russe, etc.) le fait qu’il y ait une nouvelles, chaque matin, qui aurait constitué l’argument d’un roman de SF d’il y a 30 ans… Et paradoxalement, la perte de la culture littéraire de la SF écrite avant le cyberpunk aussi bien parmi de nombreux passeurs (libraires, bibliothèques) que parmi le plus jeune lectorat (il faut dire qu’ouvrir un bouquin de SF dans lequel il n’y a pas d’Internet, des ordinateurs à peine plus puissants qu’un Commodore ou l’URSS bien vaillante, ça donne l’impression de lire de l’archéo-SF, de l’uchronie-SF ou du rétrofuturisme) ; l’explosion des propositions francophones de manuscrits de SFFF (rien qu’à Mnémos, nous en recevons entre 1500 et 2000 par an !) la multiplication d’initiatives locales comme globales (salons, festivals, bibliothèques, enseignements, micro-éditeurs, auto-édition, plateformes de lectures, etc.) en faveur des littératures de l’imaginaire ; la mise en place d’une recherche et d’une réflexion à la fois bienveillante et critique par l’Université qui œuvre beaucoup pour la légitimation des genres ; bien sûr, la constitution de communautés très actives en lignes de lecteurs, de critiques, ouvrant largement le fandom à la pluralité et permettant d’échapper, peut-être, à la tentation du ghetto et/ou de l’érudition byzantine. Et pour nous, plus modestement mais avec joie, la constitution de notre collectif des Indés de l’imaginaire avec nos amis d’ActuSF et Les Moutons électriques.
 
Est-ce que pour autant le marché est plus porteur ? Pas vraiment, la concurrence est très forte, sur un segment qui semble au final se rétrécir. Beaucoup de belles collections classiques sont en arrêt ou ont ralenti fortement leur offre éditoriale. Le marché ploie sous l’alignement de titres américains vite lus, vite oubliés, possiblement uniquement publiés pour occuper les tables des libraires. Les tendances générales du marché du livre (trop d’offre, loi de Diderot des 20% de titres qui font 80% des ventes, course au best-seller, rotation rapide des titres, triomphe de la nouveauté sur le fonds, triomphe des grosses campagnes marketing pas en rapport avec la qualité des livres promus, etc.) se retrouvent aussi dans nos rayons. Certes la fantasy et la SF se popularisent mais les jeunes lecteurs ont du mal à (re)découvrir les grands anciens de la SF (Herbert, Asimov, Silverberg, etc.). Il y a comme un effet de SF de papa, voire de papi ! Un peu comme pour les jeunes auteurs de SF des les années 70 (les futurs maîtres du genre, d’ailleurs) vécurent avec la SF de l’Âge d’or (trop masculine, impérialiste, sans style, sans émotion, etc.) De plus, la SF rentre plutôt dans la culture des jeunes lecteurs via leur média de prédilection comme le jeu vidéo ou des œuvres littéraires, hors rayon, plus ou moins dystopiques à la Hunger Games (le 1984 de ce début de siècle ?) ou plus indirectement via le Steampunk. Nous pensons surtout que la SF est partout présente dans notre monde connecté, mondialisé, balkanisé, que nous sommes devenus au quotidien des sociétés qui carburent à la SF (et donc des sociétés à la fois utopiques et dystopiques, post-apo et scientistes), mais c’est un autre débat… Hormis la dimension conquête spatiale, lire aujourd’hui un bon roman cyberpunk des années 80 revient presque à lire le Courrier International de la semaine…
 
 
La fantasy échappe un peu à ce phénomène car sa fonction même de réenchantement du monde, son ADN construit à base de merveilleux, de mythes, de contes, de poésie, de voyage du héros, son possible romantisme, lui donne, d’une certaine façon, une forme d’intemporalité, d’aucun pourrait, d’ailleurs, interpréter comme réactionnaire ou à tout du moins conservatrice (et en France, on s’en est pas privé à partir des années 70).
 
En étant taquin (qui aime bien, châtie bien), on pourrait voir Le Trône de Fer comme une immense chronique People type Voici ou Gala trash de familles nobles plus ou moins dysfonctionnelles, qui véhicule des valeurs très classiques, le peuple est sale et dangereux (mais il y a des exceptions), les aristocrates sont presque tous des dévoyés et des pervers, voire pire des oies blanches, (mais il y a des exceptions), le pouvoir corrompt et nous jouissons de voir leur corruption, leur violence et leur secret d’alcôve, quoi de neuf depuis Machiavel, les Borgia ou La Vie des douze Césars de Suétone ? Ah oui, des dragons, un paganisme peu affirmé et un hiver qui ne vient pas… Y aura-t-il une critique, une déconstruction généralisée du genre comme la SF l’a vécue dans les années 70 ? Le fantastique a pris un étrange virage par la mode, quelque peu essoufflée, de la littérature dite « bit-lit », on verra dans quelques temps s’il en restera quelque chose, aussi bien dans la mémoire des lectrices qu’en terme d’intérêt littéraire. Même si ça frémit un peu en France, ces littératures restent presque totalement ignorées par les médias classiques alors qu’elles nous paraissent poser l’un des regards les plus pertinents sur nos modernités. Citons en contre-exemple l’heureuse existence de la belle revue Usbek&Rica qui a complètement intégré la SF comme système de réflexion/rêverie/impulsion pour décoder notre époque. Saluons les efforts critiques d’Alain Damasio pour faire comprendre le rôle moteur de la SF dans ce que nous vivons quotidiennement. Encourageons les efforts de rattrapages de certain médias imprimés qui, en valorisant la culture dite « geek », essayent de rattraper un audimat leur faisant tant défaut.
 
ActuSF : En 20 ans, Mnémos a été un des pionniers dans les littératures de l'imaginaire en terme d'émergence, mais aussi de collections. Difficile de toutes les aborder, mais nous pouvons en citer les plus marquantes, comme Ourobores par exemple, avec le récent Jadis. D'où vient l'idée de cette collection ? Est-ce que ce n'était pas un pari un peu fou au départ ?
 
Mnémos : Eh bien, l’idée a été un serpent de mer qui hanta longtemps les réunions créatives de Multisim. Avec Franck Achard, Frédéric Weil réfléchissait à comment concevoir un livre imprimé pour qu’il puisse à la fois être intéressant à lire (la qualité première d’un roman, en fait), esthétique (dans son style et son design), dans lequel l’image participe pleinement au récit sans que cela soit une BD et surtout qui puisse posséder l’extraordinaire capacité d’un jeu de rôle : la possibilité pour les lecteurs d’aller visiter son univers, d’avoir une lecture immersive et interactive. Tout ceci, sans que cela soit ennuyeux, complexe comme peut l'être un manuel de JDR ou une encyclopédie. Bref mixer du mieux possible le plaisir narratif linéaire, le style des auteurs et d’un dessinateur avec le plaisir interactif, boite à outils (bac à sable on dirait dans le jeu vidéo), d’un manuel de jeu de rôle. Ils souhaitaient aussi poursuivre et développer leur obsession de la mise en abîme des publications, c’est-à-dire leur inscription comme témoignage, pièce à conviction de l’univers imaginaire que celles-ci contiennent. Il y avait enfin l’envie de poursuivre le travail de création collective d’un univers imaginaire, entre plusieurs auteurs, des illustrateurs, cartographes, directeurs artistiques, de collection, méthode qui fut au cœur des créations rolistiques de Multisim.
 
Cette démarche aboutit à deux ouvrages prototypes : le guide d’Abyme, d’après le roman éponyme de Mathieu Gaborit et Europole, une description romancée de l’univers du JDR Rétrofutur, publié par Multisim. Mais ces deux livres ne purent trouver les rayons des librairies suite à l’arrêt des activités de cette entreprise en 2003.
 
Quelques années plus tard, Raphaël Granier de Cassagnac, l’un des coauteurs du Guide d’Abyme revint à la charge ! Cette idée était belle, elle devait revivre ! Le Guide d’Abyme était terminé, maquetté, pourquoi ne pas le ressortir ? Tout en réfléchissant à cette idée, Frédéric imagina alors la mise en place d’une collection, dédiée à ces livres-univers illustrés et très rapidement les idées de projets (re)vinrent plus nombreuses que les créneaux possibles pour les éditer ! Le label Ourobores était né. Et il se dota comme ligne éditorial le but de proposer aux lecteurs des ouvrages hybrides, à la fois, beaux-livres objets, expériences de mondes imaginaires, livres illustrés et plaisirs romanesques !
 
Mnémos publia en 2009 Le guide d’Abyme, permettant enfin au public de profiter de l’extraordinaire travail du graveur-illustrateur Gérard Trignac et d’explorer comme jamais cela avait été possible cette ville mythique de l’imaginaire de Mathieu Gaborit grâce aux textes des quatre auteurs. Mais un livre ne fait une collection. Deux oui ! Raphaël accepta de participer et de diriger le projet un peu fou de réaliser un livre-univers sur Kadath, la ville mythique du monde onirique de Lovecraft et avec Frédéric, ils décidèrent de pousser encore plus loin le concept, d’augmenter la dimension physique du livre, de convier des écrivains professionnels au projet et d’engager un processus créatif encore plus fort entre l’illustrateur, les auteurs et le directeur d’ouvrage. Kadath, le guide de la Cité Inconnue d’après Lovecraft fut conçu ainsi. Le succès fut au rendez-vous et le label put se déployer pour devenir aujourd’hui l’une des collections phare de Mnémos.
 
Chaque titre du label est un pari et une folie ! Chaque livre est en fait un prototype ! Et même, si d’ouvrage en ouvrage, nous gagnons en expérience, nous essayons de vivre chaque projet comme une aventure différente. Par exemple, nous remettons en cause à chaque fois nos mécanismes créatifs car chaque univers exploré a ses particularités et doit nous pousser à imaginer un processus créatif spécifique. Oui, une folie, nous vous le disions…
 
Produire et éditer un tel livre est une gageure aux multiples contraintes et risques : nous travaillons avec plusieurs auteurs (en général plutôt habitués à une démarche solitaire) à qui nous proposons de partager leur imaginaire, de s’immerger souvent dans un univers pré-existant, de discuter avec des créateurs graphiques tout en conservant ce que nous aimons chez eux, leur style, leur façon de rêver, leurs obsessions. Beaucoup d’auteurs que nous invitons sont à fond cette démarche et adorent, d’autres nous proposent des projets, certains préfèrent décliner car cela est trop éloigné de leur façon de faire.
 
 
Chaque projet est aussi un pari financier car très couteux (ouvrage luxe, tout couleur, nombreux intervenants, etc.) dans un contexte économique difficile, un marché du livre globalement en crise et orienté vers la consommation de masse. Mais notre risque est récompensé par l’accueil du public et nous sommes heureux à chaque fois de constater que les lecteurs-trices plongent avec délice dans les ramifications narratives et illustrés des ouvrages et y voyagent à leur rythme, selon leur humeur, leur goût, se baladent ou au contraire font un trek de longue distance.
 
Enfin, le label a permis de lancer des projets de livres interactifs audacieux et expérimentaux comme nous les aimons avec notre partenaire Walrus. Ce fut le cas avec Kadath augmenté sur l’IPad qui permet au lecteur de choisir un des quatre personnages du livre imprimé et bientôt en ligne avec www.unandanslesairs.com le « web-book » transposant le livre imprimé Un an dans les airs d’après Jules Verne.
 
ActuSF : Il y a également la collection de poche Helios que vous avez lancé il y a quelques années, et qui regroupe aujourd'hui plus largement les titres des indés de l'imaginaire (ActuSF, Mnémos, Moutons électriques). Comment est venue l'idée de cette collection partagée ?
  
Mnémos : Tout simplement, l’union fait la force ! Avec nos trois maisons d’édition et leur catalogue plus les compétences et les ressources groupées de nos éditeurs, Hélios peut plus facilement émerger dans un secteur très concurrentiel. Ensemble, il s’agit de proposer au public une collection poche qui soit à la fois porteuse des grands noms du genre, de nos découvertes et de nos coups de cœur et puisse aussi valoriser des textes classiques et patrimoniaux du genre.
 
Plus généralement, nous partageons avec ActuSF et Les Moutons électriques la même façon d’envisager nos métiers, le même respect du public et ceci facilite grandement notre collaboration aussi bien au sein du collectif des Indés de l’imaginaire que dans le pilotage d’Hélios.
 
 
ActuSF : Dans les autres collections marquantes de Mnémos, il y a bien sûr les intégrales. Qu'est-ce qui vous allez proposer aux lecteurs pour fêter ces 20 ans ?
  
Mnémos : Que du très lourd et du très beau ! Déjà, pour fêter les 20 ans comme il se doit, nous proposons une saga et trois Intégrales anniversaire, quatre œuvres qui sont majeures pour Mnémos, toutes marquées d’un logo dédié, tirage limité et dans une édition prestige unique.
 
Jugez plutôt : couverture cartonnée ornée uniquement par l’illustration pleine page, sans les titres usuels, signet tissu doré, jaquette spécialement conçue pour l’occasion.
 
La Geste du Sixième Royaume d’Adrien Tomas, publiée en janvier 2016, est le premier titre à bénéficier de ce traitement de faveur.
 
Puis en février, nous sortons simultanément :
- Les Royaumes crépusculaires de Mathieu Gaborit, l’intégrale qui regroupe tous les romans se déroulant dans le monde de fantasy si original de Mathieu.
- Le Lion de Macédoine de David Gemmell, qu’on ne présente plus
- La Trilogie de la Lune, le chef-d’œuvre de Johan Heliot, qui était épuisé, sous sa forme omnibus.
 
Puis, sans trop dévoiler tout le programme, il faut garder quelques surprises, nous allons publier l’un des cycles monumentaux de la SF, dont, pour la première fois en France, les cinq tomes sont réunis en un seul volume ! Il s’agit du cycle du Monde du Fleuve de Philip José Farmer ! Parution au mois de mars 2016 (et pour l’anecdote, le livre le plus épais et avec le plus de pages que nous ayons publié, jusqu’au prochain !).
 
Nous allons aussi publier l’intégrale des enquêtes magiques de Lord Darcy de Randall Garrett dont nous faisons traduire les textes inédits pour proposer la publication la plus complète possible. André-François Ruaud nous a fait l’honneur de préfacer ce livre qu’il affectionne tant. Romans et nouvelles devenus introuvables depuis des années, ces textes sont pourtant d’une fraîcheur et d’une saveur inégalée.
 
Dans une Europe uchronique, dominée par un empire anglo-français, en droite ligne des Plantagenets, où la magie est devenue officielle, légalisée et codifiée par l’Église au Moyen Âge, dans un Londres steampunk, en proie au complots ourdis par les ennemis et les traitres de l’empire, vous palpiterez en suivant les étranges enquêtes de Lord Darcy, au service de sa majesté, aristocrate dandy, à l’esprit aiguisé, épaulé d’un mage-juge écossais et d’une pétillante comtesse, au caractère bien trempée. Que du bonheur ! Parution prévue pour juin.
 
 
Nous préparons ensuite pour la deuxième partie de l’année de très belles surprises pour nos intégrales, à suivre donc ! Enfin, et c’est une exclu pour ActuSF !
 
Nous pouvons annoncer que nous avons acquis l’ensemble des droits de Clark Ashton Smith pour publier de nouveau en France les textes mythiques de Zothique, Averoigne, Poseidonis et Hyperborée.
 
Nous préparons un projet monumental d’une intégrale, en édition prestige, de ces quatre cycles fondateurs de la fantasy. Si Dame Fortune est avec nous, nous pourrons en proposer une nouvelle traduction, complètement renouvelée effectuée par des experts et des amoureux de Clark Ashton Smith, comme nous l’avons fait avec H. P. Lovecraft et les superbes traductions de David Camus.
 
C’est simple : rendez-vous en février sur les réseaux sociaux pour en savoir plus et découvrir notre projet mammouth 2016 !
 
Il y a aussi un autre projet mammouth en préparation mais point trop n’en faut. Rendez-vous dans les semaines à venir sur nos réseaux sociaux pour en apprendre plus.
 
ActuSF : Quels seront les autres surprises que vous nous réservé pour ces vingt ans ? Verra-t-on peut-être apparaitre de nouvelles collections cette année ?
 
Mnémos : Pour que cela reste des surprises, on en parlera pas… trop… Allez, quand même, on lève le voile pour l’une d’entre elles : nous publierons au mois de mai un récit intitulé La Confrérie des Bossus, de Mathieu Gaborit et de Raphaël Granier de Cassagnac se déroulant dans les Royaumes crépusculaires. Nous le publierons dans la petite collection Ourobores, habillé d’une magnifique jaquette illustrée par une vue d’Abyme de Nicolas Fructus et illustré à l’intérieur par des dessins de Julien Delval.
 
2016 sera effectivement un moment important pour Mnémos et pour les Indés de l’imaginaire puisque nous lançons ensemble dans le premier semestre 2016 NAOS, notre nouveau label destiné aux ados et aux jeunes adultes ! Notre objectif : proposer à la fois des titres intemporels des littératures de l’imaginaire et des découvertes coups de cœur comme nous savons en trouver aux Indés pour que chaque nouveau lecteur puisse constituer le cœur battant de son imaginaire, et ceci pour le plus longtemps possible.
 
Nous avons ainsi plus de 10 titres déjà programmés dont plusieurs découvertes vraiment excitantes, dont vous verrez la couleur au cours du deuxième semestre 2016. Bref, nous nous éclatons !
 
ActuSF : Quels seront les temps forts 2016 de la maison d'édition (salons, rencontres, nouveaux auteurs…) ?
 
Mnémos : 2015 a été très active mais ça ne sera rien comparé à 2016 ! Entre intégrales, nouvel auteur, auteurs confirmés qui reviennent, lancement de Naos, les ourobores, tous les salons, ça va être dément !
 
En terme de salons, nous serons présents à presque tous les salons dédiés aux littératures de l’imaginaire, à plusieurs salons de culture manga et geek ainsi qu’aux grands salons littéraires. Bref, Les Indés on the road again !
 
 
Vous pouvez déjà noter sur vos tablettes : À la fin du mois de janvier, le festival de la BD d’Angoulême : pour la première fois, nous aurons un stand à Angoulême car nous y présentons le label ourobores.
 
Puis, on sera à la Foire du livre de Bruxelles et au salon fantastique de Paris en février.
 
En mars, le salon du livre de Paris où nous avons œuvré avec l’ensemble des autres participants liés aux cultures de l’imaginaire à nous regrouper dans la même zone. Et ça c’est bien !
 
Bien sûr, en mai, nous serons très présents aux Imaginales d’Épinal dont nous sommes un partenaire depuis de très nombreuses années.
   
En terme d’édition, beaucoup de temps forts (on essaye de faire en sorte !) mais nous pouvons pointer d’ores et déjà :
 
- Eos de G. D. Arthur, notre découverte 2016 ! Un vrai coup de cœur pour ce roman de fantasy, à la fois très atypique, sensuel et mais aussi trépidant et aventureux en diable, pour son auteur aussi, sa gentillesse et son expérience de la vie. En quelques mots : dans une république naissante qui supplante un ancien pouvoir archaïque, nous suivons les tribulations d’un petit groupe de colons utopistes, volontaires, chaleureux, profondément humains qui décident de s’installer dans de nouveaux territoires à défricher et plus particulièrement d’Eos, le jeune poète épris de liberté dont le destin basculera à tout jamais, au grand dam de ses compagnons et de ses amours… Entre tragédie douce-amère, paradis perdu, amours libertaires, redoutables épreuves de vie, résurgences de sombres secrets, G. D. Arthur a fait très fort !
 
 
Et puis, Adrien Tomas met en ce moment même la touche finale à sa nouvelle série de fantasy dont le titre de travail est Le Royaume rêvé. La lecture des premiers chapitres est plus qu’emballante ! Publication cette année. Justine Niogret travaille à un nouveau roman chez Mnémos. Il sera question de gladiateur, accrochez-vous bien ! Pour les fans des aventures de Sylvo Sylvain, Raphaël Albert termine le quatrième tome ne ce moment même. Fabien Cerruti a entamé la rédaction du troisième opus de sa série à succès du Bâtard de Kosigan. Et si nous vous parlions de la nouvelle grande trilogie de Johan Heliot, allez, n’en jetez plus! Nous préparons aussi l’ourobore grand format 2017 et ça va être encore plus fort !
 
Il s’agit cette fois d’un projet qui nous a été soumis par l’illustrateur-auteur (comme ce fut le cas pour L’Étrange Cabaret d’Hélène Larbaigt). Lorsque nous avons découvert les premières pages, nous avons été saisis par la beauté et l’étrangeté des illustrations, le style et le mystère des textes. Ce fut un oui immédiat et enthousiaste pour que Le Nordique d’Olivier Enselme-Trichard, cette histoire rocambolesque d’une gigantesque expédition-caravane appelée Le Nordique explorant un mystérieux continent, devienne le 14e opus du label Ourobores !
 
ActuSF : Le mot de la fin est à vous. Qu'est que vous voulez-dire aux lecteurs qui vous suivent depuis vingt ans ?
 
Mnémos : Pas un simple merci, mais un gigantesque merci pour votre fidélité, vos soutiens, vos enthousiasmes, vos critiques, vos encouragements, pour votre passion pour les littératures de l’imaginaire, vos curiosités et vos éruditions. Vous êtes juste formidables !
 

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