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Interview 2018 : Fabien Fernandez
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Interview 2018 : Fabien Fernandez

« Une nation qui détruit ses sols se détruit elle-même. Les forêts sont les poumons de notre terre, purifient l’air et donnent une nouvelle force à notre peuple.
Président Franklin D. Roosevelt. »


ActuSF : Bonjour Fabien et merci de revenir sur Actusf ! Pourriez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

Fabien Fernandez : Bonjour, je suis auteur, illustrateur et game designer. J’écris des romans qui traitent de personnes, je crée des jeux de rôles et/ou des histoires se déroulant dans les jeux d’autres créateurs, je dessine dans mes carnets de voyage et je scénarise de la bande dessinée. Pour les fidèles d’ActuSF, on me retrouve sur des couvertures de la maison d’édition éponyme, chez Rivière Blanche pour des illustrations et nouvelles et plus récemment chez Mnémos, pour ma contribution à l’anthologie des Imaginales 2018, dirigée par Stéphanie Nicot.

ActuSF : Vous venez de sortir Dust Bowl aux éditions Lynks. Pouvez-vous nous présenter rapidement le roman et ses différents protagonistes ?


 

Fabien Fernandez : Dust Bowl est un roman historique fantastique, qui prend pour décor la période éponyme : les Dust Bowl. Les années 30, la Grande dépression, et des tempêtes de sables qui balayent le pays. Les héros sont Kush, un adolescent qui vit dans sa ferme avec son père depuis tout petit et Ruben, une sorte de créature de Frankenstein qui va découvrir l’humanité suite à l’étincelle de vie que lui donnera Kush. Le récit est un périple dans le sud des États-Unis pour aller à l’encontre d’un complot d’une société secrète : les Alchimistes. J’y convoque le fantastique, l’étrange, l’historique et l’écologique.

ActuSF : Dans le roman les Forgerons s’opposent aux Alchimistes, pouvez-vous nous présenter ces deux factions opposées ?

Fabien Fernandez : Les Forgerons et les Alchimistes sont deux anciennes factions. Les Forgerons sont les héritiers d’une magie en lien avec la nature et ses éléments. Au fil des âges, ils ont canalisé cette puissance par des rituels que l’on qualifierait comme païens. Certains, se voient d’ailleurs comme les porteurs du savoir d’Odin, le dieu nordique qui s’est arraché un œil pour obtenir le Savoir. En face, il y a les Alchimistes, une branche des Forgerons qui s’est formée avec les pensées Raisonnables, l’ordre et les religions monothéistes. Pour eux, il ne doit y avoir qu’un seul regard dans un seul moule pour que l’humanité avance vers un futur parfait… qu’ils gouverneraient. Peu importe les dommages collatéraux, s’ils arrivent à leurs fins.

Petit à petit, les Alchimistes ont éradiqué les Forgerons à force de monothéisme galopant et de chasses aux sorcières. Dans les années 30, les Forgerons sont très rares tandis que les Alchimistes occupent des postes clés du pouvoir. Un conflit inégal, une sorte de Kush et Ruben contre le reste du monde…

ActuSF : Pouvez-vous nous parler plus en détails de Ruben, personnage que l’on croirait issu de l’imagination fertile de Mary Shelley, entre créature de Frankenstein, golem de la vieille Europe et Prométhée atypique ?

Fabien Fernandez : Ruben est un prototype des Alchimistes. L’amalgame de morceaux de personnes qui n’a pas trouvé de suite car il lui manquait une étincelle de vie qu’ils ne pouvaient lui donner. Puis Kush arrive, lui donne ce souffle… Ruben grandit alors en même temps que l’adolescent, sauf qu’il offre au lecteur un regard distant sur l’humanité, sur ses travers et ses meilleurs côtés, et plein de questions existentielles.

ActuSF : La question écologique est au cœur de ce roman. Nous ne pouvons que conseiller la lecture en parallèle du dernier numéro du magazine America, qui s’intéresse à l’Amérique sauvage et consacre plusieurs articles aux ravages écologiques (et politiques) actuels via la question du pétrole ou de l’eau. Pensez-vous qu’il faille être pessimiste sur le futur de la planète ?



Fabien Fernandez : Rebellions are built on hope* .

La réponse est donc : non. Alarmé, préoccupé, mais pas pessimiste car même si toutes les alertes écologiques ont sauté, si chacun contribue à son échelle, on peut sauver le minimum. Ce n’est pas gagné d’avance, mais j’y crois. Même si en effet, quand je lis la revue America et que je découvre que l’état qui sert de cadre pour mon roman est envahi par les lobbys pétroliers et une gouverneure qui organise des semaines de prière pour…faire pleuvoir et aller à l’encontre de la sécheresse toute en défonçant le sol à coup de prospection pétrolière, ça fait froid dans le dos. Même si les présidents Trump et Macron sont des catastrophes écologiques sur jambes. Mais j’y crois, car notre bonne vieille planète a survécu à pas mal de choses et que ces individus piétinant végétation, écologie et droit animal ne sont là que pour quelques années et qu’on pourra évoluer sans eux après (si on ne lâche rien maintenant).

Si les Dust Bowl ont eu lieu, c’est à cause de la surproduction agricole, les sols maltraités par les machines et la déforestation. Un jour, l’Homme apprendra de ses erreurs, et on avancera. En attendant, c’est toujours le cas, on préfère par exemple acheter des produits gorgés d’huile de palme sans regarder la déforestation qui y est liée et les massacres animaliers qui vont de paire. Ainsi, je me dis que si je change un peu ma façon d’agir et de réfléchir, c’est déjà une micro-avancée. D’ailleurs, sur le sujet, je vous invite à suivre la chaîne Youtube « Et tout le monde s’en fout », qui est bien documentée et offre des outils pour se remettre en question.

Donc pas pessimiste ; combatif.

*  Citation de Rogue One : A Star Wars Story.

ActuSF : Des influences rôlistes et télévisuelles se font également sentir dans Dust Bowl : Mage the Ascension ou Carnivàle par exemple. Ce n’est pas un hasard n’est-ce pas ?

Fabien Fernandez : Non, c’est le terreau de ma vie. J’ai débuté le jeu de rôles à 9 ans, il a toujours été là pour moi, ce n’est que le juste retour des choses d’être là pour lui. Je ne fais pas partie de la catégorie « avant j’étais joueur » mais de l’autre, « toujours jouer car le jeu n’est pas qu’un passe-temps pour les enfants ». C’est social, ça développe l’imaginaire, c’est du partage et ça permet également de préserver ses neurones actifs (je pense à mes vieux jours…). Jouer est une passion, et c’est aussi un métier. Game designer est à peine reconnu dans le jeu vidéo car les médias se sont rendu compte que cela générait de l’argent. Mais le ludique est partout et en creusant il est facile de voir que le jeu de rôle occupe une bonne part de l’Entertainment mondial, par exemple. Du plus simple Candy Crush aux Escape Rooms à la mode, les rôlistes sont là.

ActuSF : Vous signez également une nouvelle dans Créatures l’anthologie du festival Les Imaginales, dirigée par Stéphanie Nicot. Vous pouvez nous en dire un mot ?



Fabien Fernandez : Créature.

C’est le nom de ma nouvelle. C’est de la SF. On y retrouve mon sujet préféré : l’humanité. Avec tout ce qu’il y a de merveilleux et de pourri. Je suis très heureux de publier cette nouvelle pour plusieurs raisons. Déjà, Stéphanie est une très bonne anthologiste, ensuite je signe pour la première fois chez Mémos, un des piliers de l’imaginaire en France, et enfin, c’est ma première nouvelle de science-fiction avec des vaisseaux… J’espère qu’elle plaira aux lecteurs.

ActuSF : Avez-vous d’autres projets en cours ?

Fabien Fernandez : Je viens de terminer l’écriture de Nola Forever pour la collection Électrogène chez Gulf Stream éditeur. On y parlera de Roméo et Juliette, de la Nouvelle Orléans, de cuisine et de réseaux sociaux. Et comme j’ai pu voir le projet de couverture, je peux vous dire qu’il rendra très bien posé à côté de Detroit. À côté de ça j’ai un projet traitant d’aphasie qui attend une réponse d’éditeur et j’ai déjà une idée pour un troisième Électrogène si mon éditrice le valide. J’ai un roman « adulte » qui sort chez Pygmalion en fin d’année : On reconstruit bien les maisons après l’ouragan.

Si tout va bien, on devrait aussi offrir une suite à Ayati, ma BD jeunesse dans la collection Miss Jungle chez Steinkis qui vient de sortir, avec la talentueuse Sandra Violeau au dessin. J’ai également une idée pour une extension à D-Start, mon coffret pour découvrir le jeu de rôle chez Matagot (j’attends l’aval de l’éditeur) et je prépare un supplément pour le jeu de rôle Within chez Sycko (attention, là on est dans l’horreur). J’ai également pour projet un carnet de voyage traitant de littérature de genre et de Nouvelle Angleterre en préparation avec mon co-auteur et ami Guillaume Herlin.

ActuSF : Reverrons-nous Kush et Ruben prochainement ? (on espère que oui !)

Fabien Fernandez : Pour l’instant, pas de suite prévue. On retrouve l’univers dans l’anthologie Renaissance et temps moderne chez Rivière Blanche. Toutefois, si une bonne histoire devait naître avec ces héros, ne doutez pas que je la soumettrais à ma formidable éditrice chez Lynks.

ActuSF : Nos lecteurs pourront-ils vous retrouver bientôt en dédicace ?

Fabien Fernandez : Pour l’instant, je file aux Imaginales, ensuite, début juin je serai au salon Croq Lecture à Magny-en-Vexin, puis en octobre au salon Interpolar de Reims et celui de Montrouge… et évidemment, au salon du livre et de la presse Jeunesse à Montreuil.

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