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Interview 2018 : Morgane Caussarieu pour Rouge Toxic
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Interview 2018 : Morgane Caussarieu pour Rouge Toxic

ActuSF : Votre roman Rouge Toxic sort le 15 février dans la collection NAOS des Indés de l’imaginaire. Pour ce roman, vous nous emmenez à San Francisco, à Mission High School. Vos nous faite faire un tour dans ce lycée qui va servir de décor au récit ?

Morgane Caussarieu : Alors c'est très drôle que vous me demandiez ça, parce que j'ai vraiment fait un tour dans ce lycée, c'est comme ça que je l'ai choisi comme cadre pour mon roman. J'étais de passage à San Francisco il y a quelques années, après une semaine de folie au Burning Man dans l'état voisin, et l'idée de Rouge Toxic est née quand je suis tombée amoureuse de cette ville. J'ai donc cherché un lycée chouette qui pourrait correspondre à mes attentes, et je suis tombée sur Mission High, qui est un bâtiment superbe, avec des allures de basilique espagnole. Il est dans le même style architecturale que le commissariat principal de Los Angeles que l'on voit dans Le Flic de Beverly Hills, si jamais ça vous éclaire, blanc avec des dômes ouvragés en bronze. J'ai donc pu arpenter les couloirs, et chaque petit détail est véridique. Le lycée et son microcosme de cheerleaders pimbêches et d'élèves rejetés (comme Barbara, mon héroïne) est presque un personnage à part entière.

"Je voulais rendre hommage à tous ces films pour ado à la John Hugues, avec bien sûr Buffy aussi comme influence" 

Écrire du vampire au lycée, c'est un projet qui me tenait à cœur depuis un moment, je n'avais pas exploité comme j'aurais aimé cette piste avec Dans les veines. Je voulais rendre hommage à tous ces films pour ado à la John Hugues, avec bien sûr Buffy aussi comme influence, voir plus proche de notre époque Twilight et Vampires Diaries, même si je tente de m'éloigner au maximum de ces clichés, tout en y faisant des légers clins d’œil. J'avais vraiment envie d'écrire pour les ados, car c'est à cet âge qu'on est le plus rêveur, que les livres vous touchent le plus, et je trouve que comme Peter Pan, le vampire est porteur de ce thème de l'éternel adolescent qui ne veut affronter le monde des adultes.

ActuSF : Nous allons suivre deux personnages. Le premier est Barbara. On pourrait la prendre pour une lycéenne comme une autre, si ce n’est plusieurs personnes semblent s’intéresser à elle, notamment son tuteur, Abraham, n’est ce pas ?

Morgane Caussarieu : Barbara est une adolescente traumatisée par la mort récente de son père, et elle a du mal à se faire à sa nouvelle vie à San Francisco, à son nouveau lycée ou elle ne trouve pas sa place, et à ce père de substitution, Abraham, son tuteur légal, qui la surprotège. Mais on comprends petit à petit que celui-ci a de bonnes raison d'être inquiet pour Barbara, car le sang qui coule dans ses veines est différent de celui des autres jeunes filles, et fait d'elle la cible d'individus effrayants.

ActuSF : Autre personnage, autre ambiance : Faruk, un vampire qui vit dans les ghettos de Tenderloin. Comment va-t-il se retrouver à Mission High School ?

Morgane Caussarieu : Paradoxalement, j'ai toujours trouvé idiot ce genre de romans où les vampires vont au lycée, car franchement, qu'irait foutre un mec qui a plus de cent ans à traîner avec des ados idiots et à apprendre sans arrêt les mêmes cours ? Il a donc fallu, en premier lieu, trouver une raison valable pour que mon vampire se retrouve sur les bancs de l'école. Et cette raison, c'est qu'on lui propose un marché difficile à refuser : s'il joue les anges gardiens pour Barbara, au lycée, on lui permettra de retrouver celui qu'il cherche depuis toujours, son créateur, Gabriel.

Cela va être difficile pour Faruk, de faire la navette entre son affreux ghetto de junkies, car il est un junkie lui aussi, accro au sang des clochards - à ce monde des adolescents, un lycée. Le ghetto du Tenderloin est un endroit qui m'a particulièrement marqué lors de mon voyage à San Francisco, et que j'ai tenté de restituer tel quel.

Faruk est amnésique, et au contact de Barbara il va retrouver les souvenirs de quand il était encore jeune humain, et qu'il vivait dans le désert d'Afghanistan, avant que Gabriel ne le damne. Je voulais un vampire d'origine arabe, car c'est peu conventionnel dans ce genre de roman. 

"J'ai toujours trouvé idiot ce genre de romans où les vampires vont au lycée, car franchement, qu'irait foutre un mec qui a plus de cent ans à traîner avec des ados idiots et à apprendre sans arrêt les mêmes cours ?"

  ActuSF : Qu’est-ce qui va faire que ces deux histoires vont se retrouver liées ? Quel est le déclencheur ?

Morgane Caussarieu : Évidemment, au début, l'entente entre Barbara et Faruk ne coule pas de source. Elle a un caractère de chien, ne se laisse pas approcher facilement, et lui est un mauvais garçon toxique et très prétentieux, ce qui a le don de l'agacer. Sans compter qu'il est un tueur assoiffé de sang. Au début, c'est Faruk qui représente le danger pour Barbie, mais au fur et à mesure, l'équilibre s'inverse, c'est elle qui prendra l'avantage, le pouvoir.

Les deux personnages se ressemblent dans leur immaturité, dans le fait qu'ils devront grandir au fil du livre, devenir adulte, et s'émanciper, chacun, d'une figure paternelle faussement idéalisée.

ActuSF : Il y avait des liens entre vos personnages de Dans les veines et Je suis ton Ombre. Y en a t-il entre ces deux livres et Rouge Toxic ? Où est-ce que ce sont deux univers séparés ?

Morgane Caussarieu : Non, Rouge Toxic se situe dans le même univers, il est d'ailleurs très lié à Dans les veines et Je suis ton ombre, même si évidemment, on peut le lire complètement indépendamment, comme c'était le cas avec les deux autres, et à sa lecture, on ne se sentira pas obligatoirement obligé d'acheter les précédents, ce qui est plutôt bien, car ils ne s'adressent pas forcément au même public, et que Rouge Toxic est beaucoup plus soft, et écrit dans un style différent. C'est mon petit délire ça, de décliner le même univers sous des formes qui n'ont rien à voir les unes avec les autres. Rouge Toxic, comme c'est du YA, je l'ai écrit à américaine, très rythmé, à la différence de mes précédents qui avaient un côté roman noir du terroir, bien franchouillard. J'ai vécu cela comme un exercice de style, et Rouge Toxic est sûrement le roman que je me suis le plus amusé à écrire, car il est bien plus léger que les précédents. J'espère qu'il convaincra ceux qui avaient été arrêtés par la violence parfois insoutenable de mes précédentes œuvres.

"Rouge Toxic se situe dans le même univers, il est d'ailleurs très lié à Dans les veines et Je suis ton ombre "

On y retrouve l'enfant vampire Gabriel, le « Grand Méchant » de Dans les veines et Je suis ton ombre, car Faruk est le premier vampire qu'il a créé. Rouge Toxic est construit en deux parties, la première à San Francisco au lycée, et la seconde à la Nouvelle Orléans, où Faruk et Barbara devront affronter des personnages directement sortis de mes précédents opus. Je peux d'ors et déjà dire que J.F, le vampire punk, fera un retour fracassant, ainsi que Marie-Joséphine, la petite esclave devenue buveur de sang, à présent la reine vaudou des bas-fonds de La Nouvelle-Orléans.

ActuSF : Est-ce que vous avez écrit Rouge Toxic comme un roman stand-alone ou avez-vous éventuellement envisagée de poursuivre cette histoire ?

Morgane Caussarieu : La fin est ouverte, je laisse la possibilité d'un tome 2 en suspens.

ActuSF : Avez vous d’autres publications prévues en 2018 - rééditions ou inédits ?

Morgane Caussarieu : Pour la rentrée littéraire 2018, je sors chez le Serpent à Plumes (Groupe La Martinière) mon second roman de littérature générale, Techno Freaks, qui suit des starlettes dans les clubs techno de Berlin durant un week-end de quatre jours, sur fond de GHB et de kétamine. Dès mars 2018, mon autre roman de littérature générale, Chéloïdes, chronique punk, publié à l'Atelier Mosésu en octobre dernier sous la direction de Sophie Jomain, va être retiré de la vente, la maison étant absorbée par une plus grosse. Donc si jamais vous voulez vous le procurer, dépêchez-vous de le commander, il va être collector celui-là. Ça raconte la descente aux enfers d'un couple de punks, dans l'underground parisien, un univers pas si éloigné des premiers romans de Virginie Despentes.

ActuSF : Sur quoi travaillez-vous ce moment ? Morgane Caussarieu : Je bosse sur un étoffement en roman de ma novella, Les enfants de Samedi, qui était parue au Chat Noir dans le recueil Black Mambo. ActuSF : Où pourra-t-on vous trouver prochainement en dédicace ?

Morgane Caussarieu :

A la dimension fantastique à Paris le 16 mars

Au Salon du livre de Paris le 17 et 18 mars,

Aux imaginales, en mai, à Épinal

Aux Halliennales en octobre à Lille

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