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Interview 2018 : Paul Béorn pour Les Deux Visages
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Interview 2018 : Paul Béorn pour Les Deux Visages

ActuSF  : Vous revenez à la fantasy deux ans après Le Septième Guerrier-Mage, paru aux éditions Bragelonne et qui a reçu le Prix Imaginales de lycéens. Ce dernier a eu un impact pour vous ? Vous n’avez pas été tenté de revenir dans cet univers, par exemple ?

Paul Beorn : l’impact est très important pour moi, mais il est pour les ventes, pour l’éditeur et les rencontres scolaires… En ce qui concerne l’écriture, cela ne change rien : en tant qu’auteur, on se retrouve toujours seul face à son clavier, à faire naître peu à peu une nouvelle histoire du bout des doigts. Mais je reviendrai peut-être un jour dans l’univers du septième guerrier mage, pourquoi pas ?

 

ActuSF : Vous disiez dans une interview à la librairie Mollat que Le Septième Guerrier-Mage était atypique de la production fantasy actuelle, car c’était un récit en un tome, et pas une trilogie. Là vous vous revenez avec un diptyque - encore un format atypique ! Comment choisissez-vous le découpage de vos histoires ? C’est prévu dés le départ ? C’est une décision en lien avec le travail éditorial ?

Paul Beorn : Ah ah ! En fait, je n’ai pas l’impression de choisir, c’est l’histoire qui choisit pour moi ! Parfois, elle a besoin d’un seul tome, parfois deux, peut-être un jour de trois, de quatre ou de dix. Commercialement, la trilogie est un peu la combinaison gagnante, quand le premier tome a un peu de succès. Mais le commerce, c’est une chose, et l’écriture c’en est une autre. La seule chose importante pour le lecteur, je crois, c’est que l’histoire lui plaise. Alors certes, Stéphane Marsan (mon éditeur chez Bragelonne) me demande toujours gentiment si, pour une fois, je ne pourrais pas lui écrire une bonne vieille trilogie comme tout le monde. Mais au fond, il me laisse une paix royale sur le sujet et, pour ça, je lui fais de gros poutous de remerciement.

ActuSF : Dans Les Deux Visages, on est aussi sur un contexte de départ un peu atypique : celui de la défaite d’une rébellion face à un tyran. Un décor plus sombre que votre précédent roman fantasy ?

Paul Beorn : je ne pense pas que Calame soit plus sombre que Le septième guerrier-mage. Il y a toujours de l’espoir, toujours de la liberté pour ceux qui le veulent vraiment, même si… même si le monde autour d’eux n’est pas toujours très joyeux. Mais le nôtre non plus, je pense que tout le monde l’aura remarqué. En fait, pour ce roman, je voulais partir de la fin, pour une fois. Et si le camp des héros avait échoué ? Et si le tyran avait écrasé tous ceux qui s’étaient rebellés contre lui ? Ce point de départ me plaisait. Comme dans Le nom du vent et beaucoup d’autres romans, il permettait en parallèle de revenir sur le passé et de faire avancer l’histoire au présent.

ActuSF : Pouvez-vous nous présenter en quelques mots la Westalie ? Qui est le Roi Lumière, son dirigeant et en quoi est-il considéré comme un tyran ?

Paul Beorn : la Westalie est un royaume qui a été gouverné depuis des siècles par des reines dites « Gottaran » dotées de mystérieux pouvoirs magiques, et qui en faisaient un usage terrifiant. Dix ans plus tôt, un courageux jeune prince a renversé la monstrueuse dernière reine et il est devenu lui-même « Gottaran » en montant sur le trône. On l’appelle « Roi Lumière » parce que, selon son humeur, il peut littéralement irradier de chaleur et de lumière au point de calciner ses ennemis jusqu’aux os. Même ses visiteurs sont invités à mettre un bandeau sur les yeux avant de le rencontrer. Le jeune prince, devenu roi, s’est avéré encore plus sanglant que celle qui l’avait précédé. Après avoir renversé une dynastie de reines, sa première mesure est de déclarer que « les femmes n’ont pas d’âme ». Cela s’est traduit par une lente destruction de la place des femmes à travers le royaume, et par énormément de souffrance pour la plupart des habitants, hommes et femmes. 

ActuSF : Dans le roman, vous allez nous raconter l’histoire du chef de la rébellion, Darran Dahl… à travers un autre personnage : Maura. Qui est-elle ?

Paul Beorn : difficile d’en parler sans gâcher une partie de l’histoire ! Son lien avec Darran est au coeur du récit. En tout cas, c’est elle, le personnage principal, tout autant que Darran. Très jeune, très pauvre, illettrée mais très intelligente et dotée d’une excellente mémoire, ce n’est pas un hasard si D’Arterac la choisit comme témoin principal : elle est la seule personne qui ait vraiment été proche de Darran. C’est une jeune fille solitaire, qui accorde sa confiance à peu de gens mais d’une manière totale. Elle est le personnage peu connu dans l’ombre du géant, le soutien indéfectible, le secret de sa réussite.

Maura et Darran, c’est un peu le feu et la glace. Elle est pleine de vie, elle se découvre des pouvoirs magiques et elle a désespérément besoin d’une famille. Lui s’est réfugié dans le mutisme et l’alcool au début du récit ; il a perdu l’amour de sa vie et après avoir vu trop de batailles sanglantes, il est revenu brisé. Ils vont apprendre à s’apprivoiser l’un l’autre, en tant que maître et domestique, à force de vivre sous le même toit. Et quand une bande de trafiquants attaque leur village et enlève de force une trentaine de filles, ils vont convaincre tout le village de poursuivre ces hommes. Ce duo, c’est le début de la rébellion. Le premier petit caillou qui va déclencher l’avalanche.

ActuSF : Le légendier D’Arterac propose à Maura de suspendre son exécution pour qu’elle lui raconte l’histoire du chef de la rébellion. Drôle de marché, qui fait penser à celui de Shéhérazade dans les Mille et une nuits. Pourquoi Maura accepte-elle ? Juste pour gagner un sursis ? Pour que la légende de  Darran Dahl survive ?

Paul Beorn : Maura a l’espoir chevillé au corps. Darran est mort et la rébellion matée ? Tant pis, c’est plus fort qu’elle : elle y croit encore. En échange de son histoire, elle fait promettre à D’Arterac la suspension de l’exécution de tous ses compagnons -et compagnes- d’armes. Et elle a bien l’intention de profiter de ce sursis pour s’échapper de sa prison et reprendre le combat.

ActuSF : Un mot sur le titre, Calame  : un roseau taillé dont on se sert pour écrire. Une référence à l’histoire - la légende - de Westalie qui est en train de s’écrire ?

Paul Beorn : Le « calame », c’est le plus grand secret gardé par les reines et les rois : tous ceux qui apprennent la vérité disparaissent tôt ou tard. Je serai donc muet comme la tombe sur le sujet.

ActuSF : Quels sont vos autres projets en cours ? La seconde partie de Calame, j’imagine… mais peut-être d’autres encore ? 

Paul Beorn : Je suis sur un projet de roman jeunesse avec Silène Edgar avec qui j’avais déjà co-écrit 14-14 - un roman qui est depuis devenu, je crois qu’on peut oser ce gros mot, un petit best-seller. On avance bien et on s’amuse beaucoup ! Mais bien sûr, j’écris en parallèle le tome 2 qui va clôturer Calame.

ActuSF : Où pourra-ton vous trouver en dédicace ?  

Paul Beorn :  A Bordeaux (l’Escale du livre, 9 et 10 avril), à Genève chez nos amis Suisses (Salon du livre de Genève, 28 et 29 avril) à Epinal comme chaque année (Festival des Imaginales, du 24 au 27 mai) et enfin à Vannes, en Bretagne (Livr’A Vannes, les 9 et 10 juin). 

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