- le  
Interview Valerio Evangelisti
Commenter

Interview Valerio Evangelisti

Actusf : En France, les éditions de La Volte ont décidé de rééditer le cycle d'Eymerich. Rappelez-nous comment est né ce personnage ?
Valerio Evangelisti : Au commencement je pensais seulement écrire une nouvelle d’horreur, avec un inquisiteur comme protagoniste. Et en cherchant mon personnage j’ai trouvé Eymerich. Le nom me plaisait bien, je le trouvais très tranchant. A ce moment-là il n’avait pas encore de caractère. A la même période j'ai lu un essai sur les troubles de la personnalité « schizoïdes ». J’y ai reconnus plusieurs traits de ma propre personnalité. J'ai alors décidé de transférer sur Eymerich le pire de moi-même. Dès lors, je me suis amélioré. Une sorte de psychothérapie.   
 
Actusf : Le premier roman date de 1998. Le personnage d'Eymerich vous accompagne depuis longtemps. Quel regard portez-vous sur lui aujourd'hui ?
Valerio Evangelisti : Je le regarde avec la sympathie qu’on a vers son ombre. Je ne l’ai jamais détesté, au contraire ! Lorsque je m’en suis défait, après dix volumes, je lui ai réservé une fin bien digne.  
 
Actusf : Le dernier roman a été publié en 2010. Est-ce que vous en avez terminé avec lui ou est-ce que vous allez poursuivre la série ?
Valerio Evangelisti : Non, la série est terminée. Je ne veux pas la continuer. Eymerich vivra encore, mais dans les jeux vidéo et dans d’autres médias. (En voici un exemple : www.eymerich.it)
 
Actusf : De quoi parle justement ce dernier volume "Rex tremendae maiestatis" ?
Valerio Evangelisti : De la fin d’Eymerich, et de la nouvelle existence qui l’attend (il ne meurt pas complètement). En même temps, y est esquissée la « vérité » de son être. C’est quelque chose que le lecteur français ignore, puisqu'il n'a pu lire que cinq romans sur dix. Le changement va arriver avec le sixième, « Le château d’Eymerich », que La Volte est en train de traduire.
 
Actusf : Parmi les inédits que nous n'avons pas encore pu lire en France, il y a Terribilis MATER. Vous y évoquez Jeanne d'Arc et Gilles de Rais. Pourquoi avoir mis en scène ces deux personnages ? Qu'est-ce qui vous intéressait chez eux ?
Valerio Evangelisti : La complexité de leur rapport, et l’étrangeté de leur amitié. Elle est bien curieuse cette affection entre une jeune fille vouée à la vertu et un futur monstre. Cela m’intriguait. Pour le reste, « Mater Terribilis » est un peu la suite de « Cherudek ». Je le classe parmi mes œuvres les plus réussies. Il a eu un un joli succès, et pas seulement en Italie mais aussi dans l’Europe de l’Est.
 
Actusf : Tortuga vient d'être publié en France il y a quelques mois. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire sur la piraterie ?
Valerio Evangelisti : Lorsque j’étais tout jeune, j’adorais les histoires de pirates. Surtout celles d’un auteur qui n’est pas si connu en France, Emilio Salgari, beaucoup plus populaire en Espagne. J’ai voulu en suivre ses traces... à ma façon. Les lecteurs ont beaucoup apprécié. 
 
Actusf : C'est un livre qui montre le côté sombre des pirates. Vous aviez envie de les délester du romantisme avec lequel on les voit aujourd'hui ?
Valerio Evangelisti : Un peu oui, mais je voulais surtout être réaliste et respecter l’histoire. En France, malheureusement, mes bouquins de ce type sont publiés sans la bibliographie présente dans les éditions italienne. On verrait que je fais des recherches minutieuses.   
 
Actusf : Il y a quelques années, vous aviez publié un article sur le déclin de la science fiction italienne. Quelle est la situation aujourd'hui?
Valerio Evangelisti : Elle est encore pire. La revue principale, « Urania », qui à sa belle époque vendait des dizaines de milliers d'exemplaires, en vend maintenant moins de 3000, et on ne la trouve pas partout. Il n’y a plus de maisons d’édition spécialisées, sauf deux ou trois, qui vendent surtout leurs ouvrages en ligne. Les auteurs italiens plus connus, comme Luca Masali et Nicoletta Vallorani, sont partis écrire autre chose. Moi je me suis sauvé simplement parce que il est difficile de classer ce que j’écris.  
 
Actusf : Quels sont projets, sur quoi travaillez-vous ?
Valerio Evangelisti : Je vient de sortir un gros roman assez ambitieux, « One Big Union ». A moitié entre roman noir et roman historique, il raconte l’histoire d’un syndicat américain, Industrial Workers of the World. C’est un peu une liaison entre mes « Anthracite » et « Nous ne sommes rien, soyons tout ». Actuellement je suis en train d’écrire « Carthagène. Les derniers de la Tortue ». Troisième et dernier volet de mon cycle des pirates, après « Tortuga » et « Veracruz » (qui n'est pas encore paru en France).  

à lire aussi

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?