Actusf : Tout d'abord pourquoi lancer une nouvelle collection ? Quelle est l'idée sous-jacente ?
André-François Ruaud : La Bibliothèque voltaïque est en fait une idée de nos débuts : lorsque je cherchais à créer les Moutons électriques, courant 2004, j'avais déjà discuté avec Patrice Duvic, mon "mentor", et avec quelques autres amis et associés, de la nécessité de créer une sorte de "super-Livre d'Or", une collection proposant des oeuvres-cultes des littératures de l'imaginaire. Nous avions retenu la forme de recueils pouvant tout aussi bien réunir deux romans, ou plein de nouvelles, ou encore un roman et des nouvelles... Le tout avec à chaque fois une préface par un auteur connu, et du para-texte derrière, pour accompagner l'oeuvre. Des projets sont nés alors mais plusieurs n'ont jamais été achevés, pour plein de raisons, et cette collection a finalement été assez longue et complexe à mettre sur pieds. Aujourd'hui, pour la quatrième année des Moutons, il nous a semblé nécessaire de concentrer notre production de fictions sur cette Bibliothèque voltaïque, qui a l'ambition de constituer une sorte d'anthologie permanente de classiques modernes de nos genres.
ActuSF : Comment s'est fait le choix des auteurs ?
André-François Ruaud : C'est le fruit tout à la fois d'envies personnelles, de discussions avec Raphaël Colson (le nouveau gérant des Moutons électriques), et de contacts noués au cours de ces premières années d'existence de la maison. Les deux premiers volumes, le Jeury et le Coney, sont l'aboutissement de rêves éditoriaux que j'avais depuis trrrrrès longtemps.
ActuSF : La Vallée du temps profond de Michel Jeury est un ouvrage assez gros regroupant ses nouvelles. Seront-ils tous de cette taille-là ?
André-François Ruaud : Ils seront souvent assez volumineux, c'est certain. Mais pas forcément à ce point : chaque projet définit sa propre ampleur. Le but est de faire des livres enore plus beaux, vraiment attirants, en ne s'interdisant rien, ni graphiquement ni textuellement. À chaque fois, un directeur (ou une directrice) d'ouvrage s'occupe d'un volume, qu'il peaufine le plus possible.
ActuSF : Que peux-tu nous dire sur Michael G. Coney, un auteur que l'on a peut-être un peu oublié ? Que contiendra Péninsule ? Des nouvelles également ?
André-François Ruaud : Il y a un constant besoin de ramener des auteurs à la surface : un travail de mémoire, absolument vital pour toute littérature. J'avais discuté il y a quelques années avec Michael Coney de mon envie de faire Péninsule, et il s'était dit enthousiaste : il s'agit d'un cycle comprenant un roman, Les Crocs et les griffes, et quatre nouvelles. Le tout n'a jamais été réuni ensemble, en anglais. Un cancer a malheureusement emporté l'auteur avant que ce volume ne se concrétise, mais je suis vraiment très content, très fier, de faire redécouvrir une oeuvre aussi forte et intrigante. Hasard heureux, il se trouve que Laurent Genefort avait lui aussi des envies dans cette direction, il prépare un autre recueil de plusieurs romans, pour Bragelonne. Coney ne va donc plus rester oublié.
ActuSF : Même question pour le Fabrice Colin, Comme des fantômes. Ce sera un recueil nouvelles ?
André-François Ruaud : Oui, il s'agissait de réunir toutes les nouvelles que Fabrice Colin a éparpillées au fil des années, dans des supports généralement devenus introuvables. Bien sûr, il les a réécrites un peu, et comme il ne voulait pas d'un simple empilement de textes différents, il a conçu un fil directeur, en forme de mise en abyme de l'auteur. Ainsi le recueil incorpore-t-il aussi des documents divers — bouts de manuscrits, articles, entretien, photos —, des commentaires qui courent sur tout le volume, et des témoignages de Claro, Mauméjean, Calvo, Heliot, Dufour, Dumay... Le tout est du pur Colin, au final : un merveilleux séduisant et vaguement dérangeant, en tout cas un peu cinglé et terriblement talentueux.
ActuSF : Petite surprise au niveau des premiers titres annoncés, la présence de Gustave Le Rouge, un auteur à cheval entre la fin du XIXème et le début du XXème. Quel est ce roman et pourquoi avoir été chercher dans ces classiques ?
André-François Ruaud : La science-fiction a une longue histoire et il convient, dans notre travail de redécouverte et de patrimoine, d'aussi savoir apprécier de nouveau des classiques un peu anciens. Le cycle martien de Gustave Le Rouge est un régal, vraiment, une oeuvre que j'adore depuis longtemps. Il n'a plus été publié depuis 1976 et, en plus, nous y ajoutons l'ensemble des illustrations des deux premières éditions — jamais rééditées. Je pense que beaucoup seront surpris par la beauté, le lyrisme et la modernité de ces deux romans.
ActuSF : Qui est Louis Batissier ?
André-François Ruaud : Il fut consul français au Caire, sous le Troisième Empire. Erudit, historien, écrivain, il a publié en 1864 un très beau recueil de contes de fées — qui n'a jamais été réédité, et est même absent de la BNF ! J'avais ce livre rare dans ma bibliothèque, et je me suis dit qu'il serait bien de le présenter au public, sans oublier d'en reprendre les deux cents gravures. Cela fera pour la fin d'année un beau recueil féerique, un petit bijou inattendu.
ActuSF : En dehors de cette nouvelle collection, quelles sont les nouveautés des Moutons que l'on pourra découvrir en 2008 ?
André-François Ruaud : La Bibliothèque rouge, qui rencontre un joli succès, va se développer, avec des volumes minces sur Dracula, Frankenstein et Monsieur Malaussène, et des volumes épais sur New York, Jack l'Eventreur, Conan, et une réédition entièrement réécrite et augmentée du Arsène Lupin. Sinon, nous préparons une nouvelle anthologie de Noël, nous sortons des essais sur Heinlein, sur Anderson et sur les Utopies, et nous continuons bien sûr le semestriel Fiction.
ActuSF : Les Moutons Electriques ont un site toujours très dynamique. Tu y mets pas mal de textes en ligne. Est-ce que tu vas poursuivre l'expérience en 2008 et quelles sont les nouveautés que l'on va pouvoir trouver sur le site dans les prochains mois ?
André-François Ruaud : La mise en ligne des nouvelles de David Calvo va se poursuivre, bien entendu, et le site est en plein redéveloppement : nouveaux visuels, nouveaux menus, projets inhabituels, des tas de choses vont évoluer au cours des prochains mois - mais je ne peux pas encore en dire plus.
ActuSF : Et faisons un petit point pour ce début d'année, de manière globale, comment vont Les Moutons Electriques ?
André-François Ruaud : Ma foi, ils se portent plutôt bien, merci pour eux. Le tournant de la troisième année fut périlleux, mais nous semblons nous faire petit à petit un bout de place au soleil, et sommes donc confiants en l'avenir. Dans un contexte de libraires dépressifs et d'oiseaux de mauvais augure, ce que nous développons pour ces prochaines années nous rend pourtant assez optimistes.
André-François Ruaud : La Bibliothèque voltaïque est en fait une idée de nos débuts : lorsque je cherchais à créer les Moutons électriques, courant 2004, j'avais déjà discuté avec Patrice Duvic, mon "mentor", et avec quelques autres amis et associés, de la nécessité de créer une sorte de "super-Livre d'Or", une collection proposant des oeuvres-cultes des littératures de l'imaginaire. Nous avions retenu la forme de recueils pouvant tout aussi bien réunir deux romans, ou plein de nouvelles, ou encore un roman et des nouvelles... Le tout avec à chaque fois une préface par un auteur connu, et du para-texte derrière, pour accompagner l'oeuvre. Des projets sont nés alors mais plusieurs n'ont jamais été achevés, pour plein de raisons, et cette collection a finalement été assez longue et complexe à mettre sur pieds. Aujourd'hui, pour la quatrième année des Moutons, il nous a semblé nécessaire de concentrer notre production de fictions sur cette Bibliothèque voltaïque, qui a l'ambition de constituer une sorte d'anthologie permanente de classiques modernes de nos genres.
ActuSF : Comment s'est fait le choix des auteurs ?
André-François Ruaud : C'est le fruit tout à la fois d'envies personnelles, de discussions avec Raphaël Colson (le nouveau gérant des Moutons électriques), et de contacts noués au cours de ces premières années d'existence de la maison. Les deux premiers volumes, le Jeury et le Coney, sont l'aboutissement de rêves éditoriaux que j'avais depuis trrrrrès longtemps.
ActuSF : La Vallée du temps profond de Michel Jeury est un ouvrage assez gros regroupant ses nouvelles. Seront-ils tous de cette taille-là ?
André-François Ruaud : Ils seront souvent assez volumineux, c'est certain. Mais pas forcément à ce point : chaque projet définit sa propre ampleur. Le but est de faire des livres enore plus beaux, vraiment attirants, en ne s'interdisant rien, ni graphiquement ni textuellement. À chaque fois, un directeur (ou une directrice) d'ouvrage s'occupe d'un volume, qu'il peaufine le plus possible.
ActuSF : Que peux-tu nous dire sur Michael G. Coney, un auteur que l'on a peut-être un peu oublié ? Que contiendra Péninsule ? Des nouvelles également ?
André-François Ruaud : Il y a un constant besoin de ramener des auteurs à la surface : un travail de mémoire, absolument vital pour toute littérature. J'avais discuté il y a quelques années avec Michael Coney de mon envie de faire Péninsule, et il s'était dit enthousiaste : il s'agit d'un cycle comprenant un roman, Les Crocs et les griffes, et quatre nouvelles. Le tout n'a jamais été réuni ensemble, en anglais. Un cancer a malheureusement emporté l'auteur avant que ce volume ne se concrétise, mais je suis vraiment très content, très fier, de faire redécouvrir une oeuvre aussi forte et intrigante. Hasard heureux, il se trouve que Laurent Genefort avait lui aussi des envies dans cette direction, il prépare un autre recueil de plusieurs romans, pour Bragelonne. Coney ne va donc plus rester oublié.
ActuSF : Même question pour le Fabrice Colin, Comme des fantômes. Ce sera un recueil nouvelles ?
André-François Ruaud : Oui, il s'agissait de réunir toutes les nouvelles que Fabrice Colin a éparpillées au fil des années, dans des supports généralement devenus introuvables. Bien sûr, il les a réécrites un peu, et comme il ne voulait pas d'un simple empilement de textes différents, il a conçu un fil directeur, en forme de mise en abyme de l'auteur. Ainsi le recueil incorpore-t-il aussi des documents divers — bouts de manuscrits, articles, entretien, photos —, des commentaires qui courent sur tout le volume, et des témoignages de Claro, Mauméjean, Calvo, Heliot, Dufour, Dumay... Le tout est du pur Colin, au final : un merveilleux séduisant et vaguement dérangeant, en tout cas un peu cinglé et terriblement talentueux.
ActuSF : Petite surprise au niveau des premiers titres annoncés, la présence de Gustave Le Rouge, un auteur à cheval entre la fin du XIXème et le début du XXème. Quel est ce roman et pourquoi avoir été chercher dans ces classiques ?
André-François Ruaud : La science-fiction a une longue histoire et il convient, dans notre travail de redécouverte et de patrimoine, d'aussi savoir apprécier de nouveau des classiques un peu anciens. Le cycle martien de Gustave Le Rouge est un régal, vraiment, une oeuvre que j'adore depuis longtemps. Il n'a plus été publié depuis 1976 et, en plus, nous y ajoutons l'ensemble des illustrations des deux premières éditions — jamais rééditées. Je pense que beaucoup seront surpris par la beauté, le lyrisme et la modernité de ces deux romans.
ActuSF : Qui est Louis Batissier ?
André-François Ruaud : Il fut consul français au Caire, sous le Troisième Empire. Erudit, historien, écrivain, il a publié en 1864 un très beau recueil de contes de fées — qui n'a jamais été réédité, et est même absent de la BNF ! J'avais ce livre rare dans ma bibliothèque, et je me suis dit qu'il serait bien de le présenter au public, sans oublier d'en reprendre les deux cents gravures. Cela fera pour la fin d'année un beau recueil féerique, un petit bijou inattendu.
ActuSF : En dehors de cette nouvelle collection, quelles sont les nouveautés des Moutons que l'on pourra découvrir en 2008 ?
André-François Ruaud : La Bibliothèque rouge, qui rencontre un joli succès, va se développer, avec des volumes minces sur Dracula, Frankenstein et Monsieur Malaussène, et des volumes épais sur New York, Jack l'Eventreur, Conan, et une réédition entièrement réécrite et augmentée du Arsène Lupin. Sinon, nous préparons une nouvelle anthologie de Noël, nous sortons des essais sur Heinlein, sur Anderson et sur les Utopies, et nous continuons bien sûr le semestriel Fiction.
ActuSF : Les Moutons Electriques ont un site toujours très dynamique. Tu y mets pas mal de textes en ligne. Est-ce que tu vas poursuivre l'expérience en 2008 et quelles sont les nouveautés que l'on va pouvoir trouver sur le site dans les prochains mois ?
André-François Ruaud : La mise en ligne des nouvelles de David Calvo va se poursuivre, bien entendu, et le site est en plein redéveloppement : nouveaux visuels, nouveaux menus, projets inhabituels, des tas de choses vont évoluer au cours des prochains mois - mais je ne peux pas encore en dire plus.
ActuSF : Et faisons un petit point pour ce début d'année, de manière globale, comment vont Les Moutons Electriques ?
André-François Ruaud : Ma foi, ils se portent plutôt bien, merci pour eux. Le tournant de la troisième année fut périlleux, mais nous semblons nous faire petit à petit un bout de place au soleil, et sommes donc confiants en l'avenir. Dans un contexte de libraires dépressifs et d'oiseaux de mauvais augure, ce que nous développons pour ces prochaines années nous rend pourtant assez optimistes.