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Interview de Jo Walton sur l'uchronie
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Interview de Jo Walton sur l'uchronie

ActuSF : Comment avez-vous découvert l’uchronie ? Pouvez-vous nous parler des œuvres uchroniques qui vous ont marquée ?
 
Jo Walton : J’avais 13 ans, c’était dans La Patrouille du temps de Poul Anderson. Dans ce livre, les voyageurs du temps s’efforcent de conserver la stabilité du temps et de stopper tout ce qui pourrait entraver celui-ci… mais ils échouent. L’histoire déraille : Rome n’a jamais connu d’essor, le XXe siècle est dominé par la Lituanie. J’ai été séduite et fascinée.
Après ça, il y a eu Autant en emporte le temps de Joseph Ward Moore puis les nouvelles d’Harry Turtledove.
 
ActuSF : Comment et pourquoi avez-vous développé des uchronies ?
 
Jo Walton : Je ne peux m’empêcher de lire une histoire sans commencer à me demander comment les choses auraient pu se passer si cela avait été différent. Ce que nous voyons est le résultat d’un millier de hasards infimes, qui sont tous improbables mais se sont réalisés. Si les événements avaient été autres, tout aurait été différent.
 
ActuSF : Quel travail cela représente-t-il ?
 
Jo Walton : C’est amusant ! C’est une manière intéressante de réfléchir à l’histoire, au temps et au présent. Plus nous connaissons l’histoire, plus nous pouvons en discerner les possibilités.
 
ActuSF : Quel type de message voulez-vous faire passer à travers vos œuvres uchroniques ?
 
Jo Walton : Nous ne devrions pas tout considérer comme étant acquis car rien n’est jamais sûr.
 
ActuSF : Considérez-vous que l’uchronie est un genre en lui-même ? Pourquoi ?
 
Jo Walton : Non, je considère qu’il fait partie des littératures de l’imaginaire.
 
ActuSF : L’uchronie est en lien avec l’histoire avec un grand H. Les livres de science-fiction imaginent notre futur. Mais les uchronies sont plus souvent publiées dans des collections SF que dans les œuvres historiques. Elles semblent être ancrées dans le domaine de la science-fiction. À votre avis, comment peut-on expliquer ça ?
 
Jo Walton : L’essence même de la science-fiction est de poser la question « Et si…? » Elle fait donc partie de l’uchronie. La distinction se fait sur la provenance des réponses, ce qui vu leurs nombreux points communs me semble une distinction infime.
 
ActuSF : Pouvez-vous nous parler de votre travail actuel (et uchronique) à venir ?
 
Jo Walton : Mon roman, My Real Children, montre deux vies d’une même femme. Âgée et résidant dans un établissement pour patients atteints de démence, elle se souvient de deux versions différentes de sa propre vie et de l’histoire de la seconde moitié du XXe siècle.
Dans ma série Small Change, la Grande-Bretagne signe une paix séparée avec l’Allemagne après la chute de la France.
 
ActuSF : Les derniers mots (peut-être à propos d’uchronie) vous appartiennent !
 
Jo Walton : C’est très facile de voir l’histoire comme solide et immuable. L’uchronie met à notre disposition de nouveaux moyens d’appréhender le passé et de nouvelles possibilités de le concevoir.
 

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