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Interview de Pierre Bordage sur Chroniques des Ombres
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Interview de Pierre Bordage sur Chroniques des Ombres

Actusf : Comment est née l’idée de ce feuilleton ? Et comment travailles-tu ? Est-ce que tout est déjà écrit ou progresses-tu au fur et à mesure ? 
Pierre Bordage : L’idée est née il y a longtemps, lorsque je me suis lancé dans l’aventure du feuilleton radio internet. L’univers s’était mis en place à ce moment là. J’ai écrit quelques épisodes dialogués. Le projet s’est arrêté très vit,  le modèle économique n’étant pas fiable (l’arrivée des smartphones a, je pense, tout changé). Marion Mazauric, du Diable Vauvert, m’a demandé de revenir dans cet univers qui lui avait beaucoup plu. Une partie était donc écrite sous forme de dialogues que j’ai transformés en narration romanesque ; pour le reste, j’écris comme un véritable feuilletoniste, au fur et à mesure. Ce qui demande une énergie particulière et engendre pas mal de pression. 
 
Actusf : Est-ce que l’exercice est différent par rapport à l’écriture d’un roman ? Est-ce qu’au niveau de l’imagination, la conception du récit a été la même que pour un roman ? 
Pierre Bordage : Je crois que le découpage par épisodes demande une rythmique particulière. Chaque épisode a son propre rythme. Si le conception du récit reste grosso modo la même, la façon de le mener est un peu différente, plus syncopée, plus dynamique. Les scènes me semblent plus brèves, vont plus vite à l’essentiel, comme si on épousait spontanément le halètement recherché. Il existe une forme d’urgence quasi quotidienne que ne demande pas nécessairement le roman. 
 
Actusf : Quel regards portes-tu sur le numérique en tant qu’écrivain ? 
Pierre Bordage : Aucun pour l’instant. Je suis attentif, j’essaie de défricher ces nouvelles pistes sans a priori, me disant qu’il faut tenir compte de ce medium pour l’avenir — et le présent aussi d’ailleurs. C’est une terra incognita que j’explore avec le maximum d’ouverture possible. Je pense même, contrairement à beaucoup, que le numérique va faire redécouvrir la beauté pure du texte, son rôle en tant que créateur d’imaginaire personnel, loin des images et des codes éphémères imposés par d’autres (cinéma, jeu vidéo, etc). Le texte est irremplaçable sur le plan de l’intimité imaginaire. La preuve : les mythes fondateurs ont traversé les siècles sur la force pure des mots. Et peut-être le temps est-il venu de retrouver le rôle fondamental des mots.  

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