Johan Heliot est né en 1970. Professeur de français et d’histoire-géographie en plus d’être auteur de science-fiction, on lui doit de nombreux ouvrages dans des univers alliant steampunk et uchronies. Il a écrit, entre autres, la trilogie de la Lune, Faerie Hackers, Françatome, et a aussi participé à Un an dans les airs. Dans Involution, il nous fait le récit d’une fin du monde...

Un phénomène étrange...

L’AMAS est l’acronyme qui désigne l’Anomalie Magnétique de l’Atlantique Sud : ce phénomène inhabituel à l’origine de perturbations magnétiques commence à prendre une ampleur que de nombreux scientifiques jugent de mauvais augure. Les villes du continent sud-américain sont les premières à en ressentir les effets, avec un dérèglement inquiétant des appareils de communication.

C’est justement le moment que choisi Vincent pour partir au Brésil, embauché par le nouveau géant brésilien de l’Internet mondialisé. Il espère renouer avec sa femme, qui est responsable d’un projet de forage pétrolier expérimental particulièrement ambitieux...

... prélude à un grand bouleversement

Dans ce court roman trépidant aux allures de film catastrophe (la cohérence en plus), Johan Heliot ne s’embarrasse pas de fioritures et entraîne rapidement le lecteur au cœur de l’action. Construit de manière chorale autour d’une galerie de personnages hauts en couleurs, le récit se déroule sans temps mort. L’auteur utilise des éléments scientifiques qu’il explique de façon claire et accessible ; si ses postulats ne sont pas aussi vertigineux que ceux proposés par un Baxter, par exemple, il agrémente son intrigue de nombreuses trouvailles astucieuses qui apportent réalisme et cohérence à l’intrigue. Ses personnages sont bien campés, et c’est davantage à eux et à leur devenir que le récit s’attache. Il se rapproche en cela d’un Robert Charles Wilson, dont les histoires donnent la priorité aux personnages, sans pour autant négliger l’apport d’éléments spéculatifs.

C’est par l’intermédiaire des héros que nous découvrons la catastrophe en cours, par le petit bout de la lorgnette. Les différents protagonistes sont rapidement dépassés par les événements, et certains d’entre eux auront à faire des choix décisifs pour l’avenir de l’humanité. Les éléments scientifiques, quant à eux, servent de cadre et de rails pour l’intrigue, de décor qui permet aux personnages d’évoluer. Écrit dans un style fluide et dynamique, ce court roman se dévore d’une traite, non sans nous faire réfléchir sur la fragilité de l’existence humaine. Involution est un intéressant roman-catastrophe, qui propose un bon équilibre entre le récit et le sense of wonder propre à la science-fiction, et que tout amateur du genre devrait apprécier.