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L'échafaud pour Dracula

Fred Saberhagen ( Auteur), Eric Scala (Illustrateur de couverture), Thierry Arson (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais UK
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/2003  -  livre
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L'échafaud pour Dracula

Lorsqu'il désire se mettre en vacances de Berserkers, Fred Saberhagen revient sans se faire prier à son dada favori : le Comte Dracula. Ainsi L'échafaud pour Dracula est-il le sixième volume traduit sur cette série qui, à ce jour, en compte neuf.

Bien que, contrairement à ce que l'on peut lire parfois, il n'ait en rien participé à l'adaptation cinématographique du roman de Bram Stocker pour le compte de Francis Ford Coppola, c'est bien par la réécriture du classiquissime classique qu'il débuta brillamment, en 1975, ce cycle qu'il poursuit depuis au gré de ses envies. Envies de dépaysement, qui amènent le Comte à visiter nombre d'époques et de lieux, mais aussi envie (ou pas) de se fatiguer, puisque le reste de la série va de l'agréablement distrayant - Le Dossier Holmes Dracula par exemple - au radicalement désolant, comme l'opus qui nous intéresse aujourd'hui.

Ingénieur informaticien

Lorsque Philip Radcliff, informaticien sans histoire, et pour tout dire sans intérêt, se fait enlever en compagnie de sa femme sur une route du Midwest, il est loin de s'imaginer que son mystérieux ravisseur n'est autre que le seul, l'unique, Dracula.

C'est dans une France secouée par la Révolution, en pleine Terreur, que le Prince de Valachie, a pour la première fois croisé la route d'un Radcliff. Presque vaincu au cour d'un des combats l'opposant depuis toujours à son jeune frère Radu, vampire lui aussi, le Comte n'avait alors dû son salut qu'à l'hospitalité de Philip Radcliff, premier du nom. Ce fût assez pour que le vampire estime avoir contracté à son endroit une indéfectible dette d'honneur. Et tout comme il s'en était pris en 1792 au bienfaiteur de son aîné, c'est encore en misant sur le sens des valeurs du Comte, que Radu s'en prend, près de deux cents ans plus tard à son descendant direct. Ce faisant, il pense pouvoir attirer Dracula dans un piège, qu'il espère infaillible.

Et nous voilà partis pour un jeu de balancier mollasson, suivant tour à tour les aventures du Comte au XVIIIème siècle et les vicissitudes du jeune Radcliff à l'aube du troisième millénaire. Soucieux d'étirer sur quatre cents pages ce mince filet d'intrigue, Saberhagen ne nous épargne aucune des hésitations tactiques de monsieur le comte, sans pour autant s'arrêter à des broutilles, comme les nombreuses contradictions flagrantes dans la logique du récit ou quelques piteux anachronismes. Comme on était encore un peu court, il n'hésite pas à nous éclairer de ses lumières sur l'Ancien Régime et la Révolution. Ne reculant devant rien Saberhagen se fait exégète de la démocratie naissante, et semble prêt à rendre à Tocqueville la monnaie de sa pièce. Il promène de-ci, de-là une érudition scolaire toute neuve sur le Paris de la Terreur avec, dans le rôle de l'improbable observateur, un Dracula des plus blasé. Il est vrai que dans sa Roumanie natale, le Prince de Valachie en a vu d'autres.

Et hop on oublie !

Cela dit, un Américain donnant aux Français des leçons de démocratie par l'intermédiaire d'un personnage qui, de son vivant, fût l'un des plus sanguinaires despotes à régner sur une région qui n'en a pourtant guère manqué en deux mille ans d'histoire, moi j'appelle çà du culot. Les férus de vampirisme passeront donc leur chemin sans s'arrêter, quant aux spécialistes de la Révolution Française, ils resteront sur leur François Furet, c'est mieux comme ça.

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