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La Grande Machine

Alain Dorémieux (Traducteur), Fritz Leiber ( Auteur), Jean-Luc Sechet (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/08/1978  -  livre
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La Grande Machine

Parmi les correspondants d’Howard Phillips Lovecraft figuraient de nombreux jeunes et talentueux auteurs. L’un des plus notables était Fritz Leiber, le fils d’un acteur shakespearien que le maître de Providence avait souvent vu au théâtre. Au cours d’une carrière qui dura plus d’un demi-siècle, Fritz Leiber Jr donna une direction nouvelle à l’heroïc fantasy en mettant en scène les héros atypiques (pour l’époque) de son Cycle des épées. Il s’illustra aussi dans le domaine de la science-fiction en remportant un Hugo pour son roman Le Vagabond et écrivit des récits fantastiques qui l’ont consacré comme l’un des meilleurs auteurs du genre. En filigrane, on décèle dans bon nombre de ses textes une critique des excès de nos sociétés modernes, ce qui les rend toujours pertinents…

Voilà ce qu’il se produit lorsqu’on soulève le capot de l’existence :

Carr Mackay est un employé plutôt banal, engoncé dans une routine dépourvue de fantaisie. Sa vie bascule lorsque des événements insolites s’enchaînent, de plus en plus rapidement. Tout commence lorsqu’une jeune femme se présente dans les bureaux de la compagnie d’assurance où travaille Carr et lui remet un intrigant message. Personne ne semble lui prêter attention jusqu’au moment où une seconde femme l’aborde et la gifle violemment sans que personne ne réagisse, pas même la victime… Puis un des collègues de Carr insiste pour lui présenter une amie invisible… D’autres phénomènes incompréhensibles continuent à se produire, comme si l’humanité entière menait une existence mécanique, sans plus de libre arbitre que des marionnettes ou pire encore : comme les rouages d’une gigantesque machine ! Quelques rares individus en ont pourtant pris conscience et profitent de leur invisibilité pour commettre les plus infâmes exactions. Pour Carr et la jeune femme qui est à l’origine de sa prise de conscience débute une aventure dont l’assureur n’aurait certainement jamais imaginé les conséquences…

Des fantômes dans la machine…

S’il était possible d’examiner le comportement de l’humanité depuis un point de vue réellement objectif, on pourrait penser qu’elle se comporte comme un unique et gigantesque corps social dont chaque individu formerait un élément, à la manière de certaines colonies d’insectes. Dans le roman de Fritz Leiber, c’est de cette façon que le monde fonctionne, et chacun des rouages biologiques du système est contraint de jouer le rôle qui lui a été attribué, sans recul ni vision d’ensemble. La fin abrupte de l’histoire et l’absence de précisions quant aux origines de cette mécanique cosmique, loin de constituer un véritable défaut, en renforce davantage l’effet aliénant. Si Fritz Leiber ne fournit pas la moindre explication au lecteur sur les raisons d’être de cette machine, c’est probablement parce qu’il n’y a qu’une réponse possible : elle n’est là que pour fonctionner, de la même façon que nous ne serions vivants que pour exister. Autant pour les angoisses métaphysiques ! L’éveil à cette réalité sous-jacente et l’autonomie que celui-ci procure met alors les personnages face à un terrible dilemme moral : éveiller d’autres hommes à la conscience ou sombrer du côté obscur en abusant du pouvoir que donne cette nouvelle liberté… Sur ce thème fascinant, Fritz Leiber nous donne à lire un roman dans lequel l’action, qui reste au premier plan, équilibre la réflexion. L’ensemble se révèle ainsi à la fois divertissant et bien plus riche que son format modeste ne pouvait le laisser supposer. Des bouquinistes et des libraires comptent sur votre visite, n’attendez plus pour vous éveiller !

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