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La Sirène Rouge

Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/07/2002  -  livre
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La Sirène Rouge

La vie est faite de rencontres. C'est tout à la fois vrai et d'une insultante banalité que de dire cela mais pourtant, le hasard n'aura cessé de placer sur la route de Maurice G. Dantec, des bonnes fées qui seront déterminantes pour sa carrière. Il en va ainsi de Jean-Bernard Pouy, qui fut son pion au lycée Romain-Rolland d'Ivry-sur-Seine. Lorsqu'en 1991, Dantec décide "d'écrire sérieusement", c'est vers lui qu'il se tourne. Pouy est alors publié en Série Noire, mais n'est pas encore directeur de collection du Poulpe. C'est un manuscrit de 500 pages, largement mâtiné de SF qu'il lui amène, en lui demandant son avis. Verdict : "Impubliable", mais intéressant, suffisamment en tout cas pour qu'il demande à son ancien élève de replancher dessus. Trois semaines plus tard Dantec, revient le voir. Le manuscrit qu'il lui amène n'a plus rien à voir avec le précédent. Il s'intitule : La Sirène Rouge.

Traque dans toute l'Europe

L'histoire de Hugo Cornelius Toorop, mercenaire "d'honneur", engagé en Yougoslavie dans les Colonnes Liberty Bell, sorte de brigade de volontaires qui rappelle celles de la Guerre d'Espagne. Alors qu'il transite par les Pays-Bas sa route croise celle d'Alice Kristensen, 12 ans. Elle a vu ce qu'elle ne devait pas voir, elle est perdue, traquée, et menacée de mort par… sa mère. Son seul salut, retrouver son père, quelque part au Portugal. La rencontre avec Toorop lui amène un ange gardien, et marque le départ d'un road trip burné du Nord au Sud de l'Europe. C'est aussi une glissade qui va s'accélérant vers le sordide, dans un monde terriblement contemporain. Terriblement sombre.

Un polar pur jus

En guise de SF, ami aficionado, pas grand chose à te mettre sous la dent. Nous avons ici affaire à un polar pur jus. Presque caricatural dans la noirceur. Une sorte de parangon de polar. A peine arrivé dans le bizness et Dantec attaque d'emblée : pédophilie, snuff movies, viols, kidnapping, trafic d'humains, infanticide, etc… Très ancré, donc, dans une certaine réalité, Dantec choisit de nous montrer systématiquement le côte sale, la face cachée, le cadavre dans le placard. Par moment l'escalade de l'horrible paraît tellement outrée qu'on préfère ne pas y croire, jusqu'à ce que l'auteur, impitoyablement cru, enfonce le clou, sans fard.

Si La Sirène Rouge présente tous les travers d'un premier roman, on sent beaucoup plus derrière cette trame banalissime de course poursuite. Cette constance dans la brutalité du style, la sauvagerie de la charge, presque nihiliste, contre la société des apparences, la colère qui couve, permanente, comme le feu sous la cendre, tout tend à sortir du lot ce polar a priori bateau. Déjà affleurent toutes les obsessions de Dantec, tous ses tics. Il sermonne, pontifie parfois, attaque en règle, juge et exécute. Exutoire d'auteur, La Sirène Rouge ouvre en grand les portes à un écrivain hors norme, déjà maître de la tension narrative, et déjà conscient d'avoir un rôle social à tenir. Pour cette raison l'affiliation au polar était logique, mais elle ne sera qu'un début.

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