Thomas Day est un paradoxe. Si pendant longtemps cet auteur parisien né en 1971 s'est cantonné aux nouvelles, il multiplie depuis deux ans les romans. On lui en doit pas moins de six : Rêve de Guerre, Les Cinq Derniers Contrats de Daemone Eraser, L'Instinct de l'Equarrisseur, Nous Rêvions d'Amérique (qui ressemble plus à une novela), L'Ecole des assassins (avec Ugo Bellagamba) et Resident Evil (hum…). Voici donc le 7ème en quelques mois : La Voie du Sabre.

L'apprenti et le maître

Tiré de la nouvelle éponyme publiée dans Fées et gestes, une anthologie d'André François Ruaud, ce roman retrace la vie d'un personnage de légende au Japon : Miyamoto Musashi. Libre, fier, impertinent, ce guerrier aux innombrables exploits prend un jour sous son aile un jeune apprenti, digne rejeton d'un seigneur particulièrement cruel. Sa mission : lui apprendre la Voie du Sabre, un style de vie particulièrement exigeant au service des autres et bien éloigné des douceurs du pouvoir, de l'argent et d'un foyer stable. Avec son sacré caractère et un maître pareil, l'adolescent aura fort à faire. Non seulement il lui faudra être un bon combattant, mais il devra également apprendre une foule de choses comme la cuisine, l'humilité et l'amour charnel. Mais surtout, il lui faudra se montrer digne de la Voie du Sabre.

Un bon roman

Pour ne rien vous cacher, j'ai un faible pour les histoires de Thomas Day. Sans être convaincu par tous ses écrits, j'adhère à l'opinion affichée sur la 4ème de couverture le considérant comme l'un des auteurs les plus intéressants de l'imaginaire francophone. Et ce n'est pas La Voie du Sabre qui me fera changer d'avis. Encore une fois, il choisit de nous surprendre par une histoire assez décalée à la limite de la fantasy. Avec une narration particulière (on lit en fait les mémoires de l'apprenti sur son maître), le personnage principal est plutôt haut en couleurs et attachant. Il se bat pour un idéal qui touchera sans doute pas mal de lecteurs puisque cette quête est doublée également de naïveté et de dureté. Musashi est le véritable intérêt du livre, l'apprentissage de l'adolescent n'étant finalement qu'une excuse pour nous parler de lui. Bref, voici un livre plutôt réussi et sur lequel ma foi, il n'y a pas grand chose à redire.