Derek Kirk Kim, auteur de bandes dessinées américain d’origine coréenne, s’est fait connaître avec l’album Same Difference And Other Stories, qui lui a valu en 2004 un Eisner Award (talent méritant plus de reconnaissance), un Harvey Award et un Ignatz Award. Cette œuvre remarquée lors de l’édition 2005 du festival d’Angoulême, est publié en France, en deux volumes, par les éditions Six pieds sous terre.
Il dessine et colorise Le Sourire éternel, scénarisé par Gene Luen Yang, autre lauréat d’un Eisner Award (2007) avec American Born Chinese, qui a remporté également le Michael L. Printz Award.
Publié chez Dargaud, cet album contient trois récits indépendants.
Le Royaume de Duncan
Jeune chevalier d’un monde d’heroic fantasy, Duncan est, comme il se doit, amoureux de la princesse. Epaulé par son conseiller, le mystérieux frère Patchwork, il va prendre part aux épreuves imposées aux prétendants de la jeune fille. Tout se déroulerait pour le mieux s’il n’y avaient pas ces rêves dérangeants dans lesquels apparaissent une femme à qui il pense devoir quelque chose et une bouteille pour le moins anachronique. Intrigué, il se lance à la recherche de la vérité.
Le Sourire éternel
Papy Grippe-Sou est une grenouille immensément riche dont le but est de pouvoir remplir d’or une piscine, jusqu’à ne plus se cogner la tête sur le fond quand il y plongera. Peine perdu. Afin de s’enrichir encore, il va fonder l’Église du Sourire Éternel qui rend un culte (lucratif) à un étrange phénomène, première fissure dans le monde cohérent de Papy Grippe-Sou.
Urgent Request
Janet, employée effacée d’une grande entreprise, peine à progresser dans sa carrière et dans sa vie tout court. Lorsqu’elle reçoit l’e-mail d’un prince nigérien qui demande son aide et ses coordonnées bancaires pour récupérer la fortune familiale, le monde de Janet devient plus vaste, plus coloré, plus excitant.
Trois univers
Les trois univers présentés dans ces textes sont extrêmement différents les uns des autres. Duncan évolue dans un monde de fantasy rendu par un dessin classique, travaillé, laissant une bonne place aux décors : châteaux, forêts, marécages, etc. Les personnages, du moins au début du récit, occupent des places prédéfinies : la princesse, le prétendant, son conseiller, l’ennemi du royaume, l’ogre, le peuple.
Papy Grippe-Sou, lui, semble tout droit sorti d’un dessin animé pour enfants. Une grenouille qui parle et gagne de l’argent, vit nécessairement dans un monde un peu naïf, simple, avec des personnages caricaturaux. Les traits sont arrondis, les couleurs éclatantes et irréelles, et les dialogues s’accompagnent de nombreuses onomatopées.
Le monde de Janet, un peu terne et sans relief, ressemble davantage au nôtre. La naïveté de l’héroïne déteint sur tout son univers qui semble perçu par ses yeux : grisâtre quand elle travaille, coloré quand elle rêve.
L’assemblage de ces trois mondes montre de la part des deux artistes une grande maîtrise de l’art de la BD et la capacité de passer d’un ton à l’autre, sans se répéter.
Le rêve et la réalité
Malgré les différences importantes entre les trois récits, un thème commun les anime : le lien entre le rêve et la réalité. Dans les trois cas, ce que vivent les protagonistes ne les satisfait pas entièrement. Un rêve trop parfait, un besoin jamais assouvi ou l’absence de rêve, tout simplement. C’est une coïncidence ou un accident de parcours qui va déchirer le rideau et dévoiler aux personnages un autre aspect de leur vie. Que l’on soit séduit par ses rêves ou ancré dans la réalité, l’essentiel, semblent souffler ces récits, est de connaître l’existence de la deuxième dimension et de choisir, librement l’illusion qui nous convient le mieux.
Le Sourire éternel est une belle découverte. Un sourire de 166 pages qui, certainement, laissera des traces.
Il dessine et colorise Le Sourire éternel, scénarisé par Gene Luen Yang, autre lauréat d’un Eisner Award (2007) avec American Born Chinese, qui a remporté également le Michael L. Printz Award.
Publié chez Dargaud, cet album contient trois récits indépendants.
Le Royaume de Duncan
Jeune chevalier d’un monde d’heroic fantasy, Duncan est, comme il se doit, amoureux de la princesse. Epaulé par son conseiller, le mystérieux frère Patchwork, il va prendre part aux épreuves imposées aux prétendants de la jeune fille. Tout se déroulerait pour le mieux s’il n’y avaient pas ces rêves dérangeants dans lesquels apparaissent une femme à qui il pense devoir quelque chose et une bouteille pour le moins anachronique. Intrigué, il se lance à la recherche de la vérité.
Le Sourire éternel
Papy Grippe-Sou est une grenouille immensément riche dont le but est de pouvoir remplir d’or une piscine, jusqu’à ne plus se cogner la tête sur le fond quand il y plongera. Peine perdu. Afin de s’enrichir encore, il va fonder l’Église du Sourire Éternel qui rend un culte (lucratif) à un étrange phénomène, première fissure dans le monde cohérent de Papy Grippe-Sou.
Urgent Request
Janet, employée effacée d’une grande entreprise, peine à progresser dans sa carrière et dans sa vie tout court. Lorsqu’elle reçoit l’e-mail d’un prince nigérien qui demande son aide et ses coordonnées bancaires pour récupérer la fortune familiale, le monde de Janet devient plus vaste, plus coloré, plus excitant.
Trois univers
Les trois univers présentés dans ces textes sont extrêmement différents les uns des autres. Duncan évolue dans un monde de fantasy rendu par un dessin classique, travaillé, laissant une bonne place aux décors : châteaux, forêts, marécages, etc. Les personnages, du moins au début du récit, occupent des places prédéfinies : la princesse, le prétendant, son conseiller, l’ennemi du royaume, l’ogre, le peuple.
Papy Grippe-Sou, lui, semble tout droit sorti d’un dessin animé pour enfants. Une grenouille qui parle et gagne de l’argent, vit nécessairement dans un monde un peu naïf, simple, avec des personnages caricaturaux. Les traits sont arrondis, les couleurs éclatantes et irréelles, et les dialogues s’accompagnent de nombreuses onomatopées.
Le monde de Janet, un peu terne et sans relief, ressemble davantage au nôtre. La naïveté de l’héroïne déteint sur tout son univers qui semble perçu par ses yeux : grisâtre quand elle travaille, coloré quand elle rêve.
L’assemblage de ces trois mondes montre de la part des deux artistes une grande maîtrise de l’art de la BD et la capacité de passer d’un ton à l’autre, sans se répéter.
Le rêve et la réalité
Malgré les différences importantes entre les trois récits, un thème commun les anime : le lien entre le rêve et la réalité. Dans les trois cas, ce que vivent les protagonistes ne les satisfait pas entièrement. Un rêve trop parfait, un besoin jamais assouvi ou l’absence de rêve, tout simplement. C’est une coïncidence ou un accident de parcours qui va déchirer le rideau et dévoiler aux personnages un autre aspect de leur vie. Que l’on soit séduit par ses rêves ou ancré dans la réalité, l’essentiel, semblent souffler ces récits, est de connaître l’existence de la deuxième dimension et de choisir, librement l’illusion qui nous convient le mieux.
Le Sourire éternel est une belle découverte. Un sourire de 166 pages qui, certainement, laissera des traces.