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Les éléphants d'Hannibal

Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/2001  -  livre
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Les éléphants d'Hannibal

A l'heure où des hordes teutonnes, transalpines et néerlandaises vont envahir nos campagnes afin d'y prendre les quartiers d'été, quel choix de lecture plus judicieux, que ce recueil de nouvelles sur le thème de l'invasion extraterrestre ?

Si les plus récentes sorties de Robert Silverberg donnent plutôt dans le pavé, elles ne doivent pas nous faire oublier quel brillant novelliste il est. Le monsieur a la nouvelle ludique ne boude pas son plaisir dès qu'il s'agit de se livrer à cet exercice assez particulier, qui reste pourtant un des fondamentaux du genre. Et parmi les quelques 450 qu'il a livrée à la postérité, le présent recueil en rassemble huit, qui ont toutes en commun de faire le récit d'une rencontre du troisième type.

Car si la quatrième de couverture nous parle d'invasion, il n'y est pas question que de bug eyed monsters agressifs ou d'holocauste planétaire. Ainsi les béhémots tranquilles des Eléphants d'Hannibal, la première de ces nouvelles, ont-ils des prétentions forts raisonnables, puisqu'ils ne sortiront guère de Central Park. En fait d'invasion il s'agirait plutôt là d'une prise de contact insolite et hilarante, un petit jeu d'esprit rigolard pour le plus new yorkais des auteurs de SF. Un humour qui ne masque pas la relative faiblesse du récit. Faiblesse largement compensée par les sept nouvelles suivantes, toutes sous-tendues par la découverte de l'alterité. Et en matière d'exotisme Silverberg ne s'épargne rien. Du métamorphe télépathe de Martel en Tête, égaré sur notre bonne vieille terre et qui ne peut communiquer son désarroi que par d'atroces cauchemars, à la plaque de métal intelligente de Hardware, qui va se lancer dans une croisade pour l'émancipation de ses sœurs machines, asservies par l'homme, notre imagination va être mise à rude épreuve.

Résolument autres, les extraterrestres de l'ami Bob, vont sérieusement ébranler l'ouverture d'esprit de ses personnages. Le pauvre Nick Demeris, aura bien du mal à se reconnaître après son passage en zone occupée par les Spectres et son contact très… intîmes avec l'un d'entre-eux dans La Route de Spectre City. Idem pour le trafiquant d'art d'Echanges Touristiques, qu'une nuit d'amour avec un alien aux mœurs sexuelles d'huître va ouvrir à d'autres perspectives amoureuses. En bonus, la nouvelle en question est abondamment commentée par le maître lui-même. Il nous livre même quelques-uns de ces secrets de cuisine, et le récit de son accouchement douloureux rassurera peut-être ceux d'entre-vous qui s'essaient à l'écriture.

Passagers, sorte de Martiens Go Home kafkaien, est sans doute la nouvelle la plus noire du recueil. Longue nuit de Veille au Temple, joue habilement avec le mécanismes des croyances et de la foi. Et pour finir, Silverberg se livre à l'un de ses petits plaisirs hagiographiques, en exhumant des brumes de l'histoire littéraire un carnet de voyage oublié d'Henry James, dans lequel l'auteur du Tour d'Ecrou raconte comment H.G Wells et lui-même ont survécu à la fameuse invasion martienne qui a failli rayer l'Angleterre de la carte en 1900 (mais si ! souvenez-vous !).

Très bon recueil donc. Huit nouvelles habiles, drôles ou insolites, toutes porteuses de leur petit appel à la tolérance. Un thème peut-être un peu bateau, mais ça ne fait jamais de mal de repasser une petite couche dessus. Et puis juste avant de partir à la plage, un thème bateau, avouez que c'est quand même l'idéal.

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