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Les mutants

Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/12/1979  -  livre
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Les mutants

Débutant dans les années trente dans les pages du magazine Weird tales, Henry Kuttner fut longtemps considéré comme un écrivain fantastique. Il a correspondu avec H. P. Lovecraft, qui ne manqua pas de prodiguer de précieux conseils à ce novice prometteur. Comme d'autres membres du cercle des correspondants réguliers du Maître de Providence, Henry Kuttner donna des nouvelles qui prolongèrent le mythe de Cthulhu et l'univers lovecraftien. Loin de se contenter d'œuvrer dans ce domaine, il écrivit également de nombreux récits de science fiction de qualité, bien souvent en duo avec son épouse Catherine Moore (Shambleau) sous divers pseudonymes dont le plus connu reste Lewis Padgett. Lorsqu'on évoque le thème des mutants, c'est souvent À la poursuite des Slans d'A. E. Van Vogt qui vient à l'esprit. Après avoir lu cette chronique et le livre dont elle parle, espérons que plus personne n'oubliera de citer Les mutants d'Henry Kuttner.
 
Les mutants, une nouvelle humanité en gestation ?
 
Après une terrible guerre mondiale, la société s'est réorganisée tant bien que mal. Le troc remplace maintenant l'argent et les nations ont disparu en faisant place à de petites cités indépendantes, chacune d'entre elles étant spécialisée dans un domaine de production particulier. Les radiations consécutives aux explosions atomiques ont cependant provoqué chez certains des mutations génétiquement transmissibles. Présentant tous la particularité physique d'être complètement chauves, ces mutants télépathes sont parfois monstrueux ou fous, bien que la plupart d'entre eux soient sains d'esprit et essayent de s'intégrer en mettant leurs facultés extra-sensorielles au service de la société. D'autres, cependant, souffrent de paranoïa, refusent de collaborer et ne rêvent que de dominer une humanité jalouse qui a de plus en plus de mal à accepter l'existence de ceux qui pourraient bien constituer la prochaine étape de l'évolution de l'homo sapiens. Un mutant pourchassé puise dans la mémoire collective de ses semblables et se souvient des vies des télépathes qui ont marqué leur temps...
 
Le surhomme est un mythe et les mutants sont nos égaux.
 
Devant le problème posé par la possession de pouvoirs psys, Henry Kuttner fait adopter à ses personnages une position résolument humaniste. En effet, hormis les télépathes paranoïaques, la majeure partie de ses mutants font preuve d'une exceptionnelle modestie et se refusent à tirer profit de leurs extraordinaires facultés. Au contraire, ils tentent de se faire accepter en menant une vie ordinaire et en se mettant au service de la société. Cet état d'esprit semble dicté par une particularité de la télépathie : sans cesse en contact avec ses semblables par l'esprit, un mutant n'est jamais seul et l'intérêt commun prime sur celui de l'individu. Le préalable à la télépathie serait donc une forte empathie et, à moins d'être paranoïaque, conduit naturellement à faire preuve de solidarité. Henry Kuttner va cependant encore plus loin et si ses têtes chauves limitent volontairement l'usage de la lecture de pensée, il s'agit aussi d'un choix stratégique destiné à tenter d'éviter que les humains ne finissent par les craindre et ne cherchent à éliminer ces puissants concurrents. Au fil des nouvelles, cette rivalité devient de plus en plus prégnante et met les protagonistes aux prises avec un sérieux dilemme : est-il préférable de refuser l'évolution de l'espèce humaine en éliminant les mutants ou faudrait-il au contraire accélérer cette transformation en débarrassant la planète des humains ? En dépit de toutes les difficultés, une solution pacifique serait-elle viable ? En nous donnant à voir les différentes étapes qui mènent au refus de la différence, Henry Kuttner met avec habileté en relief les mécanismes conduisant à la haine de ce qui nous est étranger. Puissions-nous faire bon usage de ces réflexions d'un grand auteur de l'âge d'or, car les mutants sont peut-être déjà parmi nous...

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