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Monstres sur orbite

Jack Vance ( Auteur), Roland C. Wagner (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/11/2004  -  livre
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Monstres sur orbite

Monstres en orbite est au cœur du vaste projet VIE (Vance Integral Edition), visant à rassembler l'intégrale des œuvres de l'auteur californien de la Geste des Princes-Démons et de La Terre Mourante. Recueil de nouvelles célébrant l'année 1952 (année du coup d'état de Batista à Cuba et de la première bombe H...), il contient en outre une nouvelle de 1961 précédemment parue dans un hors-série de Bifrost consacré à Vance.

Télek

Les Téleks n'ont pas encore réduit l'humanité en esclavage, mais il s'en faut de peu : cette race extraterrestre douée de pouvoirs télékinésiques assoit un peu plus chaque jour son autoritarisme, et quiconque contrecarre leurs desseins disparaît mystérieusement. Dans l'ombre, la résistance s'organise... Avec un plan d'un genre bien particulier.

Télek est sinon la meilleure nouvelle de ce recueil, du moins celle dans laquelle les aficionados se repéreront aisément. On y retrouve le schéma narratif et la plupart des thèmes chers à Jack Vance : un personnage confronté à un enchaînement de choix aux enjeux s'élevant crescendo, un climax en forme de grand cérémonial carnavalesque et bien entendu une virée 100% astrophysique (ici, plus suggestive que visuelle, quoique sa manifestation visuelle soit courte mais savoureuse). Si le dénouement ne réserve guère de surprises, il est mené avec l'efficacité magistrale qu'on connaît à Vance - celle qui nous arrache un sourire de satisfaction quand l'antagoniste récolte enfin ce qu'il a semé.

Le syndrome de l'homme augmenté

James Keith n'est plus très sûr de savoir qui il est : agent secret au service de la CIA et des Etats-Unis d'Amérique... ou bien dirigeant d'une peuplade africaine en proie aux vues du bloc communiste sino-russe, l'identité crééée de toutes pièces par une science redoutable qu'il assume pour sa mission actuelle ? Et surtout, de laquelle de ces deux identités ses propres valeurs sont-elles les plus proches ?

Un vent de guerre froide a soufflé depuis Télek : non content d'investir le conflit qui vient juste de se concrétiser en mur de Berlin, Jack Vance place ses préoccupations d'auteur de science-fiction dans un questionnement sur notre dualité interne (inutile de disserter sur la symbolique de la double identité). De fait, le personnage de Keith s'extrait un peu du moule des protagonistes vanciens, abandonnant le phénotype de l'explorateur naïf (qui se fait avoir mais prend finalement le taureau par les cornes) pour assumer le blindage d'un (presque) Schwarzenegger moins désabusé que perplexe sur les évènements auxquels il doit faire face. D'ailleurs, la conclusion laissera également son lot de perplexité...

Monstres sur orbite (La station Abercrombie & Cholwell et ses poules)

Ou l'histoire de la jeune Jean, convoitant la richesse d'un milliardaire aussi excentrique que mystérieux terré à bord d'une étrange station spatiale en orbite en compagnie de ses monstres (ceux qui donnent leur titre au recueil, astuce !) et accessoirement à la recherche de ses parents... voire de son unique parent.

On ne peut guère disserter sur Monstres en orbite sans que le plaisir de l'intrigue (surprenante, et tour à tour répugnante, cynique ou hilarante) ne s'en trouve affecté. On indiquera simplement qu'à de nombreux égards les deux parties font écho à l'œuvre maîtresse de Vance, le cycle de Tschaï (à la différence près que le héros est, ici, une héroïne). Si l'intrigue de la première est assez sombre (quoique mâtinée d'absurde et d'humour, mais avertissement à la gent féminine : vous ne partagerez probablement pas les points de vue de Jean...), la seconde partie pourrait être vue comme une bonne grosse plaisanterie, avec laquelle elle partage malheureusement quelques longueurs, tout en comportant heureusement quelques moments excellemment drôles.

Trois nouvelles de qualité égale, du bon - du très bon - Jack Vance, même si l'on peut raisonnablement se demander qui, de l'auteur, de son épouse Norma, de son fils John ou de l'anthologiste (ou de Dieu sait quel Télek) a soudé ensemble trois textes de 1952 et un texte de 1961, pire encore dans l'ordre dans lequel ils apparaissent. Dans tous les cas, on lui pardonne.

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