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Osama

Florence Dolisi (Traducteur), Lavie Tidhar ( Auteur), Pedro Marques (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 16/10/2013  -  livre
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Osama

Lavie Tidhar est un auteur israélien de plusieurs romans, dont Osama est pour l’instant le seul à avoir été traduit en français. Ce récit d’histoire alternative a été élu meilleur roman au World Fantasy Award. Osama renvoie bien sûr à Oussama Bin Laden, sauf que dans ce monde-ci,  il n’est pas un dangereux terroriste…
 
À la poursuite de Mike Longshott
 
Difficile de rester indifférent lorsque l’on se retrouve avec Osama entre les mains, et ceci pour deux raisons. Tout d’abord, c’est un bel objet, à la couverture magnifique et mystérieuse. L’intérieur est également soigné : des doubles pages noires agrémentées d’un nuage de fumée annoncent les différentes parties du roman. Autre point très important : l’histoire, très alléchante. Notre héros s’appelle Joe, il est détective privé. Une femme fait soudain irruption dans sa vie pour lui confier une mission : il doit retrouver Mike Longshott, auteur d’une série de romans intitulée Oussama, justice sommaire. Il commence par se rendre à Paris, où il espère en apprendre plus sur l’écrivain au sein de la micro maison d’édition, Medusa Press. À défaut d’en apprendre beaucoup, il va se retrouver sur le chemin de dangereux agents secrets américains. Il va alors étendre ses recherches au monde entier et voyager par Londres, New York, ou encore Kaboul.
 
Dans ce monde donc, Oussama n’est qu’un personnage de fiction – avec des fans qui organisent à New York un « Oussamacon » avec plein de produits dérivés à vendre ! -, ce qui créé une tension particulière pour le lecteur, d’autant plus que des passages d’Oussama, justice sommaire relatant les exploits des kamikazes, alternent avec la narration. On se doute que Joe s’engage dans une aventure hautement dangereuse. Mais ce qu’on était loin d’imaginer, c’est qu’il allait se retrouver dans une enquête aux frontières du rêve…
 
L’ « Oussamavers »
 
Le monde d’Osama est semblable au nôtre, tout en étant légèrement différent. Paris ressemble bien à la grande ville que l’on connaît, mais avec un petit côté vieillot. À Londres, Joe a lui-même l’impression d’ « évoluer dans un roman de SF ». À plusieurs reprises dans le roman, notre héros a l’impression que le temps s’est figé, et qu’il ne sait pas vraiment où il va… comme s’il n’était plus le maître de son destin… Des rencontres, souvent dangereuses, lui tombent dessus et il suit la direction que des inconnus lui indiquent sans savoir où ça va le mener. Que sont ces « Indistincts » ? Quel est le rôle de l’opium dans son enquête ? L’étrangeté frôle l’absurde dans les échanges qu’il a avec ses indicateurs : les dialogues sont faits de phrases sibyllines sur l’existence, qui n’ont pas grand rapport avec l’enquête, et qui, foncièrement, ne veulent rien dire. Le charme de ce côté brumeux devient un peu lassant et nous embrouille.
 
La réalité s’amoindrit et on finit par se retrouver en plein film noir – avec un réalisateur qui aurait pris pas mal de drogue ! L’importance du cinéma pour Lavie Tidhar était déjà évidente. Les descriptions de certains lieux se font souvent en longs travellings et il fait de nombreuses références aux films disparus de Tod Browning : « London After Midnight », « Over the Rainbow » deviennent des titres de chapitres. Et puis l’intrigue se fond littéralement dans un vieux film muet que regardent Joe et la tenancière du bar l’Edwin Drood : leur dialogue se transforme en répliques du film avec des indications de scène.
 
Tout dans ce roman tourne autour de la perte : les films de Tod Browning disparus dans un incendie, les renvois au Mystère d’Edwin Drood, Mike Longshott évaporé et bien sûr la longue errance de notre détective complètement paumé… En suivant les traces du héros, le lecteur, lui aussi, se perd. On accepte les indices énormes que la chance met sur la route de Joe – tomber sur le quidam qui pourra le renseigner, deviner le prénom de la personne à retrouver alors qu’il n’a que la première lettre… – mais on n’avance pas pour autant.  On erre avec Joe, jusqu’au dénouement final, frustrant mais en accord avec le reste du roman. Certes, Osama est différent, original, possède un univers fort, envoûtant, mais il n’y a que ça. Finalement, l’intrigue de départ n’est pas exploitée, vu que l’on passe notre temps à nous balader de ville en ville, sans qu’il n’y ait trop d’action, sans qu’on nous donne trop d’explications non plus… Une belle esbroufe, en somme… qui a été élue meilleur roman au Word Fantasy Award !
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