Toutes se déroulent (exception faite de la dernière : Les Yeux de la nuit…) dans un avenir lointain où le système solaire est totalement conquis par l’homme. La science lui a permis de s’adapter à un environnement hostile, d’allonger son existence et de changer de sexe à volonté.
Varley nous donne ici un assortiment de ses meilleures idées. D’ailleurs, certaines semblent être l’écho de ses romans. Le Fantôme du Kansas qui ouvre brillamment le recueil, exploite le thème du clonage comme un succédané d’immortalité. Il est désormais possible de prendre un enregistrement de votre personnalité entière, moyennant finance bien entendu, et s’il vous arrivait de mourir, on mettrait un clone en culture dans lequel on injecterait votre identité. Voilà pour la théorie, mais en pratique, vu le coût élevé de l’enregistrement, vous n’avez pas la possibilité de vous faire enregistrer tous les jours. Par conséquent, si vous mourrez, vous allez vous réveillez juste après votre dernier enregistrement qui peut dater de plusieurs années. Le hic, c’est que le laps de temps entre l’archivage de votre mémoire et votre mort est irrémédiablement perdu. C’est ce qui arrive à l’héroïne qui apprend à son réveil qu’on a déjà réussi à l’abattre deux fois et que le meurtrier toujours en cavale va récidiver. Bien entendu, elle ne garde aucun souvenir de ces deux morceaux parallèles de vies et repart donc à zéro dans la lutte contre son agresseur. On retrouve ce thème dans son roman Le Canal Ophite (éditions Pocket).
La nouvelle Le Passage du trou noir utilise elle un autre grand personnage de ce livre : c’est le canal lui même. Le système solaire reçoit d’une civilisation inconnue une onde radio comportant un charabia d’une densité inconcevable. Mais dans ce flot d’informations se trouve les derniers grands progrès scientifiques que l’humanité aurait mis des siècles à découvrir. Seuls dans l’espace, éloignés de plusieurs années lumières, un homme et une femme décryptent et trient les informations utiles. Une relation naît entre eux, mélange de désir, de solitude et de frustration : ils ne communiquent que par hologrammes depuis des mois et ne se sont jamais rencontrés en chair et en os…
Troisième nouvelle, troisième écho : Raid aérien ; roman concerné : Millenium (éditions Denoël). Un avion qui va se crasher voit ses passagers enlevés par des zombis venus du futur pour les sauver (si, si, c’est très sérieux). Un bel exemple de l’imagination débridée de Varley.
Les Yeux de la nuit… qui clôt le recueil se déroule quant à elle dans un futur proche où les crises économiques cycliques ont fait éclater les Etats-Unis en une multitude de communautés autarciques. L’une d’elle, composée de sourds-aveugles, semble vivre dans une totale indépendance. Ils vont initier notre héros à leur langage corporel. Malgré une conclusion assez obscure, c’est une très belle réflexion sur la communication.
Quant aux cinq autres, je en vous laisse l’entière surprise, elles ne vous décevront pas. Ce recueil fut très justement couronné par les prix Hugo et Nebula.