Dans l’histoire de la science-fiction, Plus noir que vous ne le pensez fait partie de ces classiques qui ont marqué leur époque. Sans doute parce qu’il abordait le thème de la lycanthropie sous un éclairage nouveau et que Jack Williamson y imposait une écriture très sombre et pleine de force. Pour la petite histoire, ce roman a été rédigé en 1940, douze ans exactement après les débuts de son auteur qui, à l’âge de vingt ans seulement, publiait son premier récit dans Amazing : L’homme de Métal. De sa carrière littéraire, on retiendra surtout Le Pont sur les étoiles (écrit avec James Gunn) et La saga de la Légion de l’espace, du space opéra pure souche. Mais pour beaucoup, Plus noir que vous ne le pensez reste son chef d’œuvre.

Le scoop de sa vie dans une étrange caisse

Loin de ses rêves de jeunesse et de science, Will Barbee est un journaliste à la petite semaine dans un canard local de la ville de Clarendon. Son triste quotidien entre solitude et alcool va s’animer quelque peu lorsque quatre scientifiques reviennent d’expédition avec une étrange caisse au contenu mystérieux. Plus étrange encore le chef de l’équipe prononce à son arrivée un drôle de discours évoquant un énorme danger pour l’humanité. Mais le brave homme n’a pas vraiment le temps d’aller plus loin. Une subite crise d’asthme a raison de sa vie et de la fin de sa mise en garde. Touché au cœur de sa curiosité, Will tente de comprendre. Pourquoi le professeur est-il mort ? Et surtout que voulait-il dire ? Et qu’est que la caisse contient ? Il ne soupçonne pas encore l’incroyable vérité qui se cache derrière.

Pas vraiment de gentils ou de méchants

Servi par une belle écriture, ce roman mêle harmonieusement le fantastique avec le quotidien banal de l’Amérique des années cinquante. Sur fond de lycanthropie, il tisse une intrigue dont la force réside dans la noirceur. Son héros s’englue dans une vérité qui si elle est ailleurs, est surtout beaucoup plus noire que vous ne le pensez. Ici pas de mièvreries ou de happy end. La frontière entre le mal et le bien n’est pas très nette et l’on s’y perd avec le héros. Et ça fait plus de 60 ans que cela dure. En ce début de XXIème siècle, ce roman reste toujours d’actualité et n’a rien perdu de son charme. On saluera d’ailleurs la bonne idée des éditions Joëlle Losfeld de le remettre sur les étalages de nos librairies. Car la SF possède dans son histoire quelques trésors qui sont avec le temps devenus introuvables. C’était le cas de Plus noir que vous ne le pensez. Heureusement ce ne l’est plus et désormais une nouvelle génération pourra le découvrir. Tant mieux !