Kate Wilhelm a fait ses premiers pas d'auteur vers la fin des années cinquante, avant de participer à l'aventure de la revue Orbit, réputée pour ses textes hors normes (R. A. Lafferty en était l'un des fidèles habitués...) Elle a remporté le prix Hugo pour Hier les oiseaux, un roman teinté de préoccupations écologiques et qui aborde le thème du clonage. À l'origine des ateliers d’écriture de l'université de Clarion (Pennsylvanie), elle a également obtenu un prix Hugo pour un ouvrage sur la technique littéraire. Depuis les années quatre-vingt-dix, Kate Wilhelm a pris ses distances d’avec la science-fiction pour s’adonner à l’écriture de romans d’enquêtes policières dans un genre typiquement américain, le courtroom drama, que l’on pourrait s'amuser à traduire par « plaidoirie-fiction »… Un grand nombre de ses nouvelles de science-fiction sont disponibles en français dans la défunte collection Présence du futur, et assez faciles à dénicher pour peu que l'on se donne la peine de fréquenter les bouquineries...
Des histoires qui se poursuivent dans les marges...
Parmi les nouvelles les plus remarquables, "Symbiose" et "La rencontre" fonctionnent sur un mode particulièrement hitchcockien, insidieuses jusqu'à l’effroi. Quant à l’histoire qui donne son titre au recueil, elle reste aussi obscure qu’un songe particulièrement difficile à interpréter, ce qui constitue une définition tout à fait appropriée puisqu’elle concerne la nature des rêves de la population d’un village, et les franges de la réalité. Le style de Kate Wilhelm fait merveille pour ce type de récits en clair-obscur, et le lecteur devra faire un effort pour repérer et interpréter certains détails qui ne sont parfois compréhensibles qu’à condition d’imaginer ce qui se passe en dehors du récit ! Lorsque ses textes peuvent être clairement identifiés à de la science-fiction, celle-ci ne semble pourtant pas en constituer le motif principal et ne reste présente que sous la forme d'un décor, un peu à l’arrière-plan. Qu’il s’agisse de la décision de Mrs Bagley, une femme ordinaire qui prend la résolution d'aller voir si l'herbe est plus verte sur la planète Mars, ou de l’exploration d’un monde susceptible d’être colonisé, dans "Une histoire de planète", ce sont les ressorts intimes de l’âme humaine qui sont décrits, avec une grande subtilité.
Souvenirs, inconscient, psychoses : notre perception devient floue et la mort rôde…
Il est parfois délicat d’avoir des certitudes lorsqu’il s’agit de définir le genre auquel appartiennent les nouvelles de Kate Wilhelm, avec son talent pour laisser flotter ses lecteurs dans les eaux troubles qui font office de frontière entre fantastique et science-fiction. Habile dans les deux genres qu’elle confond parfois avec une grande finesse, elle ne peut qu’attirer les explorateurs des mystères de la psyché. Même si les sciences humaines ne sont pas totalement absentes de la science-fiction, il faut bien reconnaître que dès qu’il s’agit de psychologie, le fantastique se taille la part du lion. Les occasions de lire de bonnes histoires sur des bases plus évidemment scientifiques et technologiques sont pourtant de plus en plus nombreuses, peut-être depuis l’avènement des réalités virtuelles, l’utilisation de nouveaux dispositifs exploratoires comme l’IRM fonctionnelle, et l’engouement récent de la recherche sur les mécanismes et la cartographie du cerveau. Et il suffit de lire la récente novella de Nancy Kress, Le Nexus du docteur Erdmann, pour achever d’être convaincu de l’intérêt d’une approche moins surnaturelle de certains phénomènes psychiques. Les récits de Kate Wilhelm, qui datent tout de même d’une quarantaine d’années pour la plupart d'entre eux, se situent bien souvent entre ces deux modes. Reine du non-dit et de l’allusion subtile, l’auteure demande un réel investissement de la part de ses lecteurs et peut donc éventuellement frustrer les amateurs de clarté. En revanche, pour les amoureux de la pénombre littéraire et de la beauté des mystères artistiquement inachevés, Quand Sommerset rêvait est une expérience à lire.
Des histoires qui se poursuivent dans les marges...
Parmi les nouvelles les plus remarquables, "Symbiose" et "La rencontre" fonctionnent sur un mode particulièrement hitchcockien, insidieuses jusqu'à l’effroi. Quant à l’histoire qui donne son titre au recueil, elle reste aussi obscure qu’un songe particulièrement difficile à interpréter, ce qui constitue une définition tout à fait appropriée puisqu’elle concerne la nature des rêves de la population d’un village, et les franges de la réalité. Le style de Kate Wilhelm fait merveille pour ce type de récits en clair-obscur, et le lecteur devra faire un effort pour repérer et interpréter certains détails qui ne sont parfois compréhensibles qu’à condition d’imaginer ce qui se passe en dehors du récit ! Lorsque ses textes peuvent être clairement identifiés à de la science-fiction, celle-ci ne semble pourtant pas en constituer le motif principal et ne reste présente que sous la forme d'un décor, un peu à l’arrière-plan. Qu’il s’agisse de la décision de Mrs Bagley, une femme ordinaire qui prend la résolution d'aller voir si l'herbe est plus verte sur la planète Mars, ou de l’exploration d’un monde susceptible d’être colonisé, dans "Une histoire de planète", ce sont les ressorts intimes de l’âme humaine qui sont décrits, avec une grande subtilité.
Souvenirs, inconscient, psychoses : notre perception devient floue et la mort rôde…
Il est parfois délicat d’avoir des certitudes lorsqu’il s’agit de définir le genre auquel appartiennent les nouvelles de Kate Wilhelm, avec son talent pour laisser flotter ses lecteurs dans les eaux troubles qui font office de frontière entre fantastique et science-fiction. Habile dans les deux genres qu’elle confond parfois avec une grande finesse, elle ne peut qu’attirer les explorateurs des mystères de la psyché. Même si les sciences humaines ne sont pas totalement absentes de la science-fiction, il faut bien reconnaître que dès qu’il s’agit de psychologie, le fantastique se taille la part du lion. Les occasions de lire de bonnes histoires sur des bases plus évidemment scientifiques et technologiques sont pourtant de plus en plus nombreuses, peut-être depuis l’avènement des réalités virtuelles, l’utilisation de nouveaux dispositifs exploratoires comme l’IRM fonctionnelle, et l’engouement récent de la recherche sur les mécanismes et la cartographie du cerveau. Et il suffit de lire la récente novella de Nancy Kress, Le Nexus du docteur Erdmann, pour achever d’être convaincu de l’intérêt d’une approche moins surnaturelle de certains phénomènes psychiques. Les récits de Kate Wilhelm, qui datent tout de même d’une quarantaine d’années pour la plupart d'entre eux, se situent bien souvent entre ces deux modes. Reine du non-dit et de l’allusion subtile, l’auteure demande un réel investissement de la part de ses lecteurs et peut donc éventuellement frustrer les amateurs de clarté. En revanche, pour les amoureux de la pénombre littéraire et de la beauté des mystères artistiquement inachevés, Quand Sommerset rêvait est une expérience à lire.
