Décidément, la collection Lunes d’Encre de Denoël aime nous surprendre. Après avoir rappelé à notre bon souvenir des gens comme Peter S.Beagle, Robert Charles Wilson ou Christopher Priest, voilà qu’elle nous ressort de son placard magique James Blaybock, connu en son temps par des ouvrages comme le Vaisseau Elfique (éditions J’ai Lu ?). Pour son nouveau roman, Sonne le Glas de la Terre, Blaybock a décidé de se pencher sur une étrange affaire fantastique dans le Comté d’Orange, aux EtatsUnis.

La vie y est plutôt tranquille pour Walt et sa femme Ivy. Lui essaie de monter son entreprise dans son garage pendant qu’elle travaille pour une agence immobilière. Leur seul véritable désaccord est l’obsession d’Ivy pour la maternité. Walt n’est pas franchement enthousiaste. Il ne se sent pas prêt et invente toutes les excuses possibles pour retarder la décision, ce qui bien sûr énerve au plus au point sa femme qui trouve son horloge biologique interne de plus en plus insistante. Un couple normal quoi… Ils ne se doutent alors pas que leur vie va s’accélérer brutalement.

Un coli bien étrange...

Un peu avant les fêtes, Walt reçoit chez lui par la grâce d’une erreur de la poste un drôle de paquet destiné au départ à une de ses connaissances qu’il ne porte pas dans son cœur. Cet obscur personnage était à la fois son ami et son ancien associé. Mais une crasse professionnelle additionnée à une drague éhontée de sa femme ont fait changé la nature des sentiments de Walt à son encontre. Plusieurs années plus tard, il a la rancune assez tenace pour ouvrir son colis et se servir tranquillement. Ce qu’il y trouve est tout simplement étonnant. Il semble que son vieil ami ait sombré dans un ésotérisme assez bizarre. Le paquet ne contient que des produits venus de Chine et censés apporter le bonheur ou éloigner les démons.

Parmi eux, un oiseau bleu reposant mort dans une solution de gin et un bocal rempli selon son étiquette de graisse humaine. Qu’est-ce que tout cela veut-il bien dire ? Walt aimerait bien le savoir, d’autant plus qu’un homme, persuadé être possédé par le démon, vient de mourir quelques jours plus tôt. Après avoir décroché l’une des cloches de l’Eglise, puis molesté le pasteur, il avait fini sa triste nuit en brûlant comme une torche dans une petite rue. Y a-t-il un lien entre les deux affaires ? Que se passe-t-il vraiment la nuit dans le Comté ? Walt aura fort à faire pour découvrir toute la vérité.

Un livre atypique

Sonne le glas de la Terre est un livre atypique. Il est un peu au fantastique ce que Fugues de Shiner est au voyage dans le temps, c’est à dire un roman un peu à part jouant surtout sur l’ambiance et laissant planer le mystère. Ici, Blaylock prend son temps, s’attardant sur les petits problèmes quotidiens de ses héros. Sans être véritablement primordiaux, ils constituent de petites histoires dans l’histoire qui donnent une dimension supplémentaire à l’intrigue et y contribuent. Muni de passages véritablement passionnants, Sonne le glas de la Terre est un très bon roman qui se dévore facilement. Bref, une bonne pioche en ce début d’année.