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Sunlight

Christophe Bec (Scénariste), Bernard Khattou (Dessinateur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 29/10/2014  -  bd
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Sunlight

Décidément, Christophe Bec est un incontournable du paysage actuel de la bande dessinée. Avec la sortie dernièrement des nouveaux tomes Deepwater Prison, Sibéria 56, Carthago, L’aéropostale, et maintenant Sunlight, il est de difficile de passer à côté de cet artiste éclectique.  Après un passage par l’illustration, notamment dans l’excellent Sanctuaire, il décide de s’orienter aussi vers le scénario pour nous servir des histoires de son cru.

Dans Sunlight, Bec s’associe avec Bernard Khattou. Ce dernier a publié initialement sous un autre pseudonyme : Katou. Il a déjà réalisé Portrait de femmes avec tueur, ainsi que Le Syndrome de Munchaüsen. Il adapte aussi un roman de Tony Hillerman avec Là où dansent les morts. C'est sous un autre pseudonyme, Frisco, qu'il publiera des BD plus réalistes comme Elysée République, ainsi que les tomes 5 et 6 de L’Agence.

Au fond du gouffre ?

Trois amis, Caro, Kévin et Emma, se retrouvent bloqués au fond d’un puits de mine. Alors qu’ils avaient prévu de faire une journée de plongée spéléo dans un coin reculé et désaffecté (et c’est là que c’est excitant !), la virée entre potes tourne mal quand le sol s’effondre et qu’ils atterrissent quarante mètres plus bas.

La situation est d’autant plus délicate que Kévin est blessé, Emma malade, et que les conditions de survie sont difficiles : froid, pluie, obscurité et odeurs désagréables. Si seulement ils avaient dit à quelqu’un où ils voulaient aller…

Très vite, la survie étant difficile, les esprits s’échauffent et une question se pose : qu’y a-t-il après la mort ?

Huis clos.

Ce titre est le premier de la nouvelle collection de Glénat : Flesh & Bones. On s’éloigne de la BD franco-belge, tant par le format (un 16 par 24 ici), que par le noir et blanc, la couverture souple et le papier rêche. Sans oublier un élément important, et déterminant d’une certaine manière : la pagination... car on est bien loin du format en 48 pages ! on s’attaque à une BD en 168 pages, histoire complète qui plus est. Cette nouvelle collection, bien loin des canons franco-belges et plus proche du format comics, annonce clairement la couleur d’entrée de jeu, et c’est prometteur.

Au niveau du scénario, Bec nous entraîne dans une aventure viscérale, angoissante et sombre. La scène d’ouverture, une défibrillation sur un des protagonistes, annonce d’emblée la situation gravissime qui s’est installée. Ce huis clos, se passant au fond d’un puits de mine dont les ramifications sont toutes écroulées, mènera le lecteur à se poser des questions existentielles. La survie dans ce milieu quelque peu hostile transformera lentement nos héros, jusqu’à les entrainer aux prémices de la peur et de la folie, où la limite entre réalité et l’illusion se fait mince.

Les rebondissements multiples et les dialogues percutants, parfois teintés d’humour, donne du punch à l’ensemble, et permet au lecteur de ne pas s’ennuyer une seconde. Le talent de Bec s’exprime efficacement jusque dans les dernières pages, et prendra à chacun à revers pour notre plus grand plaisir. Comme souvent, il laisse son lecteur actif de sa lecture, et lui permet d'interpréter certains éléments comme bon lui semble...

Au dessin, Khattou donne aussi une note sombre et oppressante. Les décors sont convaincants, et plongent eux aussi le lecteur dans ce puits parfaitement angoissant. Les visages sont très expressifs et servent toujours les dialogues. On y retrouve parfois une certaine maladresse qui n’est pas désagréable, et qui s’associe bien avec la tension dramatique et sinistre. Le choix du noir et blanc se justifie parfaitement, et participe à l’ambiance pesante générale. On relèvera tout de même quelques facilités, à la fois scénaristique avec certains stéréotypes simplistes, qu’au dessin, sans que cela entache la qualité de l’ensemble. 

C’est une belle ouverture pour cette nouvelle collection de chez Glénat. On retrouve tout le savoir-faire et la maitrise de Christophe Bec, associée à un dessinateur de talent, Bernard Khattou.

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