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The Circle

Langue d'origine : Autres
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 14/04/2016  -  livre
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The Circle

La scénariste suédoise Sara B. Elfgren et l’auteur et journaliste Mats Strandberg publient Le cercle des jeunes élues (Cirkeln) en 2011. Premier roman pour elle, quatrième pour lui, ce tome d’ouverture est traduit en vingt et une langues, récompensé du prix Bokbloggarnas litteraturpris décerné par des bloggeurs suédois et du Prix d’Août dans la catégorie littérature jeunesse en 2011.
 
Avec les deux préquelles Eld et Nyckeln, le tome forme la trilogie d’Engelsfors. En 2015, il fait l’objet d’une adaptation cinématographique menée par le réalisateur suédois Levan Akin. Sara B. Elfgren s’est naturellement proposée pour être la scénariste du film. 

Un lycée mortifère
 
Dans le lycée d’Engelsfors, en Suède, six adolescentes qui n’avaient rien en commun vont devoir former un groupe des plus unis pour combattre la force maléfique qui se terre dans leur lycée. C’est lors d’une nuit de pleine lune qu’elles comprennent d’où viennent leurs récents pouvoirs : ce sont les élues d’une prophétie qu’elles ne découvrent que lorsque le mal a déjà frappé un membre de leur cercle.
 
Elles devaient être sept, mais dès leur formation, elles ne sont que six. Et bientôt moins, si elles écoutent la voix qui s’insinue dans leur esprit et leur fait miroiter la mort comme une perspective de vie meilleure. Dans leur combat, Minoo, Linnéa, Vanessa, Anna-Karin, Ida et Rebecka ne seront pas seules, mais l’aide qu’elles sollicitent n’est pas toujours à la hauteur de leurs espérances. Inexpérimentées face à un ennemi qui n’hésite pas à les faire disparaître, elles devront s’unir malgré les différences qui les opposent et les lourdes pertes qui manquent de les faire céder. Elles ne doivent simplement pas oublier que le danger est enraciné dans le lycée et surtout, que la réponse est dans le cercle. 
 
Un sujet rebattu mais quelques qualités
La quatrième de couverture a des allures de déjà-lu : un lycée, des adolescents aux pouvoirs surnaturels, une prophétie, un mal à combattre constituent les thèmes de livres pour collégiens, lycéens, jeunes adultes, de films et de séries, que l’on trouve à foison. Ce sont des thèmes faciles mais attrayants pour qui aime la magie et l’aventure. Il est très difficile, mais pas impossible, de se démarquer avec un tel sujet. Si The Circle a su trouver le succès, recevoir quelques prix et se frayer un chemin jusqu’aux salles de cinéma, le roman, comme le film, ne sont à mon avis pas mémorables. Pour autant, le livre se laisse lire.
 
Le roman est rythmé par les différents points de vue des héroïnes, ce qui conduit à une présentation un peu fastidieuse, mais les noms et la situation des protagonistes sont vite mémorisés. L’atout du roman repose essentiellement sur le traitement des personnages et la gestion du suspense (qui est toutefois déçu par une fin très facile). Le style n’est en effet pas recherché, les phrases sont simples et brèves, mais la lecture est fluide et le présent de narration n’est pas gênant. La psychologie des personnages, révélée par leurs pensées que l’on suit d’assez près, constitue le pilier de ce roman à peu d’action. Elle n’est malheureusement pas très développée, les héroïnes ne sortant pas grandement des stéréotypes, mais elle a le mérite de rythmer l’histoire avec les doutes et les problèmes personnels des héroïnes. Sur le plan dramatique, des longueurs et des avancées en trompe-l’œil sont à déplorer. L’alternance entre les différents points de vue est la bienvenue, car aucune héroïne n’est assez complexe ni assez charismatique pour pouvoir être suivie le long des six cents pages. Cette technique aurait pu ne pas fonctionner, mais les auteurs réussissent le pari de faire aimer leurs héroïnes (ou du moins à les rendre supportables).
 
Le suspense constitue l’autre point fort du roman, l’ennemi qui les menace parvenant parfois à les vaincre, ce qui fait craindre (ou espérer) la mort d’une prochaine victime. Cependant, l’intrigue est réduite à son schéma minimal : un ennemi, des élues, quelques attaques à distance, ce qui fait reposer le suspense sur une corde grossière : l’identification du coupable. Cette motivation fonctionne à tous les coups mais elle ne suffit pas à créer une intrigue exaltante et certainement pas unique. Seuls les (trop rares) triomphes du mal piquent la curiosité du lecteur. Même si l’ombre de Game of Thrones plane sur toutes les consciences, il n’est pas encore tout à fait courant de voir disparaître un personnage focal en plein milieu d’un livre. Le problème, c’est que l’originalité est si rare dans The Circle qu’il est tentant de poursuivre la lecture rien que pour assister à la suppression possible d’une héroïne. 
 
Une immersion limitée
 
Outre ces petits ratés, le livre pâtit malheureusement de gros défauts difficilement pardonnables malgré la meilleure bonté du monde. Le manque de précisions sur le décor est l’un des plus handicapants pour l’immersion : le lycée est très peu décrit, l’environnement n’est pas assez exploité. Les descriptions, les vraies (pas simplement une ou deux lignes que l’on oublie tout de suite), sont trop rares. Le modèle du scénario n’est pas très loin, avec peu de détails environnementaux. En un sens, le livre était fait pour être adapté en film, pour que soit réglée la question de la visualisation des décors. Si ce n’était « que » cela, passe encore, mais les conversations sur des réflexions générales ou sur l’expérience personnelle des héroïnes, les scènes amusantes, l’univers culturel de la ville, tout ce qui pourrait ajouter de la richesse au roman manquent.
 
Les interactions entre les personnages ont donc tendance à se limiter au seul sujet de l’histoire : leurs problèmes, leurs (petits) ami(e)s, l’ennemi commun. À cela s’ajoute une gestion du temps narratif perturbante : des longueurs (peu d’action…) et des raccourcis soudains (des explications expéditives, un ennemi aux motivations très peu travaillées…). Mais le pire provient du traitement du thème de la magie. Très embêtant, pour un livre parlant de sorcières et de forces démoniaques. Sur ce point, le roman manque cruellement de détails et d’explications : les héroïnes exploitent peu leurs pouvoirs, leurs talents en eux-mêmes ne sont pas réellement décrits, leurs recherches sont très simplistes et les étapes sont rarement décrites (le résultat est souvent offert, les débats étant beaucoup trop faciles). Sans compter que les scènes relatives au surnaturel sont très brèves et grossières, tournant malgré elles au ridicule, et s’assimilant finalement à une parodie d’univers fantastique. En un mot, la magie ne prend pas avec le lecteur. Il est d’ailleurs significatif que les deux personnages les plus maladroits et les plus inutiles soient les deux seuls à s’y connaître (un peu) en magie.
 
Il ne faudrait pourtant pas tirer un gros trait sur le roman, qui parvient tout de même à sensibiliser le lecteur à des problèmes familiaux et existentiels, à la personnalité des personnages. Les héroïnes restent avant tout humaines. Il n’est pas rare que l’on se demande quelle aurait été notre réaction dans de telles circonstances (par exemple, une violente dispute familiale) ni que l’on éprouve de l’empathie pour un personnage réprouvé, ce qui n’est pas donné à tous les livres. 
 
L’adaptation cinématographique
 
Un mot sur le film, qui divise beaucoup les spectateurs. Il est décrit tantôt comme un pur navet, tantôt comme certes lent, mais loin des blockbusters américains dans son traitement de l’action. Le jeu des acteurs est perfectible, sans être pour autant mauvais. Visuellement, au moins, ils se sont parfaitement fondus dans le moule des personnages. L’un des atouts majeurs : les décors prennent enfin vie et la musique est agréable. Cependant, la fin, rapide, n’est pas très réussie, avec un adversaire peu charismatique et encore moins crédible que dans le livre. Le réalisateur a fait le choix de l’interprétation visuelle, ce qui n’est pas forcément une mauvaise idée : les pensées des personnages et les susurres de l’ennemi ne sont pas retranscrits à travers une voix off. Cependant, cela suppose que les phénomènes magiques se déroulent en silence, conséquence qui les met en retrait alors qu’ils étaient déjà manquants dans la version papier. D’une façon plus générale, le film est très fidèle au livre, notamment grâce à l’investissement personnel d’un des auteurs, la scénariste Sara B. Elfgren. Lire l’un ou voir l’autre constitue une expérience assez semblable, mais le livre reste bien sûr plus profond grâce à ses détails et au suivi des pensées des héroïnes.  

Une histoire qui se laisse lire
 
Pour résumer, The Circle a peu de cartes en main pour être original et les seules qu’il possède sont insuffisamment exploitées. Le fait d’insérer dans un cercle d’élues des personnages parfois totalement opposés n’est pas une mauvaise idée, à condition de l’assumer jusqu’au bout : plus de disputes, plus de conversations frappantes auraient été la bienvenue. De même, des discussions plus intéressantes, par exemple intellectuelles, ou davantage d’anecdotes tirées de l’expérience des personnages, auraient permis de donner plus de relief l’histoire. Vous l’aurez compris, la lecture de The Circle est loin d’être indispensable, surtout si vous aimez les livres empreints d’un univers magique, au risque d’être déçus face au traitement de ce thème.
 
Le roman peut toutefois être envisagé comme une distraction de passage car il se laisse parcourir de bout en bout. Pour ma part, ce n’est pas avec grand enthousiasme que je lirai le second tome, sauf à trouver consolation dans la mort possible d’un protagoniste, pour rompre l'ennui...  

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