Talentueux et productif
Serge Brussolo (1951) est un auteur à la production prolifique depuis plus de trente ans, dont les ouvrages de science-fiction et les romans policiers ont trouvé un large public. Il a également reçu plusieurs prix, dont le Grand prix de l'imaginaire pour "Vue en coupe d'une ville malade" et "Funnyway", deux textes repris dans ce recueil, qui en comprend quatorze en tout, datant pour la plupart des débuts de l'auteur (1980-1981).
Quatorze nouvelles noires...
Inutile de chercher une raison d'espérer dans les textes qui composent ce recueil, dont certains en symbolisent parfaitement le ton.
Dans "Vue en coupe d'une ville malade", les ordinateurs domestiques sont devenus fous. Ils ont pris les maisons en otage et les transforment en enfer pour leurs habitants au gré de leurs programmes délirants. Certains habitants luttent encore, mais la plupart ont baissé les bras.
L'un des textes le plus complet parmi ceux présentés, est l'étrange "La mouche et l'araignée". Il raconte le sort d'un homme relié à la vie par un cordon ombilical dans un immense complexe vide, ou presque. Un récit étonnant, et percutant par son final.
Georges et Elsy sont les héros de plusieurs récits, dont l'un rapporte l'exploration d'un étrange musée, aussi immense que vide. L'issue est originale, mais le mystère sur le musée demeure. Les autres récits des deux protagonistes sont moins aboutis.
"… de l'érèbe et de la nuit" est une histoire débutant avec une héroïne dont l'objectif est de dormir, assaillie qu’elle est par les mouches. Un texte agréable qui évolue vers une issue inattendue.
Le corps est une cage pourrissante
Plusieurs des textes présentés (dont "Vue en coupe d'une ville malade", "… de l'érèbe et de la nuit)" développent le thème du corps qui dégénère, ou qui devient insensible, enfermant l'esprit, ou l'âme, dans une cage terrifiante puisqu'il est impossible de s'en échapper... sauf à travers la mort.
L'errance est un autre sujet omniprésent du recueil, avec des personnages qui avancent, marchent ou pédalent sans but, qui vivent sans raison, et meurent de la même façon.
Des récits sombres, pour lesquels Serge Brussolo utilise à plusieurs reprises le même procédé, présentant un récit fantastique original et démesuré, qui s'explique finalement de façon rationnelle, notamment par la folie.
L'accumulation de textes assez répétitifs dans leurs structures, ou leurs contenus, peut finir par lasser. Mieux vaut donc lire ce recueil par morceau.