Thomas Mosdi se dit curieux de tout. Créateur de jeux de rôles et musicien, il est aussi scénariste de BD depuis 1991. Marqué par la lecture d’un livre au sujet d’une jeune femme possédant 17 personnalités distinctes (Sybil de Flora Retha Schreiber), il imagine un héros à personnalités multiples: Cliff.

Il s’allie pour cet album au dessinateur Winoc Devos formé à l’institut Saint Luc de Bruxelles et dont c’est le cinquième album après trois histoires policières régionales Les Pierres du Nord et une biographie de l’égyptologue A. Mariette.

Un héros schizophrène

Cliff Turner est un jeune Américain gentil, intelligent, somme toute assez banal au détail près qu’il partage son corps avec 12 autres personnalités qui se connaissent entre elles et dont il ignore tout. Parfois psychopathe, parfois extralucide, sa particularité vaut à Cliff d’être un atout inestimable mais dangereux pour le FBI qui ne fait appel à lui qu’en dernier recours sur certaines enquêtes. Car Cliff est incontrôlable et doit être gardé sous surveillance permanente.
Lorsqu’un mystérieux serial killer enchaîne les meurtres à travers tous les Etats-Unis, les agents Horn et Spears ne voient que Cliff pour les sortir de l’impasse. Accompagné de son psychiatre et ami le docteur Jorgensen, il se lance alors sur les traces du tueur.

Un personnage fascinant...

L’intrigue de cet album est remarquablement bien orchestrée. On redoute tout autant le tueur pourchassé que l’arme à double tranchant que peut devenir Cliff. Grâce à une utilisation habile de flash-back, on découvre d’ailleurs en parallèle le passé de Cliff, l’inquiétant tueur en série et l’enquête du FBI. Les autres personnalités de Cliff ne se dévoilent qu’au compte goutte, on n’en dénombre que quatre pour le moment, ce qui contribue à un suspens croissant et laisse présager quelques surprises pour le second tome de ce cycle. Les autres personnages sont crédibles quoique moins inédits que Cliff : le couple d’enquêteurs aux méthodes atypiques, le gentil docteur… Le style réaliste de Winoc et les couleurs de Nadine Voillat servent efficacement l’atmosphère prenante à la fois de l’enquête et des retours dans le passé. Si l’on ajoute à cela les grands angles, les cadrages et découpages savamment utilisés, on obtient une histoire rythmée crescendo et captivante.