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Un rien de muscade

John Collier ( Auteur), Jean-Claude Claeys (Illustrateur de couverture), Marc Chadourne (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/09/1979  -  livre
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Un rien de muscade

John Collier, insatisfait par la carrière de poète qu'il avait tout d'abord envisagée, se convertit à la prose et écrivit un nombre considérable de nouvelles qui font figure de modèles du genre pour les anglo-saxons. Un recueil de celles-ci, Fancies and goodnights, eut même les honneurs d'un International Fantasy Award en 1952, devant Les triffides de John Wyndham et L'homme illustré de Ray Bradbury ! Sujet de Sa Gracieuse Majesté, John Collier émigra à Hollywood au milieu des années trente et y participa à l'élaboration de nombreux scénarios, dont celui d'African queen avec Humphrey Bogart. On lui doit également le scénario de plusieurs épisodes de la fameuse série TV des années cinquante Alfred Hitchcock présente ainsi que l'idée originale de La petite boutique des horreurs, un film tiré d'une histoire que de vieux veinards ont pu lire dans un numéro de Fiction des années cinquante sous le titre de Vertes pensées. Un rien de muscade, seul recueil de l'auteur traduit en français, rassemble quelques-unes de ses meilleures histoires.
 
Plus dure sera la chute
 
Si la majeure partie des nouvelles d'Un rien de muscade appartiennent plutôt aux genres proches du thriller et de l'angoisse, d'autres relèvent indiscutablement du domaine fantastique. Sa nouvelle la plus célèbre, Primevère du soir, se déroule dans l'atmosphère étrange et anxiogène des grands magasins après l'heure de la fermeture. Dans d'autres récits, on s'étonne de voir la magie orientale à l'œuvre dans une histoire basée sur le fameux tour de la corde indienne. Un sorcier parviendra peut-être ensuite à vous convaincre d'acheter un philtre d'amour ou d'autres potions bien utiles. Quant au Diable, il prouvera son existence à maintes reprises en tendant ses pièges les plus infernaux afin de s'approprier les âmes des lecteurs qui ne lui auraient pas déjà cédé la leur...
 
Un authentique magicien des mots
 
La nouvelle à chute est l'un des arts majeurs de la science-fiction et du fantastique et nombreux sont les auteurs qui ont bâti une grande part de leur réputation sur sa maîtrise. Et pourtant, si nous connaissons bien certains d'entre eux, comme Fredric Brown, Robert Sheckley ou Richard Matheson, John Collier reste en France un nom confiné à un petit cercle d'initiés. Comme le prouvent presque toutes les histoires contenues dans Un rien de muscade, l'un des traits les plus remarquables de ce type de texte est sa propension à l'humour noir. La chute finale consiste bien souvent en un retournement de situation qui fait du personnage principal une victime de ses propres manigances. Dès le premier paragraphe, et parfois dès la lecture du titre, le lecteur jubile en anticipant la conclusion du récit. Il s'agit d'une expérience de lecture qui possède énormément de points communs avec le plaisir que l'on prend à regarder un tour de prestidigitation. Les histoires de John Collier sont autant de tours de passe-passe devant lesquels le lecteur ne peut que rester pantois d'admiration. On se doute bien qu'il y a un truc mais qu'importe, le plus important est de constater avec émerveillement que le lapin qui sort du chapeau se transforme en un foulard de soie duquel s'envole une colombe que l'on croyait pourtant avoir été sciée en deux par la dame de cœur d'un paquet de cartes à jouer... Et lorsqu'on se lève après avoir tourné la dernière page du livre, c'est moins pour aller le ranger sur l'étagère d'honneur que pour saluer l'artiste.

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