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Vuzz

Philippe Druillet (Dessinateur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/11/2016  -  bd
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Vuzz

Drôle de parcours que celui de Philippe Druillet, graphiste génial (le qualificatif n’est pas exagéré) et tourmenté. Après une enfance ballotée entre France et Espagne, Druillet, qui griffonne des cahiers, découvre Lovecraft ce qui l’oriente définitivement vers la science-fiction. Après un premier album de son héros fétiche Lone Sloane chez Losfeld, il atterrit chez Pilote, revue phare de la bande dessinée de l’époque (on y retrouve Goscinny, Gotlieb, Giraud/Moebius, Mezières, bref les meilleurs). Il y continue les aventures de Lone Sloane tout en dessinant des couvertures pour les éditions Opta.

En 1974, il cofonde Métal Hurlant en compagnie de Giraud et Jean-Pierre Dionnet mais son œuvre majeure de ces années-là est La nuit : il y mélange une fiction apocalyptique avec la maladie et la mort de sa femme Nicole. En 1980, Druillet livre un de ses grands chefs d’œuvre en mariant Lone Sloane et Flaubert dans le superbe Salammbô. Le talent de Druillet lui permet également de réaliser des clips (Excalibur de William Sheller) ou de participer à une nouvelle adaptation télévisée des Rois maudits de Maurice Druon en 2005. Les éditions Glénat nous proposent ici une édition intégrale des aventures de Vuzz, anti-héros iconoclaste des années 70 créé par Druillet.

Un homme ? Une bête ? Un survivant ? Un suicidaire ?

Un homme dans le désert se retrouve agressé par des créatures monstrueuses qu’il tue à coup de haches. Il arrive ensuite dans un village où les habitants veulent le tuer en criant « Vuzz », mot qu’il adopte ensuite comme prénom.

Vuzz est un guerrier, sans foi ni loi, qui parcourt la Terre pour tuer, piller et forniquer comme bon lui semble. Il tuera même un magicien homosexuel amoureux de lui.  Vuzz voyage, jusqu’à se poser une question essentielle : cette vie a-t-elle un sens ?

Un témoignage sur la bande dessinée des années soixante-dix

D’après la préface de Philippe Druillet, Vuzz a commencé à être publié dans la revue Comics en 1971 (ça ne nous rajeunit pas). Sans conteste, on reconnait la marque des années soixante-dix : libération sexuelle, violence, remise en cause des tabous, nihilisme… Le personnage de Vuzz, peu sympathique et susceptible de susciter chez le lecteur une envie de s’identifier à lui (quoique tout est possible !) est un enfant de ces années-là. On comprend aussi la volonté humoristique, voire ironique de l’auteur dans ces courtes historiettes aujourd’hui rassemblées dans ce volume.

Pourquoi alors un sentiment d’ennui devant l’album ? En 2016, après tant de bandes dessinées cultivant cette recette de distanciation humoristique matinée d’ultra-violence (citons Les chroniques de la lune noire), Vuzz tombe un peu à plat, comme un précurseur mal dégrossi. De plus, cet album, marqué par le dépouillement des décors et le choix d’un noir et blanc austère, est très loin des chefs d’œuvre baroques et foisonnant de Druillet (Salammbô est indépassable). Vuzz plaira aux iconoclastes et aux nostalgiques. Pour les autres, on conseillera l’intégrale de Lone Sloane pour apprécier l’art de Philippe Druillet.

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