Alan Spade, né à Quito en Équateur, a parcouru une partie du monde dans sa jeunesse avant que sa famille ne vienne se fixer en France. Ce parcours lui a donné une vision plus large de l'humanité, plus mondiale, qu'il revendique. Il est l'auteur d'un recueil de nouvelles, paru en auto-édition sous le titre Espace et Spasmes puis sous son nom de plume sous le titre Les Explorateurs.
Voyage initiatique
Pelmen est un jeune heleven, du peuple du vent, tanneur comme son père. Mais il a des désirs secrets, des envies d'évasion avec la belle Alicène qu'il aime malgré leur différence de situation. S'opposant à son père, il finit par fuir pour rejoindre son aimée. Mais sa route croise d'étranges et dangereux personnages qui vont le tenter, le mettre à l'épreuve.
S'il réussit à ne pas tomber sous leur charme, il en reste marqué et son destin s'en trouve tracé. Poussé par des événements dramatiques qui le dépassent, essayant chaque fois de faire de son mieux sans vraiment y parvenir, il se retrouve très vite en route vers l'inconnu, à la recherche du frère disparu d'Alicène.
Accompagné de son oncle et d'un étrange krongos, du peuple de la pierre, il traverse des plaines dangereuses, tente d'apprendre à devenir un adulte et un guerrier. Il sera en cela aidé par une jeune femme de sa race qu'il rencontre et qui lui fait imaginer d'autres futurs tout en l'initiant au combat et à la chasse.
Le chemin va toutefois l'entraîner encore plus loin, au-delà de la cité du peuple de l'eau - les malians - vers la faille d'où sort le feu qui corrompt. Vers son destin...
Rien de bien nouveau en apparence
Un jeune homme ignorant qui, pour l'amour d'une belle, se lance dans un périple qui pourrait l'amener à sauver le monde d'un ancien dieu maléfique... Résumé ainsi, ce cycle n'attire pas le lecteur qui a déjà lu dix fois cette histoire ou joué ce rôle dans un jeu. Mais ce serait méconnaître le talent et la volonté de l'auteur.
Tout d'abord, le texte est bien écrit, fluide sans être insipide, direct tout en restant évocateur et plein de belles images. Alan Spade a cette qualité de bien écrire, sans forfanterie, simplement, pour être compris. Et apprécié non pour ses pirouettes de style, mais pour la qualité de ce qu'il nous raconte.
Si profondément humain
En effet, l'important dans ce texte, pour une fois en fantasy, n'est pas l'aventure. Bien sûr, il y a des paysages merveilleux et dépaysants, des combats à l'arc, à l'épée, de l'amour chevaleresque, de la magie et des boules de feu qui volent, c'est la loi du genre. Mais il s'agit d'un décor, d'une mise en scène pour mieux nous faire comprendre le propos de l'auteur.
L'humain... Déjà, dans son recueil de nouvelles, Alan Spade dessinait des portraits d'hommes et de femmes, laissant leurs caractères ressortir au travers des drames qu'ils traversaient. Dans Le Souffle d'Aoles, il se sert du même artifice pour nous donner un aperçu de l'Homme, de l'Humain.
Étrangement - ou peut-être pas - il se sert de créatures non humaines pour illustrer son propos. Que ce soit le héros - qui dispose de trois narines et sait lire le monde dans les odeurs du vent - ou ses acolytes (un homme de pierre et une fille d'eau), chacun est autre, différent. Mais en même temps, il est clair qu'ils ne forment chacun qu'une partie d'un tout, comme les fragments d'un miroir brisé dans lequel se regarde le lecteur. Et le talent de l'auteur fait qu'il s'y reconnaît.
Un livre qui peut plaire à tout âge.